Bioéthique : les enfants viennent-ils au monde pour « s’adapter » à nos désirs ?

Communiqué de presse des Juristes pour l’enfance

Juristes pour l’enfance

Aujourd’hui 7 juin commence l’examen du projet de loi bioéthique en troisième lecture.

Juristes pour l’enfance, association dévouée à la promotion des droits de l’enfant, invite solennellement les députés à protéger les enfants des désirs des adultes et des profit des marchands.

La généralisation de la procréation médicalement assistée satisfait les désirs d’enfants des uns, la recherche de profit des autres et les enfants issus de ces technologies sont supposés « s’adapter ».

La loi va-t-elle organiser la venue au monde d’enfants conçus en vue de « s’adapter » :

  • Aux désordres médicaux importants liés notamment à la fécondation in vitro (voir données ci-dessous) ?
  • Aux troubles de l’identité : comment ignorer les témoignages poignants de ces jeunes conçus de donneurs déjà décédés, de jeunes hantés par l’existence connue ou non de demi-frères et sœurs dans la nature, de jeunes amputés d’une part d’eux-mêmes ?
  • À la souffrance de la privation délibérée de leur père ? Une femme seule et un couple de femmes peuvent bien entendu aimer un enfant mais cet amour ne remplace pas le père effacé. Kianni Arroyo, vingt-trois ans, élevée par ses deux mamans, témoigne combien son père lui a manqué, alors qu’elle est par ailleurs satisfaite de son enfance : « J’avais l’habitude de faire des cartes de fête des pères pour mon donneur parce que je n’avais pas de père. Je n’ai jamais rien fait avec ces cartes. » Elle a depuis rencontré son donneur et « s’est rendu compte de tout ce qu’elle avait hérité de lui ». Elle s’est lancée dans la recherche de ses frères et sœurs et organise avec eux le mois prochain « une réunion de famille ».

Comment ignorer plus longtemps cette évidence que les liens du sang ne sont pas anodins et ne peuvent être écartés à la légère ?

La levée de l’anonymat du donneur à la majorité de l’enfant offrira sans doute des réponses à certains questionnements, mais combien y aura-t-il aussi de déceptions, de souffrances supplémentaires, de frustrations de plus ?

Le jeune voudra-t-il rencontrer le donneur ? Celui-ci sera-t-il disponible ? Le jeune voudra-t-il le remercier, lui crier sa douleur, lui demander de l’argent, de l’affection, un héritage, une filiation ?

Le Parlement va-t-il balayer ces souffrances en sommant ces jeunes de « s’adapter » encore ?

Le rôle de la loi n’est-il pas de rechercher la justice, la défense de celui qui ne peut se défendre lui-même, l’enfant qui n’est pas seulement « le produit de technologies scientifiques » mais un être humain à part entière et non seulement un être convié à la vie pour s’adapter aux désirs d’autrui ?

Il est encore possible de réorienter la loi vers la prudence, le principe de précaution qui interdit de faire peser sur les générations futures le poids de choix individualistes et égoïstes.

Il est encore temps de dire non à la loi de bioéthique.

Santé : risques pour l’enfant conçu par fécondation in vitro

Quelques chiffres :

  • Étude sur quatre millions d’enfants américains [1] :
    • Risque de malformation non chromosomique (comme anomalies cardiaques) : + 40 %
    • Risque d’autisme multiplié par deux
  • Étude suédoise : risque de mort avant le premier anniversaire : + 45 % [2].
  • Étude suédoise sur 2,5 millions d’enfants suédois : risque de développer un retard mental plus élevé de 18 % (et majoration avec l’utilisation de la technique ICSI qui consiste à injecter directement un seul spermatozoïde dans le cytoplasme de l’ovocyte) [3].
  • Étude danoise : cancers infantiles : risque 2,43 fois plus élevé [4].
  • Étude sur 500 000 grossesses australiennes : risque de malformation cardiaque multiplié par deux avec une fécondation in vitro, et par quatre quand la fécondation in vitro permet la naissance de jumeaux [5].
  • Procréation médicalement assistée avec tiers-donneur : augmentation du risque diabète de type 1 multiplié par sept, augmentation du risque de maladies thyroïdiennes, de bronchites aigües et d’apnée du sommeil multiplié par deux, incidence d’allergies : + 10 % [6].

Explications avancées par les scientifiques :

  • La manipulation mécanique des gamètes comme des embryons in vitro occasionnerait un stress cellulaire.
  • L’effraction des cellules nécessaires à la conception in vitro serait également en cause (en particulier avec la technique de l’ICSI).
  • Les traitements de fertilité administrés à la mère (en particulier dans les troubles épigénétiques).
  • S’y ajoute un environnement très différent de l’environnement naturel : gaz, lumière, mouvements, température, nutriments, sentiments… alors que tous ces aspects sont très importants au niveau épigénétique. Les désordres médicaux constatés seraient également liés à cette impossibilité de reproduire exactement l’environnement du corps humain.

Sources :

  1. « Key Findings: Use of assisted reproductive technology and risk of birth defects », Centers for Disease Control and Prévention, 24 mars 2018 ; « Key Findings: The association between assisted reproductive technology and autism spectrum disorder », Centers for Disease Control and Prévention, 12 décembre 2018.
  2. Rodriguez-Wallberg (Kenny A.), et alii, « Mortality from infancy to adolescence in singleton children conceived from assisted reproductive techniques versus naturally conceived singletons in Sweden », Fertility and Sterility, Vol. 113, nº 3, 1er mars 2020 (en ligne le 18 février 2020), pp. 524-532.
  3. Sandin (Sven), et alii, « Autism and Mental Retardation Among Offspring Born After In Vitro Fertilization », Journal of the American Medical Association, Vol. 310, nº 1, 3 juillet 2013, pp. 75-84.
  4. Hargreave (Marie), et alii, « Association Between Fertility Treatment and Cancer Risk in Children », Journal of the American Medical Association, Vol. 322, nº 22, 10 décembre 2019, pp. 2203-2210.
  5. Wen (Shi Wu), et alii, « Associations of Assisted Reproductive Technology and Twin Pregnancy With Risk of Congenital Heart Defects », Journal of the American Medical Association (Pediatrics), Vol. 174, nº 5, 24 février 2020, pp. 446-454.
  6. Adams (Damian H.), et alii, « Self-reported physical health status of donor sperm-conceived adults », Journal of Developmental Origins of Health and Disease, 28 août 2020.

Faire un don

Totalement indépendant, ne bénéficiant à ce jour d’aucune subvention publique et ne vivant que de la générosité privée, P@ternet a besoin du soutien de ses lecteurs pour continuer, et se développer. Si cette publication vous a intéressé, vous pouvez soutenir P@ternet grâce à un don ponctuel en cliquant sur l’image ci-dessous.

helloasso

Laissez un commentaire (respectez les règles exposées dans la rubrique “À propos”)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.