Question sur les compétences de lecture des jeunes Français

Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 47 S (Q), 29 novembre 2018

Guérini (Jean-Noël), Question écrite nº 2569 au ministre de l’éducation nationale sur les compétences de lecture des jeunes Français [Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 49 S (Q), 21 décembre 2017, p. 4582].

Jean-Noël Guérini (© Jan Drewes)

Jean-Noël Guérini (© Jan Drewes)

M. Jean-Noël Guérini appelle l’attention de M. le ministre de l’éducation nationale sur les difficultés de lecture rencontrées par les jeunes Français. L’étude internationale PIRLS 2016 (« Progress in international reading literacy study ») mesure les performances en compréhension de l’écrit des élèves de cinquante pays en fin de quatrième année de scolarité obligatoire, ce qui correspond au CM1 pour la France. Avec un score de 511 points, la France se situe nettement en retrait de la moyenne européenne (540 points) et de celle de l’organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) (541 points). De surcroît, depuis 2001, ce score baisse à chaque évaluation. La journée défense et citoyenneté organisée par le ministère de la défense est également, chaque année, l’occasion de faire passer des tests de lecture aux jeunes Français, à l’âge de 17 ans. En 2015, 750 000 jeunes ont ainsi effectué ces tests, conçus, à partir d’un simple programme de cinéma, selon deux critères : le niveau de compréhension à l’écrit et le degré de connaissance du vocabulaire. Or 10 % de ces jeunes éprouvent des difficultés à lire, 4 % pouvant même être considérés comme quasi-illettrés. Déjà, en 2012, le programme international pour le suivi des acquis des élèves (ou PISA, « Program for international student assessment ») classait les jeunes Français de 15 ans à la 21e place en compréhension de l’écrit, sur une soixantaine de pays participants.

Les différentes formes de tests répétant les mêmes résultats inquiétants, il lui demande ce qu’il entend mettre en œuvre afin d’améliorer les compétences de lecture des jeunes Français.


Réponse du Ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse publiée dans le Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 47 S (Q), 29 novembre 2018, p. 6042.

Jean-Michel Blanquer (© Jérémy Barande)

Jean-Michel Blanquer (© Jérémy Barande)

Le ministère de l’éducation nationale est particulièrement attentif aux travaux évaluant les acquis des élèves. L’étude PIRLS 2016, qui mesure les performances des élèves en lecture en fin de classe de CM1, confirme les tendances des éditions précédentes : les résultats français sont nettement inférieurs à la moyenne des pays européens et des pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). On constate une baisse significative des performances dans toutes les compétences, plus marquée encore dans les compétences de compréhension les plus complexes. Cette baisse est continue depuis quinze ans et s’accélère. Les résultats des élèves français aux tests PIRLS trouvent un écho dans les résultats des jeunes Français aux tests passés lors de la Journée défense et citoyenneté, et sont convergents avec les résultats d’autres études nationales et internationales. C’est pourquoi le Gouvernement a pris cette question à bras le corps depuis son entrée en fonction en mettant en œuvre une politique volontariste, en donnant la priorité à l’école primaire et à la maîtrise des savoirs fondamentaux – lire, écrire, compter, respecter autrui – à l’issue de la scolarité primaire. La première réponse à ces constats alarmants a été une importante réforme structurelle, avec le dédoublement des classes de CP dans les écoles de REP+ dès la rentrée 2017, qui permet dès à présent un meilleur accompagnement des élèves les plus fragiles au moment délicat et crucial de l’entrée dans la lecture et dans l’écriture, et qui a pour objectif 100 % de réussite dans la maîtrise de ces fondamentaux. Cette disposition sera étendue à la rentrée 2018 aux classes de CE1 de REP+ et aux classes de CP de REP, puis en 2019 aux classes de CE1 de REP. En parallèle, le ministère de l’éducation nationale met en place une véritable mobilisation pédagogique en faveur de la lecture. L’école maternelle va faire l’objet d’une réflexion et de transformations pour en faire, plus encore qu’aujourd’hui, l’école de l’épanouissement et de l’apprentissage du langage. La maternelle doit donner aux enfants l’appétit d’apprendre dès le plus jeune âge ; elle doit proposer un travail régulier sur l’acquisition du vocabulaire et la découverte du principe alphabétique ainsi que sur l’écoute et la compréhension de textes lus par l’adulte, afin de préparer les apprentissages fondamentaux du CP, particulièrement la lecture. Des assises de la maternelle se tiendront [sic – lire : se sont tenues] les 27 et 28 mars 2018 pour mettre en avant les meilleures pratiques pédagogiques et éducatives. Les évaluations conçues par le Conseil scientifique mis en place auprès du ministre seront des outils au service des progrès des élèves, pour permettre aux enseignants de repérer au plus tôt les difficultés de certains en lecture notamment, d’ajuster leur enseignement, de l’adapter à chacun. Cette année, elles concernent déjà tous les élèves en début de classe de CP et de 6ème, l’année scolaire prochaine, elles seront systématisées en début et en milieu de classe de CP ainsi qu’en début de classe de CE1 et de 6ème. Un ensemble d’outils pédagogiques sur l’apprentissage de la lecture sera bientôt mis à la disposition des enseignants : un état de la recherche pour diffuser les démarches les plus efficaces ; des recommandations sur la pratique de la lecture à l’école élémentaire et au collège, à mettre en œuvre dans les classes dès à présent ; des recommandations du Conseil scientifique pour aider les enseignants dans leur choix des manuels d’apprentissage de la lecture. En outre, des progressions annuelles seront publiées pour mieux mettre en œuvre les programmes des cycles de l’école élémentaire et du collège. Par ailleurs, un plan de formation en lecture pour les professeurs des écoles sera organisé : la moitié des dix-huit heures consacrée à l’animation pédagogique et à des actions de formation continue portera ainsi sur la formation à l’apprentissage de la lecture, avec une attention particulière portée sur la classe de CP. De plus, une mobilisation interministérielle en faveur du livre et de la lecture, menée avec le ministère de la culture, va se déployer durant les prochains mois et les prochaines années pour mobiliser la société autour de cette cause du partage et du plaisir de la lecture. Enfin, d’autres mesures d’ordre structurel vont contribuer à améliorer les performances des élèves les plus fragiles en lecture. À l’école élémentaire, l’heure hebdomadaire d’activité pédagogique complémentaire sera réorientée vers des activités de lecture et de compréhension. Au collège, les deux heures d’accompagnement personnalisé doivent être consacrées à la compréhension pour les élèves de 6ème qui ont une maîtrise insuffisante ou fragile des compétences en lecture et compréhension de l’écrit selon les évaluations du début d’année ; de plus, le dispositif « Devoirs faits » va aussi permettre une remédiation en compréhension de l’écrit et les élèves fragiles doivent être fortement incités à bénéficier de ce dispositif.


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