Vogel (Mélanie), question d’actualité au gouvernement nº 2140G sur la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, en particulier dans le monde politique, adressée à la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances lors de la séance publique du 24 novembre 2021.
M. le président. La parole est à Mme Mélanie Vogel, pour le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)
Mme Mélanie Vogel. Madame la ministre, demain, nous serons le 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes.
Lundi dernier, nous avons été près de 300 femmes actives en politique – certaines sont d’ailleurs assises aujourd’hui dans cet hémicycle – à signer une tribune pour appeler le monde politique à tirer les leçons du mouvement #MeToo en formulant des demandes très claires : ne pas parrainer des agresseurs à l’élection présidentielle, ne pas investir des agresseurs aux élections législatives, ne pas embaucher des agresseurs.
Pourquoi demander d’écarter du monde politique les agresseurs ? Parce que les violences sexistes et sexuelles sont un système.
Au-delà de la souffrance, des traumas, des nausées, des insomnies, les violences sexistes et sexuelles visent un objectif politique précis : ramener les femmes à un statut d’objet, nier leur capacité à occuper leur place dans la société et, progressivement, en faisant de leur vie professionnelle et politique un enfer, les détourner des sphères de pouvoir. (Brouhaha sur certaines travées.)
M. Guy Benarroche. Un peu d’écoute, s’il vous plaît !
Mme Mélanie Vogel. Madame la ministre, la clé de voûte de ce système, celle qui pourrit notre société et l’empêche d’avancer, c’est l’impunité. Celle-ci envoie aux agresseurs un message très clair, « il ne se passera rien, continuez », et aux victimes un message tout aussi clair, « on ne vous croit pas et, si l’on vous croit, on s’en fout ».
Aucune ministre n’a signé cette tribune, aucune parlementaire de la majorité présidentielle non plus. Le Gouvernement n’a pas réagi. Bien sûr, tout le monde comprend bien votre gêne.
Pour ma part, je l’ai dit très clairement, je ne jette pas la pierre aux femmes qui n’ont ni les moyens ni le courage de signer un tel texte. Pour autant, le silence du Gouvernement blesse.
Ma question est donc très simple. Je ne vous demande évidemment pas de me parler des années qui viennent de s’écouler et de votre bilan. Je vous demande de me parler de l’avenir : vous engagez-vous oui ou non à répondre aux demandes des signataires de cette tribune et, si oui, comment ? (Applaudissements sur les travées du groupe GEST. – Mme Laurence Rossignol ainsi que MM. David Assouline et Patrick Kanner applaudissent également.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances.
Mme Élisabeth Moreno, ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances. Madame la sénatrice Vogel, j’ai évidemment lu cette tribune, comme je suis toutes les actions qui tournent autour de la libération de la parole des femmes dans notre pays, que ce soit dans la sphère publique ou dans la sphère privée.
J’ai lu vos doléances et j’ai surtout constaté votre négation de toutes les actions que ce gouvernement a mises en place pour lutter contre les violences faites aux femmes depuis 2017. On peut nous reprocher beaucoup, mais ce qui est certain, et je le dis de manière factuelle et concrète, c’est qu’aucun gouvernement avant celui-ci n’a autant lutté contre toutes les formes de violences faites aux femmes. (Protestations sur les travées des groupes GEST, SER et Les Républicains.)
C’est peut-être désagréable à entendre,…
M. Guy Benarroche. Vous ne répondez pas à la question !
Mme Élisabeth Moreno, ministre déléguée. … mais je le répète. C’est ce gouvernement qui a organisé le Grenelle des violences conjugales. C’est ce gouvernement qui a augmenté de 60 % le nombre de places d’hébergement pour accueillir les victimes. C’est encore ce gouvernement qui a formé plus de 90 000 policiers et gendarmes pour accueillir la parole des victimes. C’est toujours ce gouvernement qui s’est occupé des enfants et des auteurs de violences.
Mme Marie-Pierre de La Gontrie. Ce n’est pas la question !
Mme Élisabeth Moreno, ministre déléguée. Je veux bien que l’on nous reproche beaucoup de choses, mais pas de ne pas agir !
Sauf erreur de ma part, cette tribune niait cette grande cause du quinquennat. C’est pourquoi, les yeux dans les yeux (Exclamations amusées sur les travées du groupe Les Républicains.), je vous le dis : je soutiens évidemment la demande que vous formulez (Ah ! sur les travées du groupe GEST.), mais je ne soutiens absolument pas le bilan que vous dressez de la grande cause du quinquennat. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
Mise à jour du 25 novembre 2021
Question archivée [Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 122 S (C.R.), 25 novembre 2021, pp. 11226-11227] au format PDF (3.36 Mo, 3 p.).