Revue de presse – France
Le quotidien militant Action (nº 39) publie à la page 8 un communiqué très virulent du Comité d’Action Santé-Paris, tirant à boulets rouges sur la magistrature, les médias, la police et les psychiatres. On peut en déduire une conclusion implicite, dans la même veine qu’un célèbre slogan qui fusait dans les manifestations de mai dernier : « Nous sommes tous des forcenés » »!
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À la une de France-Soir, un encadré est encore consacré à l’affaire de Cestas : « La mère n’assiste pas aux obsèques de son ex-mari ». Le contraire eût été quelque peu étonnant. Un second encadré en bas à droite annonce que France Dimanche va publier « toutes les photos du forcené de Cestas ».
Le Monde (nº 7500, daté du 22 février 1969) publie une tribune très intéressante d’un praticien du droit, l’avocat François Sarda, à la une. Nous la reproduisons ci-après in extenso.
« Les deux questions du drame de Cestas
« Par Me FRANÇOIS SARDA
« Le drame de Cestas pose deux problèmes, tout à fait distincts. Celui du sort des enfants des couples désunis et celui de l’exécution d’un mandat d’amener contre un homme qui, ayant tué un gendarme, peut encore tuer ses enfants.
« Les commentaires et les questions pleuvent sur les deux aspects de l’affaire. On s’interroge sur la procédure de divorce et sur la détermination de la garde des enfants. On se demande si dans une société moderne il n’y a pas moyen d’éviter la mort d’enfants ou d’adultes pour assurer le respect de l’ordre.
« Le dossier Fourquet n’est pas bon quand, à son propos, on veut critiquer la machine judiciaire relativement au sort des enfants. Il vaut mieux le dire, car dans ce domaine de grandes réformes sont à accomplir.
« La désunion d’un ménage pose par évidence le problème de la garde des enfants communs. La puissance paternelle demeure, sauf les rares cas de déchéance, mais pour la lourde charge quotidienne de la garde, accompagnée de la douceur d’une présence constante, la séparation oblige au choix du “gardien”. Selon le code, le principe rigoureux est que la garde est confiée à celui qui obtient le divorce à son profit, sauf preuve de l’intérêt contraire de l’enfant. Respect du conjoint non coupable… respect de l’intérêt de l’enfant… La jurisprudence retient les deux éléments avec des accentuations diverses qu’analysent les spécialistes. La masse des divorces prononcés aux torts et griefs réciproques laisse entière la question. Nous pourrions dire pour les autres cas que la Cour de cassation et la chambre spécialisée de la cour de Paris considèrent davantage la lettre de la loi en réfléchissant sur l’intérêt de l’enfant, après avoir posé le principe de la garde à l’époux non coupable. Par contre, les tribunaux, la plupart des cours et en fait les magistrats conciliateurs dès le début de la procédure choisissent de penser d’abord à l’intérêt de l’enfant avec une très nette faveur pour la mère.
« Il est certain que “la garde de l’enfant à la mère” est un réflexe des magistrats que beaucoup de maris approuvent en taisant leurs griefs d’époux pour rendre hommage aux qualités de mère. C’est parfois excessif. Il est demandé au mari-père d’établir des reproches à la mère, ce pour quoi il n’a ni le goût ni les preuves. On rencontre dès lors des cas où un père abandonné par son épouse voit disparaître son foyer, partir sa femme, s’éloigner ses enfants… et par conséquence généralement il se voit invité à quitter l’appartement conjugal pour y laisser sa femme, ses enfants… et l’amant. Chez certains, le choc provoque le drame dont en faits divers nous lisons fréquemment le rapport. On peut regretter ce “féminisme” trop systématique qui est une manière de reconnaître un “matriarcat” pour la vie familiale. Autre chose est de regretter la rapidité de décision sur un problème très sensible et très grave, prise par des magistrats trop éloignés des êtres ; la justice statue la plupart du temps sans voir ni connaître les personnes. Seul le magistrat conciliateur entr’aperçoit les époux au rythme parisien de trente couples par après-midi. Une assistante sociale est parfois désignée. Son enquête devient un “rapport” soumis au tribunal. Tout cela n’est pas satisfaisant.
« Il arrive – mais il faut un drame – qu’un conjoint excédé se révolte contre une décision de justice, l’enquête pénale apportant après un crime les preuves de ses bonnes raisons morales que l’absence d’enquête civile n’a pas permis de recueillir plus tôt.
