Sutour (Simon), Question écrite nº 10973 à la ministre des sports sur les difficultés rencontrées par les clubs de football féminins [Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 25 S (Q), 20 juin 2019, pp. 3175-3176].
M. Simon Sutour attire l’attention de Mme la ministre des sports sur les difficultés rencontrées par les clubs de football féminins.
Dans la perception genrée des sports dès l’enfance, les filles qui veulent pratiquer le football subissent trop de discriminations.
Pour celles qui entrent dans des clubs, la discrimination par rapport aux hommes est toujours d’actualité malgré de nombreux progrès en la matière.
Pour énormément de personnes, ce sport ne se décline pas au féminin, et devenir joueuse est presque un acte militant.
En effet, au sein des clubs, les filles sont considérées le plus souvent comme des femmes, et non comme des joueuses.
Au niveau des fédérations et des clubs de foot, les clubs féminins passent après les clubs des garçons ; n’ayant pas accès aux mêmes infrastructures, à la même visibilité, ni aux mêmes budgets.
C’est pourquoi plus de transparence sur l’allocation du budget alloué aux sections féminines des clubs et sur l’utilisation des infrastructures est attendue.
Les demandes des clubs féminins se basent sur plus de suivi et d’équité dans la répartition des moyens : la répartition des subventions est très inégalitaire entre les sections masculines et féminines des clubs.
Lorsque des subventions sont attribuées, la somme est distribuée en général en totalité aux hommes.
Aujourd’hui, il n’y a pas de suivi sur l’utilisation réelle des infrastructures dédiées aux femmes ; les terrains de foot durant l’entraînement des femmes sont bien trop souvent utilisés par les hommes alors qu’elles avaient prévenu à l’avance ! Les créneaux dédiés aux femmes ne sont pas respectés.
Accorder des infrastructures féminines à part entière se révèle très difficile. La parole semble enfin se libérer, et des avancées en la matière sont en marche comme à l’occasion de la coupe du monde féminine de football. Des joueuses ont pris la parole pour dénoncer les discriminations qu’elles ont subies ou dont elles ont été les témoins.
Pour la première fois également, TF1 et Canal+ retransmettront tous les matchs de la coupe alors que cela aurait été inimaginable il y a dix ans.
C’est pourquoi il lui demande quelles mesures le Gouvernement compte mettre en œuvre afin de faire évoluer les pratiques et les mentalités dans la pratique du football chez les femmes.
Réponse du Ministère des sports publiée dans le Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 35 S (Q), 5 septembre 2019, p. 4565.
L’égalité entre les femmes et les hommes a été déclarée « grande cause nationale » du quinquennat par le Président de la République. Le ministère des sports dispose d’une feuille de route qui vise à accélérer la politique d’égal accès des femmes et des hommes à la pratique sportive et aux responsabilités. L’un de ses objectifs prioritaires consiste en l’augmentation du nombre de pratiquants d’activités physiques et sportives. Celui-ci ne pourra être atteint sans assurer l’égalité d’accès de chacune et chacun à la pratique sportive. Cette politique s’appuie sur un cadre législatif et réglementaire, une instance de réflexion et de proposition qui associe tous les acteurs du sport avec la mise en place de la Conférence permanente du sport féminin en 2017. Il est important de souligner la prise de conscience du rôle et de la place des femmes dans le sport. Les avancées en matière d’égalité entre les femmes et les hommes sont en effet significatives avec des résultats concrets : les statuts des fédérations sportives intègrent désormais la féminisation des instances dirigeantes (loi du 4 août 2014) ; suite à l’ensemble des élections fédérales pour la période 2017-2020, le taux de féminisation est passé de 26,5 % en 2013 à 34,8 % en 2017. 87 fédérations sportives ont adopté un plan de féminisation qu’elles déploient aujourd’hui au niveau national et territorial ; entre 2012 et 2017, la progression de la pratique sportive licenciée est tirée par l’augmentation des licences féminines (+ 471 000 licences – 38,3 % de licences féminines contre 37 %) ; les missions de Directeur technique national ont été confiées à 14 femmes contre 7 lors de la précédente olympiade ; entre 2012 et 2017, le nombre de sportives de haut niveau (catégorie Élite) a augmenté de 3,3 % alors que dans le même temps la part des hommes a baissé de 0,3 %. Bien que significatifs, ces résultats méritent d’être confortés. La Conférence permanente du sport féminin est venue consolider cette dynamique. Cette instance représente le lieu d’échanges et de débats adapté car elle rassemble l’ensemble de ces acteurs : sportifs, médiatiques, économiques, institutionnels. Instrument de veille, force de propositions compte tenu de la qualité de ses membres, elle est l’outil d’appui du ministère pour proposer des évolutions et en assurer le suivi. 18 préconisations ont été validées et sont déployées dans la feuille de route fixée en 2019. Ces mesures concernent le développement des pratiques sportives à tous les niveaux, l’accompagnement des femmes pour leur accès aux responsabilités techniques et dirigeantes, la médiatisation du sport féminin et l’économie du sport. Au-delà, l’accueil, en France, de deux événements sportifs féminins internationaux – le Championnat d’Europe de Hand-Ball féminin qui s’est déroulé en décembre 2018 et la Coupe du Monde de football féminin qui s’est déroulée du 7 juin au 7 juillet 2019 – ont été des véritables catalyseurs pour assurer la médiatisation du sport féminin. Succès populaire, la coupe du monde a été suivie par plus de 11 millions de téléspectateurs, un record absolu. L’exposition du sport, et notamment de la pratique féminine, a un effet positif sur la pratique mais aussi sur l’attractivité auprès des partenaires et annonceurs et sur la consommation du spectacle sportif. La médiatisation est la clé de voûte permettant un cercle économique vertueux. La Conférence permanente du sport féminin a retenu des préconisations pour que cette médiatisation soit pérenne et permette de soutenir les développements de la pratique sportive féminine. Pour faire suite à la Coupe du monde 2019, la Fédération française de football (FFF) a prévu la mise en place d’un plan « héritage 2019 » qui doit permettre de laisser une empreinte durable pour le développement du football féminin en France. Celui-ci s’appuiera sur une enveloppe de 15 millions d’euros permettant de financer des projets aussi concrets dans les clubs que l’amélioration des vestiaires réservés aux féminines, par exemple. Ce plan visera également des objectifs chiffrés, dont un relatif à l’augmentation du nombre de licenciées. Il y a une dizaine d’années, la Fédération peinait encore à attirer 50 000 jeunes filles. Depuis, les récentes performances des Bleues ont permis d’accélérer l’attractivité de la discipline pour porter ce nombre à 184 228 au dernier recensement de mai. À la rentrée prochaine, la FFF espère franchir la barrière des 200 000 pour se rapprocher de l’Allemagne – référence européenne en la matière – et ses 250 000 licenciées. Cet accroissement nécessite des structures. Aujourd’hui, environ 6 000 clubs possèdent une section féminine. La FFF espère en compter rapidement 8 000. En complément, afin d’accueillir les nouvelles pratiquantes dans de bonnes conditions, la FFF a choisi d’encourager la formation des fonctions d’encadrement des clubs et des équipes. Enfin des préconisations visant à améliorer le statut de la joueuse professionnelle font l’objet de travaux entre les services du ministère des sports et les instances du football.
Question archivée au format PDF (222 Ko, 3 p.).