Karoutchi (Roger), question écrite nº 13498 au ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse sur la montée des inégalités scolaires [Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 50 S (Q), 19 décembre 2019, p. 6206].
M. Roger Karoutchi attire l’attention de M. le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse sur la montée des inégalités scolaires. Le 3 décembre 2019 a été rendue publique la nouvelle édition du classement du programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) qui mesure les résultats scolaires des pays de l’organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Si la France stagne légèrement au-dessus de la moyenne, l’étude révèle que son système éducatif est toujours l’un des plus inégalitaires. S’agissant de la lecture en particulier, les élèves issus de milieux défavorisés sont cinq fois moins nombreux à atteindre le niveau minimal requis que ceux issus de milieux favorisés. L’égalité des chances doit pourtant être le pilier de notre modèle d’éducation républicain. Face à cette situation préoccupante, il lui demande de clarifier sa stratégie de lutte contre les inégalités scolaires.
Réponse du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports publiée dans le Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 12 S (Q), 24 mars 2022, pp. 1558.
Après un fort décrochage entre 2000 et 2006, on ne peut que se réjouir que la France stabilise au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE ses résultats PISA 2018. Le poids des déterminismes socio-économiques est encore très fort mais ne s’accroit plus, et l’écart de résultats entre filles et garçons, plus faible que la moyenne, tend à se réduire. L’enquête internationale souligne que les pays qui ont le plus progressé ont agi à la fois sur l’organisation de leur système scolaire et sur les méthodes pédagogiques. Les méthodes explicites, systématiques et dont les résultats sont mesurés par des évaluations sont les leviers essentiels des progrès des systèmes éducatifs. Ces constats viennent conforter le diagnostic posé, à l’origine de la politique d’élévation du niveau et de justice sociale déployée par le Gouvernement. Afin d’attaquer à la racine la difficulté scolaire, la priorité a été mise sur l’école primaire : instruction à 3 ans, dédoublement des classes de CP et de CE1 en zone d’éducation prioritaire au profit de 300 000 élèves, dédoublement à venir des grandes sections de maternelle en zone d’éducation prioritaire, 8 000 postes créés depuis 2017, évaluations nationales en début d’année scolaire en CP et CE1 pour permettre aux professeurs de mieux répondre aux besoins des élèves, renforcement des méthodes de lecture et de mathématiques, transformation de la formation continue des professeurs. À la rentrée 2020, l’éducation nationale a poursuivi son engagement en faveur du primaire tout en préservant les moyens d’enseignement pour le collège et le lycée. Cet engagement constant en faveur de l’école primaire traduit la volonté de l’éducation nationale d’approfondir son effort pour assurer la maîtrise des savoirs fondamentaux par tous les élèves et permettre la réussite des élèves de tous les territoires. En outre, conformément à la mobilisation nationale pour les quartiers les plus démunis souhaitée par le Président de la République, le ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse se préoccupe tout particulièrement des élèves les plus défavorisés. Aux côtés du ministère chargé de la ville et du logement, il s’implique dans le programme des Cités éducatives, afin d’accompagner au mieux chaque parcours éducatif individuel, depuis la petite enfance jusqu’à l’insertion professionnelle, dans tous les temps et espaces de vie. À travers ce programme, le Gouvernement entend fédérer tous les acteurs éducatifs – services de l’État, collectivités mais aussi associations et habitants – dans les territoires qui en ont le plus besoin, tout en leur apportant des financements nouveaux. En effet, comme l’a souligné le ministre de l’éducation, « C’est par l’école qu’il est possible de lutter à la racine contre les déterminismes et les assignations, c’est par l’école qu’on élève le niveau général et qu’on œuvre à la justice sociale. Les cités éducatives, dont le cœur est le collège du quartier, vont permettre de fédérer tous les acteurs et d’offrir aux enfants une éducation de qualité sur le temps scolaire, périscolaire et extrascolaire. » Ainsi à la rentrée 2019, les 80 cités éducatives labellisées se situaient dans les grands quartiers d’habitat social de plus de 5 000 habitants, présentant des dysfonctionnements urbains importants et avec des enjeux de mixité scolaire. Ce programme vise à coordonner les prises en charge éducatives de 450 000 enfants et jeunes de 0 à 25 ans au travers d’une grande alliance des acteurs éducatifs travaillant dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville : services de l’État, des collectivités, associations, habitants. Une enveloppe de 100 M€ de crédits de la politique de la ville a été allouée pour la période 2020-2022, afin d’impulser une dynamique avec les collectivités et les associations, ainsi qu’un accompagnement renforcé de la préfecture et un principal de collège dédié dans chaque cité éducative. Le programme repose enfin sur trois axes d’intervention forts : conforter le rôle de l’École, promouvoir la continuité éducative, ouvrir le champ des possibles.
Question archivée au format PDF (113 Ko, 3 p.).