« Le dossier Fourquet n’a pas néanmoins sa place dans ce tableau. On aurait tort de le prendre en main pour souhaiter des réformes. Son exploitation peut provoquer l’effet contraire.
« Paix certes à l’âme d’un homme vraisemblablement malade, mais le slogan de révolte à la justice injuste manque totalement de base. Pour protester légitimement contre les juges, il faut s’être adressé à eux. Or André Fourquet a fait défaut au long de sa procédure. Il n’a rien demandé à la justice, ni contre son épouse ni pour ses enfants. Les conseils de Mme Fourquet ont pris du temps pour prendre contre lui un jugement : il ne s’est jamais défendu, mais par contre il se barricadait déjà et pouvait tirer, héritant ainsi d’une condamnation pénale. Il ne semble pas avoir chargé son avocat dans cette affaire correctionnelle d’une quelconque démarche civile. Enfin, ayant reçu la signification du jugement de divorce, il n’a formé aucun appel. Il se rebellait, et c’était tout.
« Par contre, à Bordeaux, siège en juridiction pilote une “Chambre de la famille”, formule moderne d’une justice beaucoup plus attentive aux êtres. Fourquet a pu bénéficier de six ou huit tentatives de conciliation. Rien n’y a fait ; il s’estimait son meilleur juge… et condamné à payer une pension alimentaire pour ses enfants, il ne s’en acquitta pas, toujours au nom de son opposition passionnelle à la mère.
« Ce n’est donc pas sur le dossier Fourquet que doit se fonder un ensemble de griefs – souvent sérieux – contre une procédure. On pourrait dire au contraire que cette tragédie démontre qu’il existera toujours un pourcentage de gens qui se lèvent contre la justice sans s’adresser à elle pour lui soumettre leurs demandes et leurs dossiers, et ce quoi qu’il en soit des progrès judiciaires.
« Que ce drame de Cestas permette, à l’occasion de l’émotion soulevée, de se pencher sur une question terriblement chargée de passions explosives, on ne saurait le regretter.
« Il faut, en cette matière plus qu’en toute autre, rendre à la machine judiciaire un regard humain et un cœur. Elle doit être souple, attentive, curieuse, délicate, mesurée. On voudrait seulement décourager de s’emparer d’un mauvais dossier pour une juste cause.
« Pour prendre droit à protester contre une décision, il faut d’abord accepter le débat qui la précède. André Fourquet ne l’a pas fait et son comportement ne peut-il pas justifier pleinement que des enfants ne soient pas confiés à un violent de ce degré passionnel.
« Un divorce crée deux foyers au lieu d’un. Les enfants – à moins de choisir leur partage et de les divorcer eux-mêmes quelque peu – ne peuvent être partout. Il y aura toujours un père ou une mère qui seront privés d’enfants sous la réserve de leurs droits de visites et de vacances. Aucune justice ne l’évitera. Il existera toujours des mécontents de la meilleure justice. Cette considération relative oblige cependant cette justice à être la meilleure possible. La vie ôtée de deux enfants dans le combat de leurs parents entre eux et de leur père contre la société reste une occasion émouvante de hâter des réformes nécessaires contre la loi ou contre la routine. Pour l’éviter à d’autres, pensons davantage à l’effroyable sort des enfants, même si nous proposons de ne pas présenter leur père en martyr de la justice.
« L’autre aspect de l’affaire est très différent. Fallait-il agir comme on l’a fait ?
« Nous sommes d’un avis plutôt contraire, mais, parce que nous l’exprimons, nous avons le devoir de dire que dans le choix nécessaire qui s’imposait chacun pouvait hésiter. Il est trop facile de condamner après un résultat tragique.
« Ceux qui trop facilement ont hué une mère “qui n’est pas allée à Cestas” auraient dénoncé la folie des gendarmes si, conduite sur les lieux et près de son ex-mari, ce dernier l’avait assassinée. Personne n’aurait pris la responsabilité de la conduire sur place. Il est donc convenable d’être mesuré.
