Revue de presse du 8 avril 2021

Revue de presse





Insee Flash Île-de-France, nº 56, 8 avril 2021

L’Île‑de‑France comptait environ 12,3 millions d’habitants au 1er janvier dernier. Le nombre de naissances a davantage diminué en 2020 que les années précédentes, tandis que le nombre de décès a fortement augmenté. L’excédent naturel de l’Île‑de‑France reste toutefois le plus important des régions de France métropolitaine et demeure le moteur de la croissance démographique francilienne. 33 000 mariages ont été célébrés en 2020, un net recul par rapport à 2019. L’espérance de vie des Franciliennes a reculé à la neuvième place au niveau national en raison de la pandémie de Covid-19.


  • Collectif, « Observations sur la proposition de loi nº 4029 visant à protéger les mineurs des crimes et délits sexuels et de l’inceste », Union syndicale des magistrats, 8 avril 2021.



Fortement ancrée dans les mœurs indiennes, la préférence pour les garçons s’est longtemps manifestée par l’infanticide néonatal féminin. Icelui disparaît peu à peu mais tend à être remplacé par une banalisation de l’avortement des filles. Le Pre-natal Diagnostic Techniques (Regulation and Prevention of Misuse) Act (loi sur les techniques de diagnostic préconceptionnel et prénatal) de 1994 a pourtant formellement interdit la sélection du sexe, mais force est de constater que cette loi n’a eu que peu d’impact : la médicalisation croissante de la grossesse et le recours systématique aux échographies ont immédiatement été détournés pour faciliter la sélection des garçons.

La moitié des naissances féminines manquantes dans le monde se produisent en Inde, en raison de ces avortements sélectifs en fonction du sexe. Une équipe de chercheurs vient de documenter les tendances de ces naissances féminines manquantes ces dernières années selon les différents ordres de naissance, en particulier parmi les deuxième et troisième enfants, aux niveaux étatique et national. Les auteurs de l’étude publiée aujourd’hui par The Lancet (Global Health) ont pour ce faire examiné les antécédents de naissance apparaissant dans cinq enquêtes auprès des ménages représentatives au niveau national (National Family Health Surveys 1 à 4 et District Level Household Survey 2) pour calculer le sex ratio conditionnel (défini comme le nombre de filles nées pour mille garçons selon le sexe de naissance précédent) en Inde de 1981 à 2016. Ils ont estimé la variation décennale de ce sex ratio conditionnel pour les décennies 1987-1996, 1997-2006 et 2007-2016, et quantifié les tendances du nombre de naissances féminines manquantes pour les États constituant plus de 95 % de la population de l’Inde, ainsi que sur des intervalles de cinq ans pour chaque enquête. Ils ont ensuite calculé le ratio de deuxième ou troisième fille en fonction du sexe de l’enfant (ou des enfants) précédent(s), en tenant compte de la caste, de l’éducation, du lieu de résidence, de la religion et de la richesse.

Le sex ratio naturel se situe aux alentours de 950 filles pour 1 000 garçons ; en appliquant les sex ratios conditionnels des enquêtes aux naissances nationales, les chercheurs ont estimé que 13,5 millions de naissances féminines manquaient au cours des trois décennies d’observation (1987-2016) : 3,5 millions entre 1987 et 1996, 4,5 millions entre 1997 et 2006, 5,5 millions entre 2007 et 2016, soit une augmentation de 60 % en trois décennies.

La comparaison du sex ratio conditionnel de la première décennie d’observation (1987-1996) à la dernière (2007-2016) montre une aggravation pour l’ensemble de l’Inde et presque tous les États pour les deux rangs de naissance étudiés. Le Gujarat, l’Haryana, le Pendjab et le Rajasthan affichent les sex ratios les plus asymétriques, représentant près d’un tiers des totaux nationaux de femmes nées en deuxième et troisième rangs manquantes à la naissance, car la pression sur les familles y est plus forte.

Le sex ratio conditionnel pour les naissances de deuxième ou de troisième rang après une ou des filles a divergé notablement de celui après un ou des garçons à partir de 1986 environ. Le sex ratio des deuxièmes-nés après une fille aînée est passé de 930 à 885 de 1981 à 2016, et celui des troisièmes-nés après deux filles aînées est passé de 968 à 788. La probabilité de disparition des filles est donc principalement déterminée par la place dans la fratrie et le sexe des premiers enfants, même après avoir pris en compte les niveaux d’éducation et le quintile de richesse.

Le sex ratio conditionnel parmi les mères les plus instruites et les plus riches est le plus déformé par rapport aux groupes d’éducation et de richesse les plus faibles, et diminue généralement avec le temps, jusqu’à une modeste amélioration en 2007-2016. De fait, plus les familles sont instruites et riches, plus elles ont accès à des tests prénataux de plus en plus précis et plus elles ont recours à l’avortement sélectif.

Contrairement aux améliorations substantielles de la mortalité infantile féminine en Inde, les naissances féminines manquantes dues à l’avortement sélectif continuent donc d’augmenter dans tous les États. L’inclusion d’une question sur la composition par sexe des naissances dans le prochain recensement pourrait fournir des informations locales sur l’avortement sélectif selon le sexe dans chaque village et zone urbaine du pays.

L’Assemblée générale des Nations unies a condamné en 2019 la sélection prénatale en fonction du sexe comme « néfaste », la jugeant directement liée à l’augmentation du trafic humain et de la violence envers les femmes. Mais si l’avortement sélectif des filles choque le monde occidental, la planification familiale n’est par contre nullement remise en cause. Or, le contrôle des naissances mène immanquablement à l’eugénisme : la planification à tout prix de la naissance d’un enfant « désiré » provoque une intrusion croissante de la médecine dans la réalisation du « projet parental » et la recherche calculée d’un enfant parfaitement conforme au désir de ses parents. Le diagnostic prénatal ne sert plus à soigner mais à identifier les fœtus conformes ou non audit « projet parental » et à déterminer les vies qui valent la peine d’être vécues : pas de filles pour les uns, pas de maladies génétiques pour les autres…

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