Des avortements en hausse et toujours pas de politique de prévention

Communiqué de presse d’Alliance Vita

Alliance Vita

234 300, c’est le nombre d’avortements pratiqués en France en 2022, soit une augmentation de 4,9 % par rapport à 2021. Le taux de recours atteint lui aussi son plus haut niveau depuis 1990 soit 16,9 interruptions volontaires de grossesse pour mille femmes de quinze à quarante-neuf ans. La publication de ces chiffres en nette hausse souligne l’urgence d’une politique de prévention.

Auteur du rapport, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques relève également une nette augmentation du ratio d’avortement due à la baisse des naissances conjuguée à la hausse du nombre des interruptions volontaires de grossesse. Tout en évoquant le changement des pratiques contraceptives et la hausse des ventes de produits de contraception d’urgence, elle préconise des « études spécifiques sur la contraception ».

Mais au-delà des études qui pourraient être menées sur les pratiques contraceptives, ces chiffres montrent la nécessité de regarder en face la réalité de l’avortement.

D’abord le nombre élevé d’avortements démontre que son accès n’est pas entravé et invalide les revendications en faveur de son inscription dans la constitution. Ensuite le faible nombre d’interruptions volontaires de grossesse dites tardives (moins d’un cinquième du surplus observé, et un total estimé à moins de 1,5 % des interruptions volontaires de grossesse par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) révèle l’inutilité de l’allongement des délais alors que ses promoteurs prétendaient que des milliers de femmes étaient contraintes de partir à l’étranger.

Par ailleurs la hausse du pourcentage des interruptions volontaires de grossesse par voie médicamenteuse (78 % dont presque la moitié est réalisée hors établissement de santé) est le résultat de mesures visant à faciliter l’accès des femmes à l’avortement tout en supprimant celles qui soutenaient les femmes, en particulier l’information sur les aides et les droits des femmes enceintes délivrées lors des consultations d’interruption volontaire de grossesse.

La suppression des délais de réflexion, le maintien du recours à la téléconsultation pour une interruption volontaire de grossesse médicamenteuse… Autant de facteurs qui contribuent à banaliser l’avortement alors que, selon le baromètre IFOP de 2020, 92 % des Français estiment toujours qu’une interruption volontaire de grossesse laisse des traces psychologiques difficiles à vivre pour les femmes.

Regarder en face la réalité consisterait aussi à apporter un soutien particulier aux jeunes femmes étudiantes : les 20-29 ans concentrent les plus forts taux d’interruption volontaire de grossesse (26,9 ‰ parmi les 20-24 ans et 28,6 ‰ parmi les 25-29 ans).

Enfin dans un contexte de dégradation du pouvoir d’achat et d’érosion de la politique familiale, l’avortement s’impose comme une fatalité à celles qui connaissent des difficultés économiques et financières. C’est un échec et une injustice. On sait grâce à la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques que ce sont les femmes aux revenus les plus faibles qui y ont davantage recours. Peut-on se satisfaire que l’avortement soit un marqueur d’inégalité sociale ?

Ces situations doivent nous mobiliser. Le tabou qui les entoure cache de graves maltraitances subies par de nombreuses femmes alors qu’il s’agit d’un acte irréversible qui met des vies en jeu.

Il faut d’urgence regarder la réalité de l’avortement en face : cela passe par l’évaluation des causes et des conséquences de l’interruption volontaire de grossesse et la mise en place d’une véritable politique de prévention.


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