J – 5 / Conférence des familles : Conciliation vie familiale, vie professionnelle : les attentes des familles sont fortes et nécessitent des réponses concrètes

Communiqué de presse de l’Union nationale des associations familiales

Union nationale des associations familiales

Mobilisée de longue date sur les questions de conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, l’Union nationale des associations familiales a lancé une large démarche d’enquête sur les besoins des parents à l’arrivée d’un enfant dont les résultats, qui ont été versés aux travaux de la mission Damon Heydemann, seront publiés à l’occasion de la Conférence des Familles.

Entre avril et juin 2021, l’Union nationale des associations familiales, appuyée par le réseau des unions départementales des associations familiales et des associations familiales, a mené trois études pour collecter l’avis et les témoignages de jeunes familles.

Une étude qualitative approfondie auprès de quarante-cinq parents, une étude quantitative auprès de deux mille parents et la synthèse de treize débats avec les parents organisés par des unions départementales des associations familiales dans douze régions de France et un département d’outre-mer. Les témoignages collectés confirment qu’il n’y a pas de parcours type mais que tous les parents ont besoin de « lever le pied » à la naissance de leur bébé. La plupart sont obligés de jongler avec des moyens souvent informels pour pouvoir s’occuper de leur enfant.

Ce que disent les parents

  • L’arrivée de l’enfant bouleverse toute la vie des parents : 84 % des mères et la moitié des pères déclarent que la naissance a eu une ou plusieurs conséquences sur leur vie professionnelle. Pour les mères : réduction des horaires de travail 33 %, changement d’employeur 18 %, de poste 16 %, de métier 16 %, de lieu de travail 14 %, démission 7 %, rupture conventionnelle 5 % (source : enquête thématique).
  • Après la naissance, les parents ne se sentent plus suivis. Une mère témoigne : « J’étais très angoissée, j’ai demandé à voir une sage-femme mais personne ne m’a rappelée, je suis allée à la PMI mais il n’y avait personne de compétent donc je me suis sentie très seule… Pendant la grossesse on est hyper bien entourée mais à partir de l’accouchement plus rien, on n’a plus de droit, personne ne nous suit » (source : extrait des débats).
  • La reprise du travail est trop rapide. Deux tiers des mères utilisent une solution formelle ou informelle pour prolonger le congé maternité : congés payés, congé parental, chômage, congés, congés sans solde…
  • Laisser son bébé, si petit, est culpabilisant : 86 % des parents considèrent qu’ils sont eux-mêmes le meilleur mode de garde pour leur nouveau-né de moins de six mois.
  • Trouver un mode d’accueil reste un parcours difficile : 60 % des parents ont rencontré des difficultés dans leur recherche de mode de garde. Un père témoigne : « On m’a dit, c’est complet, vous auriez dû réfléchir à faire votre enfant au bon moment » (source : étude qualitative).
  • Le retour en entreprise n’est pas facilité. Une mère témoigne : « L’employeur n’était pas conscient que j’avais un bébé, qu’il fallait aménager un minimum mon temps de travail pour que je puisse le voir. Ce n’était pas une vie, mentalement c’était très compliqué » (source : étude qualitative).
  • Faire garder son bébé a un coût. Un père témoigne : « J’avais moins de mille euros, financièrement on ne pouvait pas faire garder notre fille, c’était trop juste » (source : étude qualitative).
  • Dans certains cas, les parents ont encore plus besoin de temps (gémellité, prématurité, handicap). Une mère témoigne : « J’ai deux garçons (huit ans) qui sont nés prématurés. J’ai été obligée de prendre un congé parental : c’était soit les garçons soit le boulot. J’ai repris le travail, les garçons avaient deux ans » (source : étude qualitative).
  • La disponibilité des pères est compliquée. Une mère témoigne : « Mon fils pleurait beaucoup et a fait ses nuits hyper tard, c’était compliqué. J’ai fait une dépression après l’accouchement, je me suis sentie complètement seule avec mon bébé, mon conjoint travaillait » (source : étude qualitative).
  • Il y a un manque d’information sur les droits, notamment des pères. Un père témoigne : « Pour le premier j’étais plus jeune donc j’osais moins. Il y a plein de droits qu’on ne connaît pas. On appréhende plus, on ne sait pas ce à quoi on a droit, on manque de confiance. J’aurais fait différemment si j’avais su. On n’est pas tellement informé sur les droits, les autres solutions de garde… J’ai découvert ça après ! » (source : étude qualitative).
  • Les mères et les pères plébiscitent le congé parental, s’il était mieux indemnisé : plus de 90 % des mères et 60 % des pères auraient modifié leurs parcours s’ils avaient pu bénéficier d’un congé parental mieux indemnisé. Les cinq bénéfices présumés d’un congé supplémentaire indemnisé ou d’un temps partiel sont :
    1. Moins de stress.
    2. Plus de bien-être pour l’enfant.
    3. Meilleure situation économique de la famille.
    4. Moins de fatigue, meilleure santé.
    5. Meilleur retour au travail.

Ce que demande l’Union nationale des associations familiales pour répondre aux difficultés vécues par les jeunes parents

  1. Créer un congé parental, accessible à tous, mieux indemnisé (75 % du revenu) jusqu’au un an de l’enfant.
  2. Améliorer l’information des mères et des pères sur leur droits, dès la grossesse.
  3. Développer les ressources disponibles pour les parents en difficultés après l’accouchement [1] et l’accompagnement à la parentalité dès les premiers mois de l’enfant, notamment en protection maternelle et infantile.
  4. Prévoir des solutions de reprise du travail en douceur.
  5. Garantir une place d’accueil, notamment à l’issue du congé parental.
  6. Quel que soit le mode de garde, réduire les restes à charge les plus élevés.
  7. Permettre un congé parental indemnisé jusqu’aux trois ans de l’enfant à temps partiel ou complet, notamment pour les parents dont les enfants requièrent une présence parentale renforcée (prématurité, naissances multiples, pathologies, handicap, adoption).
  8. Instituer un droit de demande d’aménagement horaire, de temps partiel ou de travail à distance, au moins jusqu’aux huit ans de l’enfant, avec obligation de motiver le refus.

Si l’allongement du congé paternité est un premier pas, l’élection présidentielle en mai 2022, l’application en juillet 2022 de la directive européenne Work life balance et la renégociation de la convention d’objectifs et de gestion de la branche famille, sont autant d’opportunités pour faire avancer la France en matière de conciliation. L’Union nationale des associations familiales milite pour que des mesures soient mises en œuvre afin de permettre aux parents d’avoir le temps de s’occuper de leur enfant sans sacrifier leurs revenus, leurs emplois, ni leurs carrières.

Note
  1. Rendre accessible le programme d’accompagnement au retour à domicile (Prado) permet aux familles d’être accompagnées à la sortie de la maternité, notamment par des techniciens de l’intervention sociale et familiale (TISF).

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