Revue de presse du 2 février 2016

Revue de presse

Deuxième rapport de l’Observatoire national du suicideAvec près de 10 000 décès par an et plus de 200 000 tentatives, les conduites suicidaires constituent une préoccupation majeure en France. Face à ces chiffres préoccupants, l’Observatoire national du suicide a été créé en 2013. Présidé par Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, piloté par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques en partenariat avec l’Institut de veille sanitaire, l’Observatoire national du suicide regroupe tous les acteurs concernés par le suicide et sa prévention (associations, caisses de sécurité sociale, chercheurs, ministères et professionnels de santé). Sa composition plurielle lui permet de conduire des travaux transdisciplinaires, de confronter des points de vue complémentaires et de construire un dialogue très riche entre ses membres. Régulièrement sollicité par des institutions et des personnes non membres, l’Observatoire national du suicide a ainsi trouvé sa place dans le paysage de la connaissance du suicide et de sa prévention.

Publié le 2 décembre 2014, son premier rapport (État des lieux des connaissances et perspectives de recherche) s’était attaché à établir un état des lieux des connaissances sur le suicide en décrivant les systèmes d’information disponibles au niveau national permettant d’estimer le nombre de suicides et de tentatives de suicide en France. Il avait aussi décrit le programme national d’actions ainsi que les interventions auprès de populations spécifiques comme les agriculteurs ou les personnes en milieu carcéral. Il avait également proposé un état des lieux des actions de prévention évaluées comme efficaces pour réduire les comportements suicidaires, en France et à l’étranger et produit un état de la recherche en matière de suicide. Il avait émis un certain nombre de recommandations pour l’amélioration du système de surveillance du suicide et l’approfondissement des connaissances. Il avait enfin permis d’identifier les zones d’ombre en matière de recherche, ce qui avait conduit au lancement d’un appel à recherche en février 2015.

Dans ce deuxième rapport, l’Observatoire national du suicide poursuit sa réflexion pour mieux comprendre et prévenir ce fléau de santé publique. Se situant dans la continuité du rapport précédent, il propose tout d’abord une synthèse des réflexions et des travaux conduits par l’Observatoire au cours de l’année 2015. En particulier, il établit le bilan de l’appel à recherche, lancé par l’Institut de recherche en santé publique et financé par la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés, la Direction générale de la santé et la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques. Cet appel, qui a connu un franc succès avec vingt-huit projets déposés, permet de soutenir cinq recherches portant sur différentes populations et s’appuyant sur diverses disciplines scientifiques. Le rapport s’attache ensuite à mettre en lumière les données et les actions de prévention, menées au niveau local ou national, par les associations ou les pouvoirs publics. Il fait aussi le point sur les connaissances récentes concernant le rôle joué par les facteurs de risque et de protection du suicide. Il propose, enfin, les dernières statistiques disponibles et un suivi des recommandations énoncées dans le premier rapport. Celles-ci sont complétées par de nouvelles perspectives et pistes de réflexion.

Trois extraits (les passages en gras sont de notre fait) :

« En 2012, le suicide a causé la mort de 9715 personnes en France métropolitaine, soit près de 27 décès par jour, loin devant la mortalité routière qui s’est élevée, cette même année, à 3426 victimes. Aussi précis soit-il, ce décompte ne doit pas faire oublier qu’il s’agit là d’une estimation puisqu’en raison d’erreurs ou d’absence de codage parmi les 558 408 certificats de décès enregistrés en 2012, le nombre de suicides se rapproche plus vraisemblablement des 10 700 décès. De la préadolescence au grand âge, le suicide concerne l’ensemble de la société même s’il se pose avec plus d’acuité pour les hommes et chez les personnes âgées. 75 % des décès par suicide sont masculins. La surmortalité masculine est présente à tous les âges, bien que davantage marquée entre 25 et 44 ans où la part des décès masculins avoisine 80 %. » (p. 13)

« Concernant les situations et contextes psychosociaux fréquemment en jeu dans la souffrance exprimée, les remontées des écoutants soulignent tout particulièrement la solitude extrême des appelants : celle des femmes suite à une séparation, un divorce, un deuil, une maladie ou le cumul de plusieurs facteurs ; celle des hommes suite à une séparation, un divorce et très souvent la perte du lien avec leurs enfants qui est un thème majeur de souffrance exprimée. » (p. 91)

« Les raisons évoquées par les sujets qui réalisent des gestes suicidaires sont dans la majorité des cas en rapport avec des séparations, des conflits conjugaux ou d’autres problèmes relationnels […]. Toutes ces conditions conduiraient à un sentiment de rejet social ou d’exclusion sociale. Il a été démontré que l’effet de l’exclusion sociale est intermédié par des régions cérébrales démontrées comme impliquées dans la vulnérabilité suicidaire […]. Aussi on peut faire l’hypothèse que les sujets porteurs d’une vulnérabilité suicidaire sont des sujets particulièrement sensibles aux signaux d’exclusion et de rejet social et, au contraire, particulièrement insensibles à des signaux de soutien social du fait de ces caractéristiques neuroanatomiques. Dans ces conditions, les individus pourraient alors développer un sentiment de douleur psychologique et une neuro-inflammation qui sont également consécutives de l’activation de ces régions cérébrales particulières. » (p. 132)

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