Communiqué de presse de l’Union nationale des associations familiales
Le 7 mai 2020, Édouard Philippe s’exprimait ainsi : « Une fois la crise sanitaire passée, notre pays répondra à la crise économique et à l’appauvrissement général qui va intervenir. » Un risque bien réel quand on sait qu’en 2019, dès avant le confinement, cinq millions de ménages (soit onze millions de personnes) éprouvaient déjà des difficultés à boucler leurs fins de mois. À l’appui d’une étude inédite menée auprès des services d’accompagnement budgétaire des unions départementales des associations familiales pendant le confinement, l’Union nationale des associations familiales appelle à agir maintenant pour prévenir le surendettement et l’appauvrissement qui menacent de nombreuses familles.
La preuve concrète de l’intensification des difficultés financières liées à la crise sanitaire
Les familles et personnes que les unions départementales des associations familiales accompagnaient avant le début du confinement ont globalement vu leurs difficultés s’aggraver pendant le confinement. 55 % des ménages suivis ont vu leurs dépenses mensuelles augmenter de 200 euros en moyenne : budget alimentation, équipement numérique pour la scolarité des enfants, soutiens financiers au sein de la famille élargie. Seuls 11 % des ménages ont vu leurs dépenses diminuer.
En parallèle, un tiers des ménages déjà suivis a subi une baisse de ressources pendant le confinement. Ce taux s’élève à plus de 50 % parmi les actifs en emploi. Pour ces ménages, les déséquilibres financiers ont eu pour conséquences des privations, des factures et crédits impayés, mais aussi le report de projets, l’accumulation de frais d’incidents bancaires et des phénomènes de désépargne.
L’horizon économique fait craindre que, sans intervention publique, de futurs chocs risquent à la fois de renforcer les difficultés financières de ces familles, tout en faisant basculer d’autres familles dans la pauvreté et le surendettement.
De nouvelles familles vont être touchées, au-delà des catégories officielles de pauvreté
Les chiffres et prévisions du chômage en France sont particulièrement inquiétants. Le taux de chômage devrait passer de 8,5 % (2019) à 10,1 % (2020), avec des pics annoncés à 13 % ou même 16 % au cours de l’année. D’ores et déjà, des licenciements sont annoncés dans certains secteurs, et les perspectives d’emploi sont fragiles pour les personnes qui vont arriver sur le marché du travail ou qui sont en fin de contrats courts.
Sur le terrain, les professionnels des unions départementales des associations familiales prévoient, après une période atone de confinement, un effet rebond, c’est-à-dire une forte hausse des sollicitations de la part des familles ayant un budget « sur le fil ».
Au-delà de la nécessaire relance économique et du maintien dans l’emploi, il y a donc devant nous un enjeu massif de prévention de la pauvreté et du surendettement.
Cinq propositions pour agir maintenant pour prévenir la pauvreté et le surendettement
Le réseau Union nationale des associations familiales/unions départementales des associations familiales sera en première ligne pour affronter cette vague de difficultés financières, étant le premier réseau de Points conseil budget. Mais, pour faire face à l’ampleur des besoins, il ne saurait agir seul et sans moyens supplémentaires.
Pour répondre à ce défi sans attendre l’appauvrissement annoncé de nos concitoyens, l’Union nationale des associations familiales fait cinq propositions, et invite chacun à prendre sa part de responsabilité.
- Investir des fonds supplémentaires et lancer rapidement le déploiement sur tout le territoire national des Points conseil budget ⇒ action pour le Gouvernement
- Maintenir un accueil physique minimum dans chaque agence bancaire et postale, en cas de nouvel épisode de confinement ⇒ action pour les banques et le groupe La Poste
- Accorder plus de souplesse dans les processus de paiement des factures et des crédits, et de gestion des impayés ⇒ action pour les grands créanciers (fournisseurs d’énergie, bailleurs sociaux ou institutionnels privés, établissements de crédit…)
- Dé-stigmatiser la procédure de surendettement, et réaffirmer que les particuliers ont le droit à l’échec, en la renommant « procédure de désendettement » ⇒ action pour la direction générale du Trésor et la Banque de France.
- Plafonner durablement les frais d’incidents bancaires pour tous les consommateurs ⇒ action pour le Parlement et le Gouvernement.
Dès le 28 mai, la proposition de loi programmée au Sénat sur l’encadrement des frais d’incidents bancaires doit constituer une première opportunité décisive pour réguler, progressivement et pour tous les consommateurs, la mécanique d’appauvrissement que ces frais génèrent depuis quinze ans maintenant.
Au-delà, face à l’ampleur inédite des besoins et dans la perspective du plan de relance, l’Union nationale des associations familiales appelle à un changement radical de logique. Les politiques publiques sont de plus en plus ciblées et encore trop curatives : il faut maintenant investir dans le préventif pour casser l’engrenage qui, au fil des accidents de la vie, peut conduire au surendettement.
L’Union nationale des associations familiales, institution engagée avec et pour les familles depuis 1945 est l’expert des réalités de vie des familles. Reconnue d’intérêt général, elle est le porte-parole officiel des familles auprès des pouvoirs publics. Elle représente et soutient les 18 millions de familles vivant sur le territoire français et défend leurs intérêts. Pluraliste, elle regroupe 70 mouvements familiaux et 6 500 associations familiales d’une grande diversité. Elle anime le réseau des unions départementales des associations familiales et unions régionales des associations familiales qui mènent des missions de représentation et de services aux familles dans chaque département et dans chaque région.
Communiqué archivé au format PDF (261 Ko, 2 p.).
Étude archivée au format PDF (917 Ko, 18 p.).