Instruction en famille : l’incompréhensible revirement du Conseil d’État enfin documenté

Communiqué interassociatif

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Ce vendredi 28 mai, dans notre communiqué « Respect de la Liberté d’instruire en famille : l’article 21 est le résultat bancal de pressions sur le Conseil d’État [1] », nous informions avoir obtenu les quatre pages de l’avis initial du Conseil d’État relatives à la suppression du libre choix de l’instruction en famille, suppression prévue par le gouvernement dans le projet de loi confortant le respect des principes de la République et de lutte contre le séparatisme.

Afin de permettre de juger sur pièce, nous rendons ces pages publiques ici.

Le remaniement de l’avis du Conseil d’État – au point de lui faire dire le contraire de ce qui avait été voté initialement – interroge et inquiète quant à la séparation des pouvoirs en France [2] [3].

Ce document vient aussi d’être transmis aux députés et sénateurs afin qu’ils puissent se rendre compte par eux-mêmes du double discours du gouvernement.

Lors des débats parlementaires, le gouvernement se veut rassurant en affirmant que « les familles qui font bien l’IEF pourront continuer ». En réalité, l’article 21 organise bel et bien l’interdiction de l’instruction en famille sauf impossibilité de scolarisation et à la discrétion de l’administration [4]. L’objectif reste celui de l’étude d’impact : restreindre l’instruction en famille en imposant une scolarisation dans un établissement présentiel à 29 000 enfants, soit deux tiers des 45 000 enfants instruits en famille hors CNED réglementé [5].

Supprimé par le Sénat, le très controversé article 21 du projet de loi risque d’être réintroduit en deuxième lecture. La commission spéciale de l’Assemblée nationale se réunira du 7 au 10 juin.

Les dispositions du projet de loi portant atteinte à l’instruction en famille et plus largement à la liberté d’enseignement affaiblissent les principes de la République au lieu d’en conforter le respect. Elles doivent être écartées, comme le préconisait déjà le rapport Bergeal : « Le Conseil d’État par suite, écarte du projet toutes les dispositions relatives à l’instruction en famille ».

L’instruction en famille est déjà strictement encadrée et les contrôles ont encore été renforcés en 2019 par la loi pour une école de la confiance. Un bilan de l’existant et la concertation avec les associations représentatives des familles s’imposent avant toute atteinte à cette liberté.

En France, c’est l’instruction qui est obligatoire, pas la scolarisation des enfants en établissements. Les lois républicaines depuis 1882 – lois de Jules Ferry relatives à l’instruction obligatoire – ont toutes maintenu la faculté pour les familles d’instruire leur enfant.

Les associations et collectifs Les enfants d’abord, Libres d’Apprendre et d’Instruire Autrement, Union Nationale pour l’Instruction et l’Épanouissement des enfants, Fédération FELICIA, L’École est la Maison, Liberté Éducation, les cours Pi

Notes et références
  1. « Respect de la Liberté d’instruire en famille : l’article 21 est le résultat bancal de pressions sur le Conseil d’État ».
  2. Cf. Bélier (Arnaud), « Instruction en famille : le revirement du Conseil d’État interroge », Ouest-France, 28 mai 2021.
  3. Cf. Lutaud (Bénédicte), « Suppression de l’instruction en famille : comment le Conseil d’État a déclaré son inconstitutionnalité… avant de se rétracter », Le Figaro, 1er juin 2021.
  4. En effet, les « dérogations » devant permettre de tenter d’obtenir l’autorisation d’instruire ses enfants correspondent :
    • aux trois critères permettant aujourd’hui une prise en charge par l’État d’une scolarisation à distance via le Centre national d’enseignement à distance (CNED réglementé) (maladie/handicap, éloignement géographique/nomadisme, activité sportive ou artistique intensive) ;
    • à un quatrième critère restrictif et avec une double contrainte : « l’existence d’une situation particulière de l’enfant, sous réserve que les personnes qui en sont responsables justifient de leur capacité à assurer l’instruction en famille ».
  5. Étude d’impact. Projet de loi confortant le respect des principes de la République, 8 décembre 2020.

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