Communiqué de l’Association contre l’aliénation parentale
À peine la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants avait-elle déposé ses conclusions que vous repreniez les uns après les autres, presse écrite et radios confondues, un quasi-même article au titre légèrement variable mais juxtaposant « les violences sexuelles faites aux enfants » avec « pour en finir avec le pseudo-syndrome d’aliénation parentale » sans que l’on puisse comprendre d’ailleurs de quoi il s’agit exactement, comme si l’un était la conséquence de l’autre.
Présidente-fondatrice de l’Association contre l’aliénation parentale pour le maintien du lien familial, officiellement déclarée en préfecture en 2005, reconnue d’utilité publique et parrainée par madame Simone Veil depuis 2007), quelle ne fût ma surprise de voir exploser une telle campagne de presse sans que personne de notre association, ni aucun professionnel compétent sur le sujet, les détracteurs mis à part, n’ait été contacté.
Devant la violence de vos propos faisant un amalgame abject et incompréhensible entre deux maltraitances sur enfant bien distinctes, l’une de nature sexuelle et l’autre purement psychologique, dans un premier temps, j’ai voulu vous expliquer la différence entre les deux.
J’ai voulu vous dire que l’aliénation parentale concerne un enfant pris en otage entre deux parents qui se séparent et à qui il est demandé de choisir son camp en rejetant son autre parent ; que tout commençait avec cette petite phrase trop souvent entendue lors des séparations douloureuses : « si tu me quittes, tu ne verras plus jamais les enfants » ; que cette confiscation d’enfant s’appuie généralement sur des prétextes futiles ou des arguments fallacieux ; qu’elle peut également survenir bien après la rupture, quand le fait que l’ex-conjoint refasse sa vie devient insupportable ; qu’elle suppose, pour être retenue comme diagnostic, que la relation antérieure entre l’enfant et le parent rejeté ait été riche, bienveillante et naturellement, en l’absence de toute forme de maltraitance.
J’ai voulu vous dire que l’aliénation parentale n’a pas de genre, que nous avions dans notre association autant de mères que de pères en rupture de liens avec leurs enfants suite à une séparation qui aurait pu être amiable et responsable, mais qui est devenue haineuse de la part d’un parent ; que rien n’est pire pour une mère (ou un père) que de se faire brusquement insulter, frapper ou pire être ignorée par ses propres enfants et que des milliers de mères vivent dans cette souffrance au quotidien et qu’elles ne sont en rien incestueuses ; que des grands-parents meurent dans le chagrin sans jamais avoir pu revoir des petits enfants qui ont subitement rejeté toute leur famille sans aucune autre justification que le divorce de leurs parents ; que ces situations en elles-mêmes n’auraient pas vraiment besoin d’experts car tout le monde sait « qu’un parent peut monter la tête de son enfant par vengeance ».
J’ai voulu également vous dire que le conflit de loyauté dont l’enfant est l’objet est bien connu de tous, mais que le diagnostic de l’aliénation parentale est essentiel pour entendre et comprendre les paroles de l’enfant, car une fois le lien rompu, les outils psycho-judicaires dont disposent les magistrats de la famille ne sont plus opérants.
J’ai surtout voulu vous dire que les enfants qui sont amenés à rejeter leur parent (et généralement toute la famille de ce dernier) sur la base d’allégations décalées de la réalité, que ce soit sous emprise, contrainte ou de leur propre initiative, vont subir toute la vie de très graves conséquences cette amputation d’une partie de leur famille.
J’ai voulu ensuite vous inviter à vous informer sur les mesures de prévention des ruptures de liens familiaux et les pratiques innovantes mises en place dans les tribunaux de la famille, en Allemagne à Cochem et en Belgique à Dinant, où le modèle de consensus parental est en passe d’être étendu à l’ensemble du pays. J’ai même voulu vous envoyer la déclaration du ministre belge de la justice qui aurait été tellement utile pour les assises de la justice sinistrée de notre pays, ainsi que des témoignages d’adultes plus ou moins jeunes, qui ont été coupés d’un de leur parent dans leur enfance…
Puis je me suis rappelée que nous avions un site internet www.acalpa.info sur lequel toutes ces informations étaient en libre accès, ainsi que de nombreuses publications en langue française et que des dizaines de décisions de la Cour européenne des droits de l’homme faisaient mention de l’aliénation parentale ; que des sites internet canadiens permettaient une lecture rapide pour les journalistes trop pressés pour consulter le site pasg.info qui présente près d’un millier de publications scientifiques (en anglais) ainsi que des vidéos de soixante-deux pays, car l’aliénation parentale est un sujet qui n’a pas de frontières.
Le déchainement médiatique auquel vous avez contribué en toute partialité m’a rappelé que nous n’étions pas dans un débat universitaire contradictoire basé sur des sources vérifiées et des statistiques significatives, mais dans une stratégie de fake news.
Nous étions face à une chasse au mauvais objet mâle patriarcal procréateur et qu’on avait sonné l’heure du #balancelepère. Les personnes qui vomissent sur l’aliénation parentale en faisant l’amalgame avec l’inceste, voire avec des réseaux pédophiles, sous couvert de protéger des enfants de leurs agresseurs (ce qui est éminemment louable et légitime), ont pour objectif de détruire l’existence même du concept d’aliénation parentale et de l’enterrer dans la fosse à purin médiatique avec non seulement tous les pères rejetés (pour vous forcément coupables d’une maltraitance quelconque, voire du pire, car « il n’y a pas de fumée sans feu »), mais également avec tous ceux qui de près ou de loin ont utilisé ces deux mots soit dans des expertises, soit dans des jugements, soit dans des plaidoiries ou des publications.
Sachez que les auteurs de cet amalgame nauséabond à l’encontre des pères se rendent responsables du malheur d’autres femmes dans leur déni – volontaire ou de mauvaise foi – du fait que de très nombreuses mères sont également rejetées par leurs enfants dans des situations d’aliénation parentale, sans qu’elles aient été maltraitantes ou abusives. Elles ne grimpent pas dans les grues ; elles pleurent et tombent malades en silence. Votre silence médiatique les a détruites une deuxième fois.
Nous avons toujours reconnu et dénoncé toutes les maltraitances contre les enfants, y compris les crimes d’inceste bien évidemment. Mais apparemment la protection de l’enfance est un terrain de chasse jalousement gardé où l’aliénation parentale n’est pas acceptée, alors qu’elle est facilement identifiable. En affirmant que le crime d’inceste est lié à l’aliénation parentale, vous détournez la parole d’enfants que vous condamnez ainsi à vivre orphelin d’un parent bientraitant sur lequel vous jetez la pire des infamies.
Mesdames, Messieurs les journalistes, n’abdiquez pas de votre sens critique devant des conclusions trop faciles d’un fil d’information unidirectionnel et menez une véritable enquête sur la réalité des situations et les souffrances des familles. Évidemment, les abuseurs d’enfant doivent être sévèrement sanctionnés, mais de grâce renseignez-vous et ne faites plus jamais l’amalgame entre les criminels incestueux et les parents victimes d’aliénation parentale.
Olga Odinetz, pour tous les parents de l’Association contre l’aliénation parentale.
Communiqué archivé au format PDF (154 Ko, 2 p.).