Service national universel : Attention, un service peut en cacher un autre

Communiqué de presse des Juristes pour l’enfance

Juristes pour l’enfance

Le 16 juin, environ 2 000 jeunes de quinze-seize ans vont rejoindre des centres SNU pour y accomplir un « séjour de cohésion » de quinze jours. Un feu d’artifices médiatique est déjà préparé pour célébrer l’événement. Et on annonce pour les prochains jours des interventions du Premier Ministre et du Président de la République.

Juristes pour l’enfance renouvelle fermement son opposition à cette gigantesque opération d’enrôlement de la jeunesse. Et invite les Français à être lucides.

Le SNU, ce n’est pas S comme service, N comme national, U comme universel, c’est :

  • S comme Stages
  • N comme Normes
  • U comme Ubu

S comme stages

Nous l’avons déjà dit : contrairement aux jeunes majeurs de dix-huit ans ou plus précédemment appelés au service militaire, la cible du nouveau SNU est constituée par les jeunes garçons et filles de quinze ou seize ans, c’est-à-dire des enfants mineurs encore placés sous la responsabilité et l’autorité de leurs parents (article 371-1 du code civil). Il ne s’agit pas de leur donner une formation militaire ni même de les préparer à une formation militaire : aucun membre des forces armées en activité ne participe à l’encadrement de ces jeunes mineurs.

Il s’agit simplement de deux stages de quinze jours chacun : au cours du premier, intitulé « séjour de cohésion », les jeunes gens, placés en internat, reçoivent des compléments de formation ou une initiation sur une multitude de thèmes qu’ils pourront seulement effleurer ; au cours du second stage, ils accompliront une courte « mission d’intérêt général » auprès d’associations volontaires pour les accueillir … sans les payer !

N comme normes

Si les jeunes « appelés » (sic) des stages de cohésion ne se prépareront pas à devenir des « petits soldats » de la nation, en revanche tout sera fait pour qu’ils deviennent des « petits soldats » du progressisme macronien.

Le « politiquement correct » sera la norme. Un seul exemple : « Un temps de débats est prévu le soir après le dîner. Le 17 juin, autour du match France-Nigéria de la Coupe du monde féminine, il sera question de l’égalité femmes hommes » (déclaration de Gabriel Attal). Il ferait beau voir que les jeunes se contentent de parler de football ce soir-là ! D’ailleurs, dans plusieurs départements, la présence des préfets est annoncée pour ces débats fortement orientés !

En réalité, c’est toute l’architecture du système qui a été pensée en fonction des principes du macronisme, tels qu’ils sont énoncés dans le « manifeste » de ses deux stratèges David Amiel et Ismaël Emelien, Le Progrès ne tombe pas du ciel (Fayard, avril 2019). Le premier principe, « Choisir notre vie », donne son sens aux stages de cohésion ; le deuxième principe, « Agir ensemble », justifie les stages d’intérêt général ; le troisième principe, « S’engager, devenir des “progresseurs” », explique la période d’engagement possible à l’issue des stages.

U comme Ubu

Le maquillage de stages en « service national » n’a, on le sait, qu’une seule raison : faire « comme si » M. Macron tenait sa promesse de campagne de créer un « service militaire obligatoire, ouvert aux hommes et aux femmes, d’une durée obligatoire de trois à six mois ».

Nul doute que le gouvernement s’emploiera le plus longtemps possible à maintenir l’ambiguïté. Il pourra ainsi mettre en valeur des figures de jeunes disciplinés, enthousiasmés, engagés. En faisant l’impasse sur trois « détails » :

  • Premier « détail » : les 2 000 jeunes dont on parle aujourd’hui ne représentent que 2,5 ‰ de la population de jeunes visée par le gouvernement. Or l’objectif est d’enrôler toute une classe d’âge, soit 800 000 jeunes. Qui ne voit pas qu’en changeant de dimension, le système changera complètement d’aspect ?
  • Deuxième « détail » : les 2 000 jeunes sont volontaires – ou réputés volontaires. Or l’objectif est de rendre le système obligatoire, avec des sanctions pour les « déserteurs ». Qui ne voit pas qu’en changeant de nature, le système changera complètement d’image ?
  • Troisième « détail » : pour accueillir et encadrer 800 000 jeunes, 2 à 3 milliards d’euros seront nécessaires chaque année. L’État ne sait pas encore où il va les trouver. Et surtout, pour porter une nouvelle atteinte aux libertés individuelles des jeunes et pour les soustraire à l’autorité de leurs parents, l’État doit être autorisé par une loi, et sans doute même par la Constitution. Or aucun texte n’a été voté. Qui ne voit donc pas que toute la communication actuelle autour du SNU vise à obliger les Français à prendre des vessies pour des lanternes ?

La France n’est pas le royaume d’Ubu. Juristes pour l’enfance renouvelle donc solennellement son appel aux parents pour qu’ils refusent l’enrôlement de la jeunesse par l’État, au mépris de leur responsabilité de premiers éducateurs de leurs enfants.

Non à l’embrigadement des enfants

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