Charon (Pierre), question écrite nº 489 au ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse sur les conclusions de la mission prospective sur l’illettrisme menée par l’éducation nationale [Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 27 S (Q), 7 juillet 2022, pp. 3249-3250].
M. Pierre Charon attire l’attention de M. le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse sur les conclusions de la mission prospective sur l’illettrisme menée par l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche.
Dans son rapport du 18 mai 2022, les rapporteurs constatent que l’illettrisme concerne toujours une proportion importante de la population.
Dans cette étude, l’illettrisme est entendu comme « la situation de personnes de plus de seize ans qui, bien qu’ayant été scolarisées, ne parviennent pas à lire et comprendre un texte portant sur des situations de leur vie quotidienne et/ou ne parviennent pas à écrire pour transmettre des informations simples ».
L’enquête information et vie quotidienne (IVQ) conduite en 2012 par l’institut national de la statistique et des études économiques (Insee) révélait que 7 % de la population était touchée par l’illettrisme, contre 3,6 % en 1945.
Les évaluations menées en 2020 dans le cadre de la journée défense citoyenneté dévoilent que 4,6 % des jeunes (de 16 à 25 ans) peuvent être considérés en situation d’illettrisme. Ces chiffres sont corroborés par le programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), qui estime que 21 % des élèves français ont un bas niveau dans ce domaine.
Selon les rapporteurs : « c’est ainsi plus de 10 % de nos élèves, “qui ont toujours été en retard sur les compétences affichées”, qui empruntent “ce couloir de l’illettrisme”. Un tel scénario a beau être connu, il reste de l’ordre de l’impensé pédagogique. De la maternelle – voire avant – jusqu’en 3e, des alertes sont ignorées, des seuils mal négociés, des apprentissages essentiels manqués, creusant d’année en année des écarts devenus irréversibles. Cet échec programmé est souvent vécu par les élèves, leurs familles et les enseignants comme une fatalité, chacun s’habituant à ce qu’une partie des élèves reste au bord du chemin. »
Face à ce constat, il lui demande ses intentions pour mettre en œuvre une politique de lutte contre l’illettrisme.
Réponse du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse publiée dans le Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 42 S (Q), 27 octobre 2022, p. 5315.
La maîtrise des savoirs fondamentaux constitue un des axes stratégiques définis par le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse (MENJ) pour la rentrée 2022 et s’inscrit dans la mise en œuvre de la politique de lutte contre l’illettrisme. Au regard des enjeux à la fois individuels, sociaux et économiques, il est indispensable de mener des actions volontaristes qui s’appuient sur la mobilisation de tous les acteurs, dès l’école maternelle et tout au long de la scolarité des élèves. Il s’agit de lutter contre les effets des inégalités sociales et territoriales et faciliter l’insertion sociale et professionnelle des jeunes. Les actions menées, dans la classe, en faveur de l’acquisition et de la consolidation du français sont nombreuses ; elles sont mises en œuvre à travers notamment le déploiement du plan français sur la formation des professeurs des écoles maternelles et élémentaires, les diverses actions proposées en faveur de la lecture, les plans de sensibilisation et de formation des enseignants du premier et du second degrés à la prévention de l’illettrisme, la publication de guides de référence sur l’apprentissage de la langue, de la lecture et de l’écriture, l’analyse des évaluations nationales des acquis des élèves et leur prise en compte dans l’accompagnement personnalisé pour les élèves en difficulté. Pour renforcer ces mesures, la direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) s’est dotée d’une mission dédiée à la prévention et à la lutte contre l’illettrisme. Un plan d’action national a déjà permis de répondre à des préconisations formulées par les rapporteurs de la mission prospective sur l’illettrisme. Les recteurs ont nommé des référents territoriaux pour agir de façon concertée et harmonisée sur l’ensemble du territoire national. Un plan national de formation des cadres académiques est programmé. Le déploiement du plan d’action national est renforcé à la rentrée 2022 par des mesures ciblées, à destination des jeunes de plus de 16 ans, notamment en voie professionnelle, parfois également repérés lors des tests d’évaluation de la lecture des journées défense et citoyenneté (JDC) ou relevant de l’obligation de formation. Une enquête nationale relative au suivi des jeunes détectés en situation d’illettrisme est à l’étude dans le cadre des JDC et du nouveau contexte du service national universel (SNU). Cette politique renforcée de lutte contre l’illettrisme, au bénéfice des jeunes les plus fragiles, facilitera le pilotage à tous les échelons, localement, en académie, ainsi que sur l’ensemble du territoire national. Elle est menée en étroite relation avec les partenaires notamment les ministères de l’intérieur et des outre-mer, de la justice et des armées. D’autre part, dans le cadre de la transformation du collège que le ministre chargé de l’éducation nationale appelle de ses vœux, l’apprentissage du français, notamment de la lecture, aura une place prépondérante afin qu’à l’issue de la scolarité obligatoire chaque élève sache lire et écrire.
Question archivée au format PDF (130 Ko, 2 p.).