Questions sur les réformes du lycée et du baccalauréat

Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 12 S (Q), 24 mars 2022

Bonhomme (François), question écrite nº 20675 au ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports sur les conséquences de la gestion de la crise sanitaire dans les lycées et les universités [Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 6 S (Q), 11 février 2021, p. 873].

François Bonhomme (© D.R.)

François Bonhomme (© D.R.)

M. François Bonhomme attire l’attention de M. le ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports sur les conséquences du système de fonctionnement mis en place dans les lycées et les universités en raison de la crise sanitaire.

Les effets du système hybride en lycée et en distanciel dans les universités sont nombreux et lourds de conséquences sur la situation des jeunes étudiants.

Dans les lycées, le niveau scolaire est en forte baisse, seuls 50 à 60 % du programme étant dispensés. Il s’ensuit de nombreux décrochages, une accumulation de retards sans doute irrécupérables et très pénalisants pour la poursuite des études et, par voie de conséquence, pour l’accès à la vie professionnelle. Cette situation ne manquera pas d’accroître les inégalités entre les jeunes bénéficiant d’un soutien en famille et les autres, seuls à affronter les difficultés.

Une étude réalisée par l’observatoire de la vie étudiante fait apparaître que les étudiants universitaires sont, pour un tiers, en situation de détresse psychologique liée à l’isolement, allant pour certains jusqu’à la tentation du suicide. Le lien social est réduit à peu de choses.

D’autres cependant, comme les étudiants en classe préparatoire ou en BTS continuent de bénéficier d’un enseignement en présentiel à 100 %.

Des collectifs de parents d’élèves appellent à une reprise de tous les enseignements en présentiel à temps complet.

Il lui demande s’il entend mettre fin au système actuel pour une reprise des cours à 100 % dans les lycées et les universités et ce, dès la fin des vacances scolaires d’hiver.

Détraigne (Yves), question écrite nº 19488 au ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports sur le baccalauréat 2021 [Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 49 S (Q), 10 décembre 2020, p. 5819].

Yves Détraigne (© D.R.)

Yves Détraigne (© D.R.)

M. Yves Détraigne souhaite appeler l’attention de M. le ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports sur les inquiétudes soulevées par la réforme du lycée et du baccalauréat après une année scolaire 2019-2020 déjà tronquée.

Le calendrier actuel – auquel s’ajoutent les difficultés de la crise sanitaire – exerce sur les élèves une pression qui les empêche de travailler sereinement. Il rend également impossible la maîtrise de nouveaux programmes trop volumineux, et conçus sans tenir compte des conditions réelles d’apprentissage.

Pour répondre aux contraintes sanitaires, les épreuves communes ont été supprimées au profit du contrôle continu, ce qui accroît encore la pression que la réforme fait déjà peser sur les élèves, et affaiblit encore davantage la valeur nationale du baccalauréat. En outre, le travail « hybride » instauré par certains établissements, afin de garantir la sécurité sanitaire, aggrave les inégalités entre les élèves et les établissements, compromet la continuité pédagogique et donc la préparation à l’examen.

De nombreuses voix s’élèvent désormais pour aménager, cette année, les épreuves et le calendrier. Elles demandent un report à juin des épreuves de spécialité, pour laisser aux élèves le temps d’y être effectivement préparés, une suppression de l’épreuve du grand oral, un aménagement de toutes les épreuves du baccalauréat et, enfin, une limitation des contenus des programmes attendus pour les épreuves.

Compte tenu d’une situation exceptionnelle qui impacte les élèves et les enseignants, il lui demande s’il entend adapter les épreuves du baccalauréat aux demandes récurrentes des acteurs sur le terrain.

Féret (Corinne), question écrite nº 19849 au ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports sur les réformes du lycée et du baccalauréat [Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 51 S (Q), 24 décembre 2020, pp. 6161-6162].

Corinne Féret (© D.R.)

Corinne Féret (© D.R.)

Mme Corinne Féret attire l’attention de M. le ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports sur les conséquences des réformes du lycée et du baccalauréat.

En effet, de nombreux enseignants, éprouvés par la crise sanitaire, s’inquiètent des conséquences de la réforme du lycée. Professeurs et élèves ont dû faire face à des conditions d’apprentissage inhabituelles. Aussi, des enseignants de sciences économiques et sociales (SES), notamment, signalent qu’ils n’ont pas pu achever les programmes de l’année dernière durant la période d’enseignement à distance. Dans le cadre de la réforme, on comprend qu’il sera difficile d’introduire les notions qui n’ont pas pu être abordées tout en avançant dans les contenus de l’année en cours.

