Question sur la suppression de la clause de conscience spécifique à l’IVG

Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 39 S (Q), 4 octobre 2018

Cohen (Laurence), Question écrite nº 7058 à la ministre des solidarités et de la santé sur la suppression de la clause de conscience spécifique à l’IVG [Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 39 S (Q), 4 octobre 2018, p. 4989].

Laurence Cohen (© D.R.)

Laurence Cohen (© D.R.)

Mme Laurence Cohen interroge Mme la ministre des solidarités et de la santé sur sa volonté de supprimer la clause de conscience spécifique à l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

En France, une femme sur trois a recours à une IVG au cours de sa vie. En 2015, 218 100 interruptions volontaires de grossesse ont été réalisées en France, un chiffe stable depuis 2006 selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES). Malgré ces chiffes qui peuvent sembler importants et quarante ans après l’adoption de la loi nº 75-17 du 17 janvier 1975 relative à l’interruption volontaire de la grossesse (loi Veil), l’accès à l’IVG en France reste difficile, voire l’est de plus de plus.

Les obstacles sont nombreux : fermeture de 130 centres en 10 ans, manque de structures de proximité, manque de professionnels, sites de désinformation, entraves physiques, discours culpabilisateurs et moralisateurs par des mouvements réactionnaires, etc.

De plus, l’article L. 2212-8 du code de la santé publique stipule qu’au-delà de la clause de conscience générale s’appliquant aux médecins pour tout acte médical, l’IVG est concernée par une clause de conscience spécifique.

Des exemples récents (absence d’IVG à Hôpital du Bailleul à la Flèche (72) faute de médecins, propos tenus par le président du syndicat national des gynécologues obstétriciens) ont montré que le recours à cette double clause est important et peut, dans ce contexte de pénurie de médecins, de structures, être un obstacle supplémentaire. Le Gouvernement a d’ailleurs très vite réagi en permettant, dans le premier cas, le recrutement d’un médecin, et dans le deuxième cas, en condamnant fermement les propos précités.

Un état des lieux a été annoncé par la ministre, pour mieux connaître la réalité des faits, mais elle lui demande si elle n’estime pas que cette clause de conscience spécifique est superfétatoire et obsolète et si elle entend, de fait, permettre sa suppression pour conforter et renforcer le droit à l’IVG pour toutes sur l’ensemble du territoire.

Le Haut Conseil à l’égalité, dans un rapport publié en 2013, ainsi que le défenseur des droits dans son avis nº 15-12 de mai 2015 préconisaient de supprimer cette clause de conscience spécifique, considérant que la clause de conscience générale suffisait et que l’IVG ne devait pas être un acte médical à part. Une pétition plus récente avec plus de 70 000 signatures va dans le même sens.


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