Deux illustres signataires de la pétition des femmes en faveur de la résidence alternée

Communiqué de presse de SOS PAPA

SOS PAPA

L’arrivée au Gouvernement de Marlène Schiappa suit de peu
la disparition d’Évelyne Sullerot, marraine de SOS PAPA.

Chers adhérents et sympathisants,

Ces deux femmes, ainsi que bien d’autres parfois également célèbres (Barbara Pompili, Clémentine Autain, etc.) avaient signé début 2014 la pétition lancée par Stéphanie Hain (Collectif des Femmes pour la Résidence Alternée), accompagnée d’une tribune dans Libération.

Le décès d’Évelyne Sullerot s’est produit en plein tumulte politique, peu avant le premier tour de l’élection présidentielle. Nous avons évidemment focalisé notre communication à grande échelle sur la position des candidats envers la cause de l’égalité parentale, et avions seulement placé une courte notice concernant cette disparition.

Le moment est donc venu de porter à votre connaissance ce message que notre fondateur, Michel Thizon, avait spécialement préparé à votre attention :

« Le décès de notre marraine, Évelyne Sullerot, est survenu le 31 mars 2017 à l’âge de 92 ans.

« Cette femme d’une rare intelligence, à l’immense humanité, féministe historique rationnelle et lucide, était sensible à la situation des pères séparés de leurs enfants

« Dans son œuvre majeure liée à cette cause, Quels pères ? Quels fils ? (Fayard, avril 1992), elle écrivait, p. 244 : “Tout se passe comme si la machinerie du divorce, mal fichue et mal intentionnée à l’égard des pères, avait pour but de durcir les conflits, d’aviver les rancunes, et, surtout, de rendre impossible toute conciliation des parents sur le sujet des enfants ainsi que tout exercice serein de la paternité. Voilà qui mérite d’être démonté et dénoncé…”

« Alors qu’elle était encore penchée sur la rédaction de ce livre, et que je venais de créer SOS PAPA, je l’avais rencontrée. Nos idées étaient très proches et nos échanges n’avaient jamais vraiment cessé depuis, jusqu’en ce début 2017.

« La finesse de jugement d’Évelyne Sullerot et l’acuité de son regard porté sur la société ont apporté beaucoup à l’analyse de ces douloureux problèmes et à la cause des enfants et des pères séparés.

« Elle acceptera avec enthousiasme de devenir marraine de l’association SOS PAPA en avril 2006.

« Elle écrivait à cette occasion : “Depuis le temps du Planning [familial], je n’avais pas changé, pas cessé de poursuivre le même but : défendre le trio père/mère/enfant(s), promouvoir la coparentalité même après les divorces, assurer le plein exercice de la double parentalité dans l’intérêt des enfants. Penser d’abord aux enfants, et aux conditions nécessaires à la cohésion sociale et à la transmission des valeurs.”

« Selon ses dernières volontés, Évelyne Sullerot a été inhumée auprès de son époux, dans l’Oise, dans la plus stricte intimité familiale. »

Jean Latizeau, Président de SOS PAPA


Biographie officielle d’Évelyne Sullerot (07/04/2010)

Fille d’André Hammel, d’abord pasteur de l’Église réformée, puis docteur en médecine, psychiatre, directeur de clinique, chevalier de la légion d’honneur, et de Georgette Roustain.

Tous deux très engagés religieusement, socialement et politiquement, le docteur et Mme Hammel, à titre posthume, ont reçu la médaille des Justes de Yad Vashem, pour avoir sauvé onze Juifs pendant la guerre.

Ils ont eu cinq enfants ; Évelyne était la troisième. Mme Hammel est morte à quarante-quatre ans, et, orpheline à dix-huit ans, Évelyne a dû s’occuper de ses frère et sœurs plus jeunes.

Pendant son année de philosophie, elle a été arrêtée puis jugée à Nîmes par la police de Vichy pour « propagande antinationale et propos hostiles au Chef de l’État » (Pétain).

Revenue en zone occupée, elle est alors entrée dans la résistance à l’OCMJ (Organisation civile et militaire des jeunes).

Entrée aux Sciences politiques (la plus jeune de l’École) en 1942, elle sera handicapée dans ses études par ses charges familiales et les engagements dans la résistance de sa famille et d’elle-même.

Mariée à François Sullerot, elle se trouve, à vingt-trois ans, élevant trois jeunes enfants, et s’occupant encore de son dernier frère.

À vingt-neuf ans, elle a un quatrième enfant.

Années ménage-cuisine-couture-enfants.

En 1955, elle propose à la gynécologue Marie-Andrée Well-Hallé de fonder une association de femmes pour promouvoir le « contrôle des naissances ». Ce sera la « Maternité heureuse », qui devint, deux ans plus tard le Mouvement français pour le planning familial. Marie-Andrée Well-Hallé, présidente, prend en charge les aspects médicaux ; Évelyne, secrétaire générale, les aspects psycho-sociologiques, sociologiques et démographiques.

Elle reprend ses études pour mieux faire face à ces fonctions et fait des enquêtes pour le Centre national de la recherche scientifique auprès des femmes. Elle découvre l’influence de la presse féminine (alors plus puissante qu’aujourd’hui et tout à fait décalée par rapport aux vrais problèmes des femmes), publie son premier livre, La presse féminine (1963), et passe sa thèse à l’Institut français de presse sur l’Histoire de la presse féminine (1964).