De plus, certains dispositifs antérieurs, comme les heures dédoublées et les aides personnalisées, ont été supprimés et non remplacés dans la grande majorité des lycées. Les enseignants s’inquiètent légitimement d’une dégradation structurelle des conditions d’enseignement, d’une diminution importante du nombre d’heures d’enseignement en effectifs réduits, ainsi que d’une augmentation significative de leur charge de travail. Par ailleurs, ils indiquent que les épreuves écrites de spécialité en terminale, comptant pour près d’un tiers de la note finale du baccalauréat, ont été avancées au 15 mars 2021, alors même que les connaissances et la méthodologie des épreuves propres à des disciplines comme les SES, par exemple, ne pourront pas être pleinement assimilées par les élèves. La nouvelle épreuve du grand oral représente 10 % de la note finale du bac, alors qu’aucune heure de cours dédiée n’est prévue dans les emplois du temps pour y préparer les élèves et qu’aucune formation systématique des enseignants n’a été mise en place. Ceci nourrit naturellement les inquiétudes des élèves et des familles.

Aujourd’hui, dans le Calvados comme ailleurs, la réforme du baccalauréat induit une désorganisation du travail des professeurs et personnels. Son calendrier exerce sur les élèves une pression qui les empêche de travailler sereinement. Ce faisant, et compte tenu d’une situation exceptionnelle qui impacte les élèves et les enseignants, elle lui demande si le Gouvernement aménagera les programmes scolaires pour les adapter aux conditions d’apprentissage et d’enseignement, s’il déplacera les épreuves de spécialité du baccalauréat en fin d’année scolaire et, enfin, s’il suspendra l’épreuve du grand oral pour cette année.

Réponse du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports publiée dans le Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 12 S (Q), 24 mars 2022, pp. 1573-1575.

Jean-Michel Blanquer (© Jérémy Barande)

Jean-Michel Blanquer (© Jérémy Barande)

