Question sur le déconfinement scolaire

Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 12 S (Q), 24 mars 2022

Détraigne (Yves), question écrite nº 16627 au ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse sur le déconfinement scolaire [Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 24 S (Q), 11 juin 2020, p. 2617].

Yves Détraigne (© D.R.)

Yves Détraigne (© D.R.)

M. Yves Détraigne souhaite appeler l’attention de M. le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse sur le « déconfinement scolaire ».

En effet, à la rentrée de septembre, l’enseignement à distance n’ayant fonctionné que pour une partie seulement des élèves, la plupart des enfants auront connu cinq à six mois d’interruption d’enseignement. En outre, le dernier trimestre s’étant déroulé à distance sans pouvoir réellement aborder de nouvelles notions, le programme de l’année n’aura pas été terminé et les connaissances acquises n’auront pas pu être réellement évaluées.

Tous les établissements n’ont pas réussi à mettre en place un accompagnement à distance correct, avec un système d’évaluation des acquis et des créneaux de mentorat pour aider les élèves qui en avaient besoin. En outre, tous les élèves ne disposaient pas du matériel nécessaire pour pouvoir suivre ces enseignements.

La continuité pédagogique promise et le « déconfinement scolaire » étant plus compliqués sur le terrain que sur les documents officiels venant du ministère, il lui demande de quelle manière il entend remettre à niveau les élèves, avant la rentrée prochaine, sous peine de laisser une génération entière d’élèves perdre encore de précieux mois, voire une année complète.

Réponse du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères publiée dans le Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 31 S (Q), 5 août 2021, pp. 1569-1570.

Jean-Michel Blanquer (© Jérémy Barande)

Jean-Michel Blanquer (© Jérémy Barande)

Grâce à l’engagement des professeurs et de tous les personnels, l’éducation nationale a montré sa détermination à assurer la continuité du service public et sa capacité d’adaptation. L’objectif des équipes, dès le premier jour, a été de maintenir un lien pédagogique entre les professeurs et les élèves, afin d’entretenir les connaissances déjà acquises par les élèves tout en permettant l’acquisition de nouveaux savoirs. Le confinement imposé par les circonstances sanitaires a souligné plus que jamais l’importance du lien concret entre l’élève et le professeur. Au niveau national, la plateforme du CNED, « Ma classe à la maison », a été activée afin de permettre la mise à disposition immédiate de séances pédagogiques en ligne. En fonction des besoins des élèves et des choix des professeurs, les écoles et les établissements ont aussi pu bénéficier du dispositif des classes virtuelles du CNED. Les professeurs ont pu ainsi organiser un moment dans la journée où les élèves de la classe se retrouvent et échangent. L’opération « Nation apprenante » est venue enrichir les possibilités d’enseignement à distance pour tous les niveaux de classe, notamment pour les élèves n’ayant pas ou ayant peu d’outils numériques ou d’accès internet. Entre autre, France Télévisions par l’intermédiaire des cours « Lumni », Radio France, Arte et l’éducation nationale se sont mobilisés pour mettre à la disposition des professeurs, des élèves, de leurs familles des programmes télévisuels ou radiophoniques de qualité en lien avec les programmes scolaires. Au niveau local, l’ensemble des moyens de communication a été mobilisé pour assurer le lien éducatif et pédagogique entre les établissements scolaires et les élèves. Outre les outils nationaux à disposition, plusieurs modes d’enseignement à distance ont été activés, avec supports numériques ou non : utilisation de l’espace numérique de travail de l’établissement, échange de courriers électroniques, envoi de SMS, appels téléphoniques, transmission de plan de travail et documents au format papier. Les familles n’ayant pas de connexion internet ont été informées par téléphone et par affichages de la procédure de récupération des consignes et supports d’activités élaborés par les professeurs (point de dépôt, envoi postal, etc.). De plus, des permanences téléphoniques d’information ont été mises en place au niveau des établissements scolaires et des services académiques. Dans le contexte actuel d’urgence sanitaire, le ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse a également eu pour objectif d’assurer la continuité pédagogique pour tous les élèves, en France métropolitaine comme en Outre-mer, qui se trouvent en situation de déconnexion numérique. Ainsi, un partenariat exceptionnel a été mis en place avec la Poste avec deux volets : – le premier volet consiste à faire parvenir aux familles ne disposant pas de matériel informatique, des outils numériques par colis postal à partir de l’établissement scolaire après un travail de recensement des familles opéré par les académies et accord des collectivités territoriales pour la mise à disposition de matériel. – le second volet concerne la mise en place du dispositif « Devoirs à la maison » qui s’est déployé progressivement sur le territoire. Le dispositif « Devoirs à la maison » a pour objectifs de : – assurer la communication des devoirs préparés par les professeurs aux élèves et parents d’élèves des écoles, collèges, et lycées publics et privés sous contrat qui n’ont pas d’accès aux outils numériques ou sont domiciliés en zone blanche ; – proposer la gratuité de l’envoi postal des devoirs réalisés par les élèves vers les établissements pour diffusion aux professeurs concernés ; – faciliter la gestion et l’archivage des devoirs réalisés afin de permettre leur diffusion aux professeurs des écoles et établissements concernés. Plus de 250 000 devoirs ont été envoyés aux familles concernées par la voie postale à partir du 10 avril et ce dispositif a été maintenu jusqu’à la fin de l’année scolaire. Il constituait un outil supplémentaire mis à la disposition des professeurs pour maintenir un lien avec leurs élèves. La réussite du maintien de la continuité de l’enseignement, dans ce contexte inédit, n’a pas été sans faille, malgré la mobilisation exemplaire de tous les enseignants et cadres pédagogiques. Le risque d’aggravation des inégalités sociales était en effet considérable dès lors que chaque enfant est renvoyé à son seul contexte familial, quand les outils informatiques ou la connexion internet manquaient, quand la famille se trouvait en difficulté pour accompagner la scolarité de l’enfant. C’était particulièrement le cas pour les populations les plus fragiles, en ville comme à la campagne. Les familles des élèves dont les professeurs n’avaient pas de nouvelles ont été jointes de façon systématique, une ou plusieurs fois par semaine au téléphone. D’autre part, pendant les vacances de printemps, un dispositif de soutien scolaire gratuit par des professeurs volontaires a été mis en place, sous la forme de cours à distance individuels ou en petits groupes, pour aider les élèves en difficulté. Pour que personne ne soit laissé sur le bord du chemin, le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse et le ministre chargé de la ville et du logement ont aussi entrepris de renforcer les moyens de la continuité éducative au bénéfice d’élèves qui n’ont pas pu en profiter : mise à disposition de matériel informatique, développement du tutorat et du mentorat pour renforcer l’accompagnement scolaire et soutien aux associations de proximité qui se mobilisent, innovent et créent des solutions pour poursuivre cet accompagnement au quotidien et faciliter le lien entre les élèves et leur école. Des stages de réussite gratuits ont également été mis en place durant les vacances scolaires d’été et d’automne, à destination des élèves les plus en difficulté, sur la base du volontariat et du dialogue avec les élèves et leurs parents. Ils ont vocation à se déployer dans toutes les écoles élémentaires et dans tous les établissements du 2nd degré, en particulier dans les territoires les plus en difficulté. Ils visaient en priorité à consolider les acquis fondamentaux et à combler d’éventuelles lacunes préjudiciables à la poursuite de la scolarité des élèves. Le petit effectif d’élèves au sein de chaque module de stage a permis d’installer un cadre de travail engageant et sécurisant et de mobiliser pleinement chaque élève.


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