La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants a été crée suite à l’annonce d’Emmanuel Macron le 23 janvier 2021 et a été installée par Adrien Taquet le 11 mars 2021. Elle a publié le 27 octobre dernier un avis intitulé Inceste : protéger les enfants. À propos des mères en lutte.
L’aliénation parentale y est qualifiée de « pseudo-concept » qui souffrirait d’une « absence de validation scientifique », relèverait de « discours anti-victimaires », et contribuerait à l’« invisibilisation des violences sexuelles ».
Rien que ça…
On reste confondu devant tant de méconnaissance caricaturale de la question de l’aliénation parentale. Il apparaît nécessaire face à une tel niveau de désinformation de rappeler quelques éléments.
À propos d’aliénation parentale et de scientificité
L’aliénation parentale recouvre les situations dans lesquelles un enfant fait alliance avec un parent et rejette sans raison légitime la relation avec l’autre parent. L’aliénation parentale en tant que phénomène est donc sans aucun doute vieille comme le monde.
La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants se plait à insister sur le fait que la première tentative de qualifier et circonscrire ce phénomène a été réalisée par le controversé psychiatre américain Richard Gardner en 1985. Beaucoup a été dit et écrit sur les défauts de cette première tentative. Est-il besoin de polémiquer encore à ce propos presque quarante ans plus tard, alors que les définitions et caractérisations de l’aliénation parentale qui font autorité sont depuis longtemps exemptes de ce qui a été reproché à Gardner ?
Il paraît difficile aujourd’hui de contester brutalement, comme le fait la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, la scientificité du concept d’aliénation parentale. Des centaines d’articles scientifique ont été publiés sur la question. L’université Vanderbilt à Nashville maintient une base de données bibliographiques consacrée au domaine de l’aliénation parentale qui contient plus de mille entrées [1]. Le Parental Alienation Study Group compte plus de huit cents membres, dont beaucoup de chercheurs et de professionnels de la santé et du droit, et organise une conférence internationale annuelle dont la dernière édition s’est tenue en septembre 2021 à Bruxelles. On peut discuter, critiquer, apporter arguments et contre-arguments. C’est le propre du débat scientifique et démocratique. Mais disqualifier l’aliénation parentale d’un revers de la main comme le fait la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants n’est pas sérieux.
À propos de visibilité des différentes formes de violences
Les violences sexuelles sur mineurs sont des violences faites à des enfants. L’aliénation parentale constitue aussi une violence faite à des enfants qui grandiront coupés d’une moitié d’eux-mêmes.
Ces deux formes différentes de violence ne doivent pas être mises en concurrence.
Rappelons que, par définition, un enfant en situation d’aliénation parentale est un enfant qui rejette un de ses parents sans raison légitime. La violence sexuelle – ou tout autre violence – envers un enfant est bien évidemment une raison légitime. Un enfant victime de violences sexuelles n’est donc pas, par définition, victime d’aliénation parentale.
La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants s’inquiète que des auteurs de violences sexuelles envers leur enfant plaident devant les tribunaux l’aliénation parentale. En réaction, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants milite pour la disqualification, voire l’interdiction d’usage, de l’aliénation parentale. Ce n’est évidemment pas la bonne approche.
L’intérêt des enfants n’est pas d’invisibiliser des violences faites à des enfants, en l’occurrence l’aliénation parentale, sous prétexte de donner plus de visibilité à d’autres violences faites à des enfants, en l’occurrence les violences sexuelles. Il faut former les magistrats et plus généralement les professionnels de l’enfance à la caractérisation des violences sexuelles et à la caractérisation de l’aliénation parentale.
Plus généralement, l’aliénation parentale fait l’objet d’intenses attaques et polémiques menées par des activistes qui y voient, à tort, une menace pour les femmes. Ces attaques sont tout simplement absurdes. De nombreuses mères sont victimes d’aliénation parentale. L’Association contre l’aliénation parentale a d’ailleurs été fondée par deux femmes, et apporte chaque année son soutien à de nombreuses mères victimes d’aliénation parentale. Il est déplorable que la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants se fourvoie ainsi.
Vers moins de discours caricaturaux ?
Toutes les violences dont sont victimes des enfants doivent faire l’objet de politiques publiques. Les mères, les pères, et les enfants coupés injustement de liens parentaux ont besoin d’un débat positif et sérieux qui n’invisibiliserait aucune violence.
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