En 1965, son livre prémonitoire, Demain les femmes, est traduit en onze langues.

En 1967, elle fait à l’Université Paris X Nanterre le premier cours au monde sur les études consacrées aux femmes : de la génétique à la place des femmes dans la vie politique, en passant par la sociologie et le travail des femmes.

En 1968, elle publie Histoire et sociologie du travail féminin et la Communauté économique européenne lui demande le premier rapport sur « l’emploi des femmes et ses problèmes dans la CEE » qui sera à l’origine de la Directive européenne sur l’égalité de traitement entre hommes et femmes.

Internationalement reconnue comme expert, elle commence alors une série de missions pour le Bureau international du travail, les Nations Unies et l’UNESCO.

Elle publie, en plusieurs langues, La femme dans le monde moderne, qui met l’accent sur les handicaps spécifiques des femmes : mauvaise prise en compte des maternités et de la charge des enfants, mauvaise formation professionnelle initiale, etc. Mais le devant de la scène médiatique est occupé alors par le Mouvement de libération des femmes et autres mouvements issus de mai 1968 qui prétendent « libérer » les femmes par une sorte de révolution permanente contre l’oppression « sexiste ». Elle décide ne pas participer à cette ébullition féministe brouillonne qui, à son sens, n’avance pas la résolution des problèmes. Elle décide, d’une part, d’approfondir les connaissances fondamentales alors établies par les sciences biologiques et par les sciences sociales sur les femmes ; d’autre part de rechercher une action pratique de terrain pour rendre service à un public féminin défavorisé. Pour atteindre son premier objectif, elle entreprend avec Jacques Monod, prix Nobel, de réunir les meilleurs spécialistes du monde en génétique, biologie, médecine, anthropologie, psychologie, histoire et sociologie, capables de répondre, chacun dans sa discipline à la question : « Qu’est-ce qu’une femme ? » Le colloque a lieu en 1976 et elle en assure l’édition sous le titre Le Fait Féminin, préface d’André Lwoff, prix Nobel de médecine, qui obtint un très gros succès. Il est encore au programme de nombre d’universités.

Pour réaliser son deuxième but, en 1974, elle fonde « Retravailler » pour les femmes n’ayant jamais travaillé ou ayant dû interrompre leur vie professionnelle qui désirent revenir sur le marché de l’emploi à trente-cinq ans ou plus (environ un million et demi sont alors dans ce cas en France). Elle invente une méthode (une première mondiale en direction des adultes), permettant un bilan personnalisé des aptitudes et une orientation professionnelle appropriée au bassin d’emploi : elle recrute et entraîne des formatrices (qui enrichiront la méthode par l’expérimentation) et recherche des aides publiques (chiches). Le succès vient rapidement ; on voit se créer dans toute la France des centaines et des centaines de stages « Retravailler » ; près de 400 000 femmes les ont fréquentés durant les quinze années où elle fut présidente.

Elle essaima cette action dans plusieurs pays d’Europe, et aussi au Canada et au Japon.

En 1974, elle est nommée membre du Conseil économique et social, renouvelée en 1979 et en 1984. Durant ces quinze années, elle siégera à la section du travail et à celle des affaires sociales, et fera plusieurs rapports :

  • Problèmes posés par le travail et l’emploi des femmes
  • La situation démographique de la France et ses conséquences économiques et sociales
  • Les modes de garde des enfants de moins de six ans
  • Le statut matrimonial et ses conséquences juridiques, sociales et fiscales
  • Problèmes posés par la toxicomanie

Plusieurs des propositions formulées dans ces rapports ont abouti à des changements de législation, de réglementation ou de politique. L’Union Européenne lui demande un rapport sur « La diversification des choix professionnels des jeunes filles et des femmes » (1984) dans laquelle elle formule 80 « recommandations » dont 78 seront adoptées par le Conseil des Ministres des États membres. On lui confie la coordination des recherches et actions sur les choix d’études et les choix professionnels des jeunes filles et des femmes dans l’ensemble des neuf puis douze États membres. Elle poursuivra cette tâche jusqu’en 1992, faisant un rapport de synthèse par an et supervisant de nombreuses « actions positives » en faveur des femmes dans toute l’Europe.

En même temps que ces fonctions très officielles et ces actions sur le terrain, elle poursuit son œuvre d’écrivaine, parfois éloignée de ces sujets austères. Elle a ainsi publié :

  • une Histoire et mythologie de l’Amour : huit siècles d’écrits féminins, couronnée par l’Académie française ;
  • trois romans : L’amant, L’enveloppe, Alias, ce dernier réédité en « poche » en 1999 ;
  • ainsi que des essais plus particulièrement consacrés aux bouleversements observés dans les couples et les familles : Pour le meilleur et sans le pire, Quels pères ? Quels fils ?, consacré à la crise de la paternité (réédité en poche en 1995), Le Grand Remue-ménage. Crise de la famille et Diderot dans l’autobus, qui évoque les revendications « homo-parentales » et les conséquences des découvertes de la génétique sur la famille.

Elle est toujours très active dans le monde associatif : présidente, puis présidente d’honneur en 2000, de l’association Population et Avenir, vice-présidente des Associations familiales protestantes, vice-présidente de la Fédération nationale des associations de prévention de la toxicomanie.

Elle a été élue en 2000 membre correspondant de l’Académie des sciences morales et politiques. Elle est commandeur de l’Ordre de la légion d’honneur et commandeur de l’Ordre du mérite.

Carrière


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