Lepage (Claudine), question d’actualité au gouvernement nº 2002G, adressée au ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, sur le harcèlement scolaire (séance publique du 23 septembre 2021).
M. le président. La parole est à Mme Claudine Lepage, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. Mes chers collègues, c’est sa dernière prise de parole dans le cadre des questions d’actualité au Gouvernement. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
Mme Claudine Lepage. Ma question s’adresse à M. le ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
Monsieur le ministre, depuis la rentrée scolaire, des collégiens nés en 2010 sont la cible d’une campagne de harcèlement sur les réseaux sociaux menée par des collégiens plus âgés.
Ce nouveau phénomène, apparu notamment sur les réseaux TikTok et Twitter, qui encourage les insultes et les menaces envers les enfants nés en 2010, s’est également prolongé dans les cours de récréation, où certains élèves ont été agressés.
Le harcèlement, notamment le cyberharcèlement scolaire, qui ne connaît, lui, aucune limite géographique ni temporelle, est un véritable drame pour les enfants qui en sont victimes et peut avoir des conséquences dramatiques.
Comme vous le savez, monsieur le ministre, le Sénat a mis en place une mission d’information sur le harcèlement en milieu scolaire et le cyberharcèlement, laquelle doit rendre ses conclusions cette semaine. Nous avons donc rencontré de nombreux acteurs pour mieux comprendre et tenter de mettre un terme à ce phénomène.
Il est en effet de notre responsabilité de protéger les élèves d’aujourd’hui, qui seront les citoyens de demain. Si des décisions exemplaires doivent être prises contre les harceleurs, il serait urgent de songer à introduire, comme le font des pays d’Europe du Nord, les notions d’empathie et de bienveillance au sein de notre école publique.
Monsieur le ministre, quelles mesures comptez-vous prendre concrètement pour éradiquer ce fléau qui touche notre jeunesse, déjà durement éprouvée par les conséquences de l’épidémie de la covid-19 ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER. – MM. Stéphane Demilly et Thani Mohamed Soilihi applaudissent également.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l’éducation, de la jeunesse et des sports.
M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation, de la jeunesse et des sports. Madame la sénatrice Corinne Lepage, il y a évidemment un sujet de société derrière cette question du cyberharcèlement, que je vous remercie de soulever aujourd’hui. La semaine dernière, elle a défrayé la chronique sur des bases totalement absurdes, avec la montée en puissance du hashtag #Anti2010.
Comme vous le savez, j’ai réagi immédiatement en lançant une riposte qui va dans le sens de la bienveillance et de l’intégration des élèves de sixième, avec le hashtag #Bienvenue aux 2010.
Il est essentiel que nous ayons une stratégie d’ensemble sur le cyberharcèlement et c’est ce que nous faisons depuis 2017. En cette rentrée s’applique dans tous les établissements de France le programme Phare, qui est un programme antiharcèlement, inspiré en partie, d’ailleurs, d’expériences scandinaves, auxquelles vous avez fait référence, et qui conduit à responsabiliser tout le monde, d’abord par la formation initiale systématique de tous les professeurs sur cette question, puis par la formation continue pour les professeurs qui prennent la responsabilité de référent antiharcèlement dans chaque établissement.
De même, nous responsabilisons les élèves, avec des ambassadeurs contre le harcèlement dans chaque établissement de France. C’est le point le plus important du programme Phare. Une formation spécifique est prévue pour ces élèves-là.
Vous le voyez, nous prenons ce sujet très au sérieux. D’ores et déjà, nous avons connu des premières victoires et rencontré nos premières limites.
Les premières victoires, nous les avons connues contre le harcèlement. Nos chiffres nous permettent de voir que ce phénomène a un peu reculé depuis trois ans grâce à l’action que nous avons menée. La généralisation de celle-ci cette année doit nous permettre d’avancer, en lien avec les associations très actives sur ce sujet.
Cependant, nous rencontrons des limites face au cyberharcèlement, lequel, comme vous l’avez rappelé, n’a pas de limite de temps ni d’espace. Aussi, j’ai invité l’ensemble des responsables de plateforme à venir me rencontrer lundi prochain, en présence du président du CSA, Roch-Olivier Maistre, qui a des compétences en matière de sanction des acteurs de l’audiovisuel comme des plateformes de réseaux sociaux, de façon à écouter les propositions qu’ils nous font. Nous avons des idées très claires et très précises sur la nécessité d’encadrer beaucoup plus ce qui se passe pour les jeunes sur les plateformes. Nous avons déjà pris des mesures depuis 2017. Je pense à l’interdiction des téléphones portables au collège.
Bien entendu, je serai très attentif, dès cette semaine, aux premières conclusions de vos travaux, qui sont évidemment de la plus haute importance. C’est donc la semaine prochaine, après en avoir pris connaissance, que nous franchirons une nouvelle étape dans la lutte contre le cyberharcèlement. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à Mme Claudine Lepage, pour la réplique.
Mme Claudine Lepage. Je vous remercie de votre réponse, monsieur le ministre. Nous serons tous très attentifs à vos propositions, peut-être pas pour régler définitivement le problème, mais en tout cas pour améliorer la situation.
Pour terminer ma dernière intervention, je précise que mon prénom est Claudine et non pas Corinne. (Sourires – Applaudissements sur les travées des groupes SER, ainsi que sur des travées des groupes CRCE et RDSE.)
Mise à jour du 23 septembre 2021
Question archivée [Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 89 S (C.R.), 23 septembre 2021, pp. 8176-8177] au format PDF (3.36 Mo, 3 p.).