Communiqué de presse d’Alliance Vita
Le premier bébé au monde fabriqué in vitro par la technique de la « Fiv-3 parents » serait né dans le plus grand secret en avril 2016. Les parents jordaniens ont voyagé au Mexique où ils ont été pris en charge par une équipe américaine, menée par John Zhang du Centre de fertilité New Hope à New York. Les médecins se sont rendus au Mexique, où le petit garçon est né il y a cinq mois. Pourquoi le Mexique ? À proximité des États-Unis, c’est un pays où aucun cadre réglementaire n’a encore été mis en place pour interdire cette technique controversée. Cette naissance a été tenue secrète. Même si les auteurs précisent que les détails concernant cette naissance seront présentés à l’American Society for Reproductive Medicine, qui se réunit à Salt Lake City, en octobre.
L’objectif de la FIV-3 parents est de faire naître un enfant exempt d’une maladie mitochondriale au sein d’un couple présentant des risques de transmission. Les mitochondries sont de petits organites fonctionnant comme des micro usines énergétiques au sein de chaque cellule, y compris dans les ovules. Les mitochondries contiennent de l’ADN, et c’est par cet ADN que la transmission génétique d’une maladie est possible, par la mère. Très rares, les maladies mitochondriales sont graves.
L’embryon humain est donc conçu à partir de l’ADN de trois personnes : celui de son père biologique (par le spermatozoïde), celui de sa mère biologique (par le noyau cellulaire de l’ovule) et celui issu des mitochondries d’une autre femme, une donneuse d’ovule. L’ovule de la donneuse est « énucléé » (son noyau a été retiré) et le noyau de la mère biologique y est inséré à la place.
La FIV-3 parents a été légalisée au Royaume-Uni en 2015, mais jusqu’à présent, aucun autre pays n’a adopté de lois pour l’autoriser, même si les États-Unis sembleraient engagés sur cette voie. Dans les années 1990, des tests avaient été pratiqués. Pour renforcer la qualité des ovules, certains étaient renforcés en injectant le contenu (hors noyau) d’autres ovules dits « sains », avec donc une double origine d’ADN mitochondrial. Ainsi, quelques bébés seraient déjà nés, mais ils ont développé des troubles génétiques, la procédure fut donc interdite.
Il est probable qu’un tri embryonnaire ait été mis en œuvre, pour sélectionner un enfant à naître masculin et non féminin. En effet, une fille présenterait le risque de transmission aux générations suivantes de ce triple héritage génétique. Dans les débats sur cette technique aux États-Unis, le rapport américain suggérait de limiter les essais de remplacement mitochondrial sur des embryons garçons.
Pour Tugdual Derville, délégué général d’Alliance Vita :
« Les biologistes qui assument cette première la légitiment par un mobile thérapeutique, comme si la fin justifiait les moyens. En réalité, cette naissance qui a un prix en vies humaines conçues et rejetées à l’état embryonnaire, inaugure une transgression sans précédent. Toute l’humanité est concernée. Alors que, jusqu’à ce jour, tout être humain était né d’un homme et d’une femme, la naissance du bébé « à trois parents biologiques » transgresse ce principe universel d’une parité originelle homme-femme dans l’engendrement. Des revendications insensées vont immédiatement s’engouffrer derrière cet effondrement d’un précieux mur porteur de notre anthropologie. Il est urgent d’enrayer cette dérive au plan mondial, si nous ne voulons pas que les êtres humains à venir soient conçus et manipulés comme des objets. »
Pour Blanche Streb, directrice des études d’Alliance Vita :
« Il s’agit d’une multiple prise d’otages. Tout d’abord sur l’information elle-même. D’abord tenue secrète, cette pratique a été mise en œuvre dans le secret d’un laboratoire, en dehors de tout radar réglementaire et éthique. Puis, elle a été révélée en grande pompe, en mettant en avant l’enfant ainsi né. Il est présenté comme “étant en bonne santé”, ce que chacun espère, mais la communauté internationale se retrouve mise devant le fait accompli. Et ainsi contrainte à ne plus pouvoir contester cette technique puisque son “résultat” est un enfant. L’enfant est donc lui-même un otage, cobaye de la technique qui l’a conçu. Il sera, à vie, le test “grandeur nature” de la FIV-3 parents. De nombreuses inconnues pèsent déjà sur lui : quelles seront les potentielles conséquences sur son développement, sur sa santé ? Quelle sera l’empreinte psychologique de cette “triple filiation” et de ces conditions de naissance ?
« Et enfin le couple est lui-même otage de cet impérieux et respectable désir d’avoir un enfant biologique, mais auquel des apprentis sorciers n’ont pu répondre que d’une seule manière : en fabriquant in vitro un bébé “plus si biologique que ça”. Un bébé OGM.
« Cette annonce est très grave. Elle montre qu’aujourd’hui des scientifiques bafouent toute règle éthique, s’arrogent le droit de franchir des lignes rouges pour “bricoler” un être humain de toute pièce ! Il ne s’agit ni d’un soin, ni d’une guérison. Pour Alliance Vita, qui a lancé une alerte nationale et internationale pour informer la communauté internationale des risques de dérives liés à la modification génétique des embryons humains, Stop Bébé OGM, il est temps que les politiques prennent la mesure de ces enjeux éthiques. »
Communiqué archivé au format PDF (645 Ko, 3 p.).