Question sur la journée internationale des droits des femmes

Sénat

Le Houérou (Yannick), question d’actualité au gouvernement nº 1706 sur la journée internationale des droits des femmes, séance publique du 11 mars 2021.


M. le président. La parole est à Mme Annie Le Houérou, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Annie Le Houérou (© D.R.)

Annie Le Houérou (© D.R.)

Mme Annie Le Houérou. Monsieur le Premier ministre, le lundi 8 mars, nous avons célébré la journée internationale des droits des femmes. Il y a 110 ans, en mars 1911, Clara Zetkin et l’Internationale socialiste des femmes célébraient cette journée pour la première fois. Elles revendiquaient la fin des discriminations au travail.

En 2021, dans la société française, les inégalités liées au travail sont bien réelles. L’écart salarial brut entre les hommes et les femmes est de 28 %. À l’heure de la retraite, les femmes perçoivent en moyenne une pension inférieure de 41 % à celle des hommes. Tel est le triste résultat des inégalités professionnelles et des carrières précarisées des femmes.

Celui-ci s’explique par les temps partiels subis, par le fait que 80 % des familles monoparentales sont portées par les femmes, par l’accès réduit aux postes d’encadrement. La crise du covid a révélé ces inégalités avec force.

Les femmes sont en première ligne pour nous soigner : 97 % des infirmières et 87 % des aides-soignantes sont des femmes. Elles sont en première ligne pour prendre soin de nos aînés et des personnes vulnérables, puisque 97 % des aides à domicile sont des femmes. Elles sont majoritaires dans les métiers de l’éducation, de la grande distribution, dans le secteur de la propreté, métiers dits « essentiels ».

Revalorisons ces métiers et nous ferons coup double : nous réduirons l’écart de rémunération et nous sortirons des préjugés et des stéréotypes existant sur ces métiers en tension qui intéressent aussi les hommes.

Vous avez fait un premier pas avec le Ségur de la santé en revalorisant les carrières des professionnels de santé rattachés aux hôpitaux, mais vous en avez exclu, par exemple, les sages-femmes et tout le champ du social et du médico-social, dont les aides à domicile.

Monsieur le Premier ministre, les premières de corvée sont-elles les oubliées des premiers de cordée qui forment le cabinet présidentiel ? Êtes-vous prêt à revaloriser les métiers du social et du médico-social, qui représentent plus de 1 million de salariés, dont 175 000 postes à pourvoir à l’échelle nationale d’ici 2025 ? Donnez les moyens aux gestionnaires de ce secteur, quel que soit leur statut, de relever ce défi ! (Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE, ainsi que sur des travées du groupe GEST.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances.

Élisabeth Moreno (© D.R.)

Élisabeth Moreno (© D.R.)

Mme Élisabeth Moreno, ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances. Madame la sénatrice Annie Le Houérou, les chiffres que vous venez de partager sont édifiants.

J’ajoute que, dans notre pays qui est celui des droits de l’homme et de la femme, seulement 2 % des entreprises atteignent la parité parfaite en 2021. Aujourd’hui, encore 13 % de nos entreprises n’augmentent pas le salaire des femmes qui rentrent de congé maternité, alors même que c’est une obligation. Il est d’autant plus urgent d’agir que je suis convaincue que l’émancipation des femmes passera aussi par leur indépendance économique.

Notre gouvernement agit. Le Ségur de la santé, que vous avez cité, est une étape extrêmement importante, mais il faut la compléter. Nous avons créé l’index de l’égalité salariale femmes-hommes. La France est ainsi l’un des pays qui agissent le plus en faveur de l’égalité salariale entre les hommes et les femmes, non seulement au niveau européen, mais aussi au niveau mondial. Cela étant, nous ne devons pas nous arrêter là.

C’est pourquoi nous avons également créé le congé paternité. Nous en avons longtemps parlé dans notre pays ; ce gouvernement l’a mis en place parce qu’une meilleure répartition des tâches dans les foyers est nécessaire pour que les femmes se sentent plus libres d’avancer dans leur vie.

L’émancipation économique des femmes passe aussi par la lutte contre les précarités qui touchent souvent les familles monoparentales, dont 85 % sont portées par des femmes. C’est pourquoi nous avons créé un nouveau service public qui permet aux femmes de toucher les pensions alimentaires directement via les caisses d’allocations familiales. En effet, il est très difficile pour ces femmes de subir une baisse de 20 % de leur budget.

Vous avez également évoqué la reconnaissance des travailleurs de la deuxième ligne. Élisabeth Borne mène en ce moment en concertation avec les partenaires sociaux une revalorisation des métiers dits « de la deuxième ligne » : les hôtes et hôtesses de caisse, les éboueurs, les agents d’entretien, les aides à domicile, qui se sont tous mobilisés de manière exceptionnelle durant cette pandémie. (Marques d’impatience sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. le président. Il faut conclure.

Mme Élisabeth Moreno, ministre déléguée. En conclusion, madame la sénatrice, pour réaliser cette égalité économique entre les femmes et les hommes, nous devons mener des politiques très volontaristes. Une proposition de loi a été déposée en ce sens à l’Assemblée nationale, et je m’en réjouis. (Mêmes mouvements.) Le chemin vers l’égalité est encore long,…

M. le président. Il faut vraiment conclure, madame la ministre.

Mme Élisabeth Moreno, ministre déléguée. … mais je suis à votre disposition pour mener ce combat.

Je tiens d’ailleurs à souligner le travail exceptionnel réalisé par la délégation sénatoriale aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes sur ce sujet.

Mise à jour du 11 mars 2021

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