Duranton (Nicole), question écrite nº 21529 au ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports sur les enfants victimes et auteurs de violences à l’école [Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 11 S (Q), 18 mars 2021, p. 1736].
Mme Nicole Duranton interroge M. le ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports au sujet de l’augmentation dramatique de la violence à l’école dont les enfants sont victimes ou auteurs et que l’on constate dans tous les pays, en France et en particulier dans le département de l’Eure.
Début mars 2021, deux adolescents de 14 ans ont été tués dans des rixes opposant des bandes rivales en Essonne et un lynchage a eu lieu à Paris il y a quelques semaines. Le 3 mars 2021, à Saint-Éloi-de-Fourques, dans le département de l’Eure, dans une classe de CP-CE1, un groupe d’élèves âgés de 6 à 7 ans sème la terreur au sein de leur classe. Ce n’est pas un phénomène ponctuel, mais plutôt l’aboutissement des violences que subissent élèves et enseignants au quotidien. Les chiffes de la délinquance violente indiquent que les individus sont de plus en plus jeunes. D’ailleurs, 41 % des mineurs qui se retrouvent devant les juges ont entre 13 et 15 ans. En quarante ans la violence apparaît de plus en plus tôt, dès la primaire ou la maternelle. Alors qu’auparavant, le phénomène apparaissait dans le secondaire vers 13-14 ans.
Des millions d’enfants sont victimes d’actes de violence, de harcèlement et de menaces à l’école et aux abords de l’école, ce qui peut avoir des effets à long terme sur leur santé physique et psychologique.
La violence alimente la violence. Les enfants qui grandissent dans des milieux affectés par la violence ont plus de risques d’avoir un comportement violent une fois adultes. La violence a des conséquences permanentes. Le stress nocif associé à une exposition répétée à la violence dans la petite enfance peut interférer avec le bon développement du cerveau et engendrer des comportements agressifs et antisociaux, des problèmes de toxicomanie, des comportements sexuels à risque et une conduite criminelle.
La violence à l’école est évitable. Dans le monde entier, des élèves font entendre leur voix pour exiger la sécurité et l’éducation qu’ils méritent. Par exemple la Suède s’est dotée d’une loi sur le harcèlement à l’école : les écoles doivent prendre des mesures pour protéger les élèves des violences de leurs camarades. En cas d’incident, la responsabilité des gestionnaires est engagée (mairie, conseil d’administration), que ces violences soient répétées ou qu’il s’agisse d’incidents isolés, avec des compensations financières de plus en plus fréquentes.
La recherche scientifique, et notamment le programme international de l’organisation de coopération et de développement économiques (Pisa), prouvent qu’un climat scolaire serein influence la réussite des élèves, fait diminuer les problèmes de décrochage professionnel des enseignants, a un impact sur la sécurité en milieu scolaire, la réduction des conduites à risques, des micro-violences et du harcèlement, de l’absentéisme et du décrochage. Par ailleurs, le climat scolaire, concept ouvert, met en jeu le travail avec les parents d’élèves dans le cadre d’une coéducation constructive au service de la réussite et de bien-être des élèves.
Elle est consciente des risques majeurs qui menacent nos enfants et notre pays face à l’augmentation dramatique des violences perpétrées ou subies par les enfants et des conséquences létales sur des jeunes mineurs, plongeant les Françaises et les Français dans l’effroi.
Elle souhaiterait connaître sa position et les éventuelles dispositions prises à ce sujet par le Gouvernement, et en particulier celles visant à l’utilisation rationnelle et préventive des solutions numériques, éducationnelles et de sécurité les plus performantes pour aider à maitriser ce fléau le plus en amont possible et ainsi éviter la traînée de poudre de la violence avant qu’elle ne devienne incontrôlable.
Question archivée au format PDF (213 Ko, 2 p.).