Guérini (Jean-Noël), question écrite nº 25742 au ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports sur les difficultés en lecture des jeunes Français [Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 48 S (Q), 9 décembre 2021, p. 6732].
M. Jean-Noël Guérini appelle l’attention de M. le ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports sur les compétences en lecture des élèves français.
2,4 millions d’élèves de CP, CE1 et sixième ont passé des évaluations nationales en septembre 2021. Depuis 2018, ces tests en français et en mathématiques permettent de mesurer leurs progrès d’une année sur l’autre. Après une baisse en 2020, on peut se réjouir que les résultats montrent que les élèves ont globalement retrouvé le niveau d’avant la crise sanitaire. On constate même quelques progrès, notamment une réduction des écarts entre les élèves de l’éducation prioritaire et les autres. Pour autant, la lecture constitue encore un obstacle pour trop d’élèves de sixième. Le test dit de fluence permet d’estimer la capacité à lire de façon fluide un texte inconnu d’une quinzaine de lignes. Un élève sur deux seulement parvient à atteindre le niveau requis, qui consiste à lire plus de 120 mots en une minute ; 15 % des élèves sont même à moins de 90 mots par minute, ce qui équivaut à un niveau CE2. Ces résultats sont encore plus alarmants dans les réseaux d’éducation prioritaire renforcée (REP+), où 35 % des élèves atteignent les 120 mots, tandis que 31 % sont à moins de 90 mots.
Sachant que le président de la République a fait de la lecture une « grande cause nationale » jusqu’à l’été 2022, il lui demande comment améliorer les compétences en lecture des jeunes Français.
Réponse du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports publiée dans le Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 17 S (Q), 28 avril 2022, pp. 2336-2337.
Depuis 2017, notre système éducatif est engagé dans un double effort d’élévation du niveau général des élèves et de justice sociale. L’école primaire constitue l’étape première et cruciale de la construction d’un parcours scolaire réussi, de l’école maternelle au lycée. Parce que la lecture et l’écriture sont au cœur de tous les apprentissages, en assurer la maîtrise chez tous les élèves du premier degré, s’est imposé comme l’une des priorités de la politique éducative engagée par le ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports en faveur de la maîtrise des savoirs fondamentaux. Des objectifs d’enseignement concourant à former un lecteur efficace ont été priorisés pour les professeurs des écoles afin de garantir l’autonomie de lecture nécessaire au travail attendu à l’entrée en sixième. Ils ciblent l’automatisation nécessaire des mécanismes de déchiffrage, d’identification des mots et de construction du sens intégrés chez un lecteur aguerri. Un important travail d’automatisation du code, de la fluence de lecture, de stratégies de compréhension, selon l’état des connaissances et apports scientifiques actuels, a été engagé, entretenu et renforcé à tous les niveaux d’enseignement, dès le cours préparatoire (CP), par une pratique quotidienne de la lecture (silencieuse et à voix haute) et un enseignement explicite des stratégies mise en œuvres. Pour soutenir et renforcer les compétences professionnelles dans ce domaine d’enseignement, un fort accent a été mis sur la formation initiale et continue des professeurs des écoles. La mise en œuvre d’un Plan Français dense et ambitieux sur une durée de six années, a permis l’émergence d’une dynamique de formation et d’accompagnement au plus près du terrain. Plébiscitée par les professeurs, cette nouvelle démarche de formation continue intègre une analyse réflexive des pratiques, accompagnée et animée par un formateur de proximité, pour permettre aux professeurs des écoles impliqués de faire progresser leurs enseignements en faveur de la réussite de tous les élèves. Depuis 2020, six jours de formation à l’échelon national et dix-huit jours en académie permettent à environ mille cinq cents référents français de circonscription de monter en compétences pour développer, perfectionner la professionnalité des professeurs des écoles sur l’enseignement de la lecture et de l’écriture. Ces actions continuent d’apporter des solutions concrètes, adaptées aux difficultés rencontrées et aux publics concernés. Un guide a été élaboré pour soutenir l’action des pilotes et des référents en académie, dans la mise en œuvre qualitative de ce Plan. Des ressources d’accompagnement, destinées aux formateurs, aux professeurs des écoles et aux inspecteurs de l’éducation nationale (IEN) ont été produites par la direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) pour expliciter et soutenir les pratiques efficaces qui concourent à la réussite de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture pour 100 % des élèves. Des guides de référence, fondés sur l’état de la recherche en lecture ont été publiés et largement diffusés aux professeurs des écoles et cadres pédagogiques. Ils insistent, entre autres, sur l’importance de l’acquisition d’un processus aisé d’identification de mots écrits pour la compréhension des textes lus. Des repères annuels de progressions et des attendus de fin d’année ont été élaborés, en complément des programmes en vigueur. Des recommandations pour construire un parcours de lecteur cohérent et efficace ont été émises en avril 2018. Les classes de grande section de maternelle (GS), de cours préparatoire (CP), de classe élémentaire 1ère année (CE1) situées dans les réseaux d’éducation prioritaire ont été dédoublées pour créer des conditions d’enseignement favorables à une meilleure progression des élèves les plus fragiles. Afin de permettre aux professeurs des écoles d’adapter leurs pratiques pédagogiques à leur classe, des évaluations nationales ont été mises en œuvre, dès 2018, dans toutes les classes de sixième mais aussi de CP, de CE1 en début d’année scolaire et à mi-parcours. Ces évaluations fournissent aux professeurs des repères individuels détaillés quant aux acquis et aux besoins en lecture des élèves. Proposé dans le cadre des évaluations de 6e, un test de fluence en lecture, mis en œuvre depuis 2020, apporte plus particulièrement de nouveaux éléments d’appréciation des compétences en lecture des élèves en fin d’école élémentaire. Il permet aux équipes pédagogiques d’identifier dès le début de l’année de 6è les élèves pour lesquels des aides ciblées pourront être proposées dans le cadre notamment des temps d’accompagnement personnalisé ou dans le cadre du dispositif devoirs faits. Ces évaluations soutiennent également le pilotage pédagogique dans les établissements et dans le cadre de la continuité école/collège. Tous les corps d’encadrement des premier et second degrés sont mobilisés pour sensibiliser l’ensemble des professeurs à l’importance de l’enjeu de cette acquisition de la lecture et les aider à adapter leurs pratiques professionnelles en conséquence. Des temps de formation continue organisés localement ont permis de présenter, à tous, les acquis de la recherche et les recommandations dans ce domaine. Les inspecteurs et leurs équipes indiquent que les professeurs se sont emparés de ces éléments et que les pratiques de classe ont progressé dans le sens attendu. Grâce à l’engagement de tous les professeurs et des équipes qui les soutiennent, les mesures engagées produisent déjà des effets significatifs. Il s’agit donc de continuer l’œuvre engagée afin de mener notre école au meilleur niveau et d’accompagner dans la durée les élèves vers la réussite des apprentissages.
Question archivée au format PDF (112 Ko, 3 p.).