Depuis le début de la crise sanitaire, le ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports a veillé à ce que les mesures prises pour limiter la propagation de l’épidémie de Covid19 s’inscrivent dans le respect de la mission essentielle de l’École Républicaine. Ainsi, tout a été mis en œuvre pour éviter de fermer les établissements et des outils ont été mis à la disposition des équipes pédagogiques pour les aider à assurer la continuité pédagogique. Le service public de l’éducation nationale s’est attaché à répondre à cette double exigence envers les élèves, pour leur garantir à la fois la sécurité et l’accès à la formation. C’est pour répondre à cet objectif qu’un dispositif d’accompagnement hybride a été mis en place dans les lycées, et adapté à chaque situation locale grâce à l’élaboration dans chaque établissement d’un plan de continuité pédagogique, défini en cohérence avec le plan national de continuité, mis à disposition sur le site Internet du ministère de l’éducation nationale et largement diffusé dans les territoires grâce à d’importants relais de formation et d’accompagnement des enseignants. En outre, l’année scolaire 2020-2021 a été marquée par un effort inédit d’accompagnement personnalisé des élèves dans chaque école, collège et lycée, avec la mobilisation, dès la rentrée scolaire, de l’ensemble des moyens des heures supplémentaires disponibles (1,5 million), des moyens de remplacement, des étudiants en pré-professionnalisation et de tous les partenaires de l’éducation nationale. En termes de ressources, le centre national d’enseignement à distance (CNED) a proposé, dès mars 2020 le dispositif de continuité pédagogique « ma classe à la maison » constitué de trois plateformes et d’une solution de classe virtuelle pour les élèves et les enseignants. Les trois plateformes conçues à destination des élèves ont proposé des parcours pédagogiques pour tous niveaux. Ces dispositifs ont permis aux élèves de travailler dans l’ensemble des disciplines grâce à un ensemble de parcours conformes aux programmes (activités en ligne, séquences de cours, entraînements, exercices en téléchargement, cahier de bord, livres numériques, vignettes actives, ressources en langues vivantes pour l’école, illustrations). En parallèle, le CNED a proposé aux enseignants un outil de classes virtuelles permettant aux enseignants et à leurs élèves de se retrouver et d’échanger, d’entretenir le lien de cette dynamique de groupe. Il permet également aux enseignants de conseiller leurs classes sur les séances à travailler en priorité en fonction de la progression pédagogique, d’animer un cours à distance et de donner des ressources pédagogiques complémentaires. Le ministère a mis à disposition des enseignants une nouvelle plateforme de services numériques partagés « apps.education.fr » pour répondre aux besoins d’outils pour travailler à distance rassemblant : un service de visioconférence, d’écriture collaborative, de blog, de partage de documents et de fichiers, de partage de vidéos et de forum. Près de 350 scénarios pédagogiques ont été indexés par les académies sur la plateforme nationale Édubase depuis mars 2020. Ces scénarios produits par des enseignants et validés par l’inspection ont permis d’accompagner les enseignants dans la mise en œuvre de l’enseignement à distance puis l’enseignement hybride. Le Réseau Canopé propose également aux enseignants, à travers l’espace CanoTech des conférences d’experts, des modules d’accompagnement et de formation à distance (webinaires, tutoriels, podcasts, etc.) et des articles. Selon une première note d’information de la DEPP réalisée en juillet 2020, près de huit enseignants sur dix s’accordent pour dire que la période du premier confinement aura eu des effets bénéfiques sur les compétences numériques des élèves et leur autonomie. Plus d’un enseignant sur deux identifie un effet bénéfique sur la quantité de travail fourni. Les collégiens et lycéens, quant à eux, déclarent très majoritairement avoir rencontré peu de difficultés matérielles ou d’organisation, pour conduire le travail scolaire attendu. En revanche, un tiers d’entre eux dit avoir manqué de motivation pour le réaliser. Les parents ont confirmé le gain en autonomie de leur enfant et estimé aux deux tiers que leur enfant avait maintenu son niveau d’apprentissage. Ils étaient six sur dix à considérer qu’ils ont découvert de nouvelles méthodes (note d’information de la DEPP nº 20.26, juillet 2020). L’enjeu de la rentrée scolaire 2020 a été de résorber les écarts qui ont pu naître du fait du premier confinement, ce qui a impliqué d’identifier les besoins propres à chaque élève et d’y répondre de manière personnalisée. Les dispositifs Vacances apprenantes et stages de réussite ont été instaurés pour tous les élèves volontaires durant les vacances scolaires dans le premier et second degrés. À la date du 1er octobre 2020, plus de 25 000 stages avaient été organisés durant l’été et plus de 176 000 stagiaires y avaient participé sur les premier et second degrés confondus. En septembre 2020, des outils de positionnement du CP à la terminale ont été mis à la disposition des professeurs. Ces tests, courts et ponctuels, ont permis de mesurer instantanément la maîtrise des compétences fondamentales et d’identifier les priorités pour chaque élève. Tout au long de l’année scolaire 2020-2021, dans le cadre de l’accompagnement personnalisé des élèves, les équipes pédagogiques ont veillé à ce que les élèves maîtrisent les connaissances et les compétences indispensables à la poursuite de leur année. Pour réduire les éventuels écarts constatés, les apprentissages ont été concentrés, entre la rentrée et les vacances d’automne. À la rentrée de janvier 2021, la France a choisi de maintenir ses établissements scolaires ouverts. Selon l’UNESCO, la France est l’un des 3 pays de l’UE (avec la Croatie et la Finlande) qui ont le moins fermé les établissements scolaires (moins de 11 semaines entre mars 2020 et janvier 2021). Dans le contexte d’émergence de variants, le protocole sanitaire a dû être renforcé à compter du 1er février 2021 afin d’accueillir tous les élèves dans des conditions de sécurité strictes et adaptées. Ce renforcement s’est traduit par des mesures plus strictes en matière de restauration scolaire, de port du masque ou encore d’aération. Les règles d’identification des contacts à risques ont également été renforcées. Le passage à un enseignement entièrement à distance, du 6 avril 2021 au 3 mai 2021 a impliqué une adaptation importante des pratiques pédagogiques et numériques. Il a supposé une coordination des équipes pédagogiques pour réguler la charge de travail pesant sur les élèves, notamment devant écran, alors que les enfants d’une même famille doivent souvent se partager l’accès aux outils numériques. Les enseignants ont relevé le défi de la préparation de leurs élèves au baccalauréat, dans ces conditions très particulières. L’adaptation des modalités d’organisation de l’examen, pour tenir compte du contexte dans lequel s’est déroulée cette préparation, ne s’est pas accompagnée d’une baisse du niveau d’exigence dans les enseignements. Ce niveau d’exigence a été maintenu tout au long de l’année scolaire. Les établissements d’enseignement supérieur ont prolongé en 2021-2022 les efforts qu’ils ont engagés depuis le début de la crise sanitaire pour accompagner les étudiants de première année, éviter leur décrochage et assurer leur réussite grâce à des mesures spécifiquement destinées aux primo-entrants, telles que la mise en place de tutorat. Des mesures adéquates ont été prises au cas par cas à la rentrée universitaire pour combler un éventuel retard et veiller, si nécessaire, à la remise à niveau des étudiants.


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