Revue de presse du 5 février 2018

Revue de presse





  • Burgess (Adrienne), Goldman (Rebecca), Where’s the daddy? Fathers and father-figures in UK datasets, Marlborough, Fatherhood Institute, 5 février 2018.

Where’s the daddy?Cette étude menée sur trois ans par nos camarades britanniques du Fatherhood Institute, et financée par la Nuffield Foundation, présente en détails comment seize ensembles de données longitudinales et transversales à grande échelle (comme l’enquête britannique sur les attitudes sociales ou le recensement) différencient, identifient et recueillent les données sur les pères britanniques – ou comment, trop souvent, elles ne le font pas. Le rapport émet une série de propositions pour que chercheurs et décideurs saisissent mieux la diversité de la paternité en Grande-Bretagne.

Il convient notamment que soient bien distingués les différents types de paternité, par naissance, adoption ou recomposition familiale, au lieu de tout regrouper dans un grand fourre-tout.

Il faut également que les pères divorcés ou séparés soient mieux identifiés, afin qu’on sache s’ils vivent avec leurs enfants (et pendant combien de temps : à temps partiel ou à temps plein) ou non. Ces pères sont généralement classés comme « non-résidents », voire comme étant sans enfant, alors qu’ils passent souvent beaucoup de temps (parfois autant que la mère) avec leurs enfants.


Suicide. Enjeux éthiques de la prévention, singularités du suicide à l’adolescenceCréé le 9 septembre 2013, l’Observatoire national du suicide a publié aujourd’hui son troisième rapport. Il en ressort que le taux de suicide a diminué de 26 % entre 2003 et 2014 en France mais qu’il reste l’un des plus élevés d’Europe, au dixième rang sur trente-deux derrière la Finlande, la Belgique et un certain nombre de pays de l’Est.

Selon le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès, 8 885 suicides ont été officiellement enregistrés en France métropolitaine en 2014 ; cela représente près de vingt-quatre décès par jour, soit un toutes les heures. Et le rapport précise que ce nombre est sous-évalué de 10 % car il ne prend en compte que les décès enregistrés comme morts volontaires ; le chiffre réel pourrait s’élever à dix mille.

Le taux de décès par suicide a été de 17 pour 100 000 habitants en 2012-2014 en France métropolitaine. Les décès par suicide touchent davantage les hommes : 23,1 décès pour 100 000 habitants, contre 6,8 chez les femmes. Le rapport souligne que le taux de suicide augmente fortement avec l’âge. C’est entre quarante-cinq et cinquante-quatre ans et après soixante-quinze ans qu’il est le plus fort, respectivement 33,4 et 59,4 pour 100 000 hommes.

On enregistre des taux de suicide plus importants dans la moitié nord de la France et d’importantes inégalités sont constatées selon les catégories socioprofessionnelles, en particulier chez les agriculteurs (296 décès enregistrés entre 2010 et 2011).

78 128 patients ont été hospitalisés en 2015 dans un service de médecine ou de chirurgie après une tentative de suicide, un nombre qui se stabilise depuis 2013. Les tentatives de suicide concernent davantage les femmes, avec un premier pic chez les jeunes filles entre quinze et dix-neuf ans (39 pour 10 000 en moyenne) et un second entre quarante-cinq et quarante-neuf ans (27 pour 10 000 en moyenne).

Si le suicide est un phénomène complexe, qui doit faire l’objet d’une analyse pluridisciplinaire, le divorce est toujours bien identifié parmi « les raisons qui poussent à l’acte suicidaire » (p. 13).

Une partie du rapport est consacrée aux comportements suicidaires des jeunes, qui constituent une préoccupation majeure de santé publique mais qui avaient été peu abordés dans les deux premiers rapports de l’Observatoire. Le suicide représente la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans après les accidents de la route, soit 16 % des décès en 2014. Même si le décès par suicide est relativement faible comparé aux autres tranches d’âge, il a semblé pertinent d’étudier cette réalité, compte tenu de la résonance particulière que peut avoir le suicide d’un jeune dans l’entourage proche, dans les médias et dans la société en général. On lira avec intérêt la section sur les « facteurs protecteurs mis à mal par les évolutions de la famille » (pp. 70-72).

Un autre volet est consacré aux enjeux éthiques de la prévention du suicide. Les rapporteurs s’inquiètent d’un possible « droit à mourir » (pp. 19-20) :

« Dans la loi française, le droit de mourir constitue un droit-liberté (on est libre de se donner la mort) mais pas un droit-créance (on ne peut exiger une aide à mourir). Il est important de s’intéresser aux implications d’un droit-créance à mourir, dans les pays qui l’ont mis en place, sur la prévention du suicide. En effet, dans les pays où l’aide médicale au suicide ou le suicide assisté, voire l’euthanasie, sont légalement autorisés ou en débat, des inquiétudes apparaissent quant à la difficulté d’organiser la prévention du suicide dans ce cadre. Le suicide risque alors d’être plus facilement envisagé comme une option possible, sans véritable exploration des autres issues. »

Le rapport encourage la recherche sur les méthodes de l’écoute dans les dispositifs d’aide à distance, la prévention dans l’urgence, et sur les liens entre législation sur la fin de vie et prévention du suicide. Il recommande également de conduire des recherches sur la prévention chez les jeunes, où demeurent encore des zones d’ombre.




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