Revue de presse du 13 août 2019

Revue de presse










Des scientifiques japonnais de l’Université d’Hiroshima présentent ici une nouvelle méthode permettant de séparer les spermatozoïdes de souris portant un chromosome X de ceux portant un chromosome Y. Les spermatozoïdes peuvent ainsi être sélectionnés pour fertiliser un ovule afin d’obtenir une progéniture femelle (XX) ou mâle (XY). Cette méthode de séparation des spermatozoïdes pourrait aussi permettre la sélection du sexe dans la procréation médicalement assistée.

Cette découverte a été faite dans le cadre d’un projet visant à décoder et comprendre les différences entre les spermatozoïdes porteurs d’un chromosome X et ceux porteurs d’un chromosome Y. Les chercheurs ont constaté que les chromosomes X portent beaucoup plus de gènes que les chromosomes Y, et peuvent donc produire une gamme différente de protéines, notamment certains récepteurs pouvant se lier à des substances spécifiques. L’équipe s’est intéressée à deux de ces récepteurs – TLR7 et TLR8 – qui se lient à un médicament antitumoral et antiviral, le Resiquimod. Les scientifiques ont découvert que la vitesse de certains spermatozoïdes était inhibée lorsque le sperme de souris était exposé à une solution contenant ce médicament, lequel réduisait également le pourcentage de spermatozoïdes remontant vers une couche riche en nutriments dans une éprouvette. Il est apparu que le Resiquimod affecte spécifiquement les spermatozoïdes porteurs d’un chromosome X, sans toutefois les endommager – leur capacité à fusionner avec un ovule reste intacte.

Les chercheurs pensent que la liaison entre le Resiquimod et les récepteurs TLR7 et TLR8 affecte la production d’adénosine triphosphate, une substance qui fournit de l’énergie chimique autour des cellules : ses niveaux étant abaissés, les capacités natatoires des spermatozoïdes porteurs d’un chromosome X seraient ainsi réduites. Des résultats similaires ont été obtenus avec un autre médicament qui ne se lie qu’aux récepteurs TLR7.

Les chercheurs ont découvert que cette méthode peut être utilisée pour biaiser la reproduction des souris et obtenir ainsi une majorité de femelles ou de mâles dans une portée après fécondation in vitro. Des méthodes basées sur la taille relative des chromosomes X et Y, comme la cytométrie en flux, sont déjà utilisées pour trier les spermatozoïdes, mais elles sont coûteuses. Reposant sur les différences dans le mouvement des deux types de spermatozoïdes, la découverte de l’équipe japonaise pourrait donner le jour à une technique moins coûteuse et plus simple, qui pourrait être utilisée en agriculture si des effets similaires sont observés chez les animaux de ferme. On pourrait ainsi orienter la reproduction selon qu’elle est destinée à la production de lait (lequel n’est produit que par les femelles) ou de viande (la vitesse de croissance est beaucoup plus élevée chez les mâles – après castration – que chez les femelles).

Pour l’heure, reste à savoir si le processus peut s’appliquer à d’autres espèces animales… et aux humains. Quoiqu’aucune anormalité n’ait été constatée chez les souris nées de ces expérimentations japonaises, il faut encore vérifier qu’il n’existe aucun effet indésirable à long terme. Par ailleurs, demeurera le problème éthique du choix du sexe de l’embryon – déjà autorisé dans certains pays en cas de fécondation in vitro.

Francesco Arcuri vs Juana Rivas













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