« Il reste qu’un officier de gendarmerie, un médecin, un bâtonnier de l’ordre des avocats se sont entretenus avec Fourquet. On aurait pu poursuivre les dialogues de confiance et de dissuasion. On aurait dû appeler le concours d’intervention ou de conseils de psychiatres et de psychologues. Il n’était pas dramatiquement urgent d’exécuter un mandat d’amener dont la mort prévisible de Fourquet démontre la vanité. On aurait pu commencer à enlever à Fourquet la publicité de son attitude qui entraînait de sa part la fidélité obstinée à sa détermination. On aurait pu détendre au lieu de brusquer. Il valait mieux aller vers la confiance et le confidentiel. On aurait dû faire investir la ferme par des médecins et faire revenir le bâtonnier de Bordeaux. Il a été commis une faute d’impatience dans la conviction que Fourquet ne ferait rien ou ferait de toute façon la même chose.
« Fourquet pouvait tuer et se tuer. Les autorités n’ont pas réfléchi que la raison d’État de respect de l’ordre s’altère toujours quand coule du sang innocent. Il fallait penser prioritairement à l’intérêt des enfants. Toute justification d’une tactique même vaine choisie dans cette préoccupation aurait été comprise. Aucune voix officielle n’a su le dire. C’est dommage. »
Nous nous permettons ici juste une remarque. Affirmer qu’« il y aura toujours un père ou une mère qui seront privés d’enfants », c’est donc aussi se résoudre à ce qu’il y ait toujours des enfants privés d’un père ou d’une mère. S’il faut effectivement « penser prioritairement à l’intérêt des enfants », il y a là matière à réflexion et réforme. Outre ce qui pourrait, et devrait, être mis en œuvre en amont de la séparation pour au moins essayer de sauver des couples en péril, il faudrait cesser de raisonner d’une façon binaire (tout à l’un, rien à l’autre) et concevoir une garde partagée des enfants entre les deux parents séparés selon des modalités à définir au cas par cas. De la sorte, les enfants pourraient conserver des liens solides avec chacun de leurs parents, et aucun de ceux-ci ne serait brutalement licencié de son rôle familial.
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À la une du Parisien libéré (nº 7614), un encadré rapporte que « 400 personnes ont assisté hier aux obsèques d’André Fourquet inhumé près de ses enfants ».
La République des Pyrénées (nº 7455) rapporte en détail « les obsèques d’André Fourquet » à la page 15.
On lit aussi avec intérêt un article, commençant à la une et se poursuivant à la page 15, relatant les affres d’« un père de famille souffre-douleur de sa femme et de ses enfants ».
Articles archivés au format PDF (4 Mo, 2 p.).
Le grand quotidien régional Sud-Ouest (nº 7617) publie la relation des obsèques d’André Fourquet par François Rivière à la page 22, ainsi qu’un commentaire de l’émission Panorama diffusée hier soir par la première chaîne de télévision et une lettre de l’abbé Étienne Damoran, curé de Cestas, qui livre ses impressions et son témoignage. Dans les faits divers de la région bordelaise relatés page 7, on apprend également que les habitants de Bruges, au nord-ouest de Bordeaux, ont cru revivre le drame de Cestas la nuit dernière : un homme en état d’ébriété a tiré sur la maison de son ex-femme pour voir sa fille. Sud-Ouest ne nous autorise malheureusement pas la reproduction de ces articles ici…
Revue de presse – Suisse
Dans La Vie protestante, hebdomadaire de l’Église protestante de Genève, Freddy Klopfenstein consacre son éditorial au « drame de Cestas ».
Die Tat (nº 44), quotidien suisse de langue allemande édité à Zurich, capitale du canton éponyme, publie une photographie légendée des obsèques tumultueuses d’Aline et Francis Fourquet à la page 16.
Traduction P@ternet
« Scènes macabres après le siège de Cestas
« Des femmes en furie ont menacé l’ex-épouse du tireur André Fourquet quand elle a voulu quitter le cimetière après les funérailles de ses deux enfants. Selon elles, la femme, qui serait remariée, aurait dû affronter le tireur. La police a mis la femme en sûreté dans la maison du gardien du cimetière, mais a dû appeler des renforts pour assurer sa sécurité. »
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Revue de presse – États-Unis
The Gettysburg Times (vol. 67, nº 44), quotidien édité à Gettysburg, en Pennsylvanie, publie à la page 14 (consacrée au bowling…) une des photographies prises dimanche dernier par Jean-Gérard Maingot et diffusées par l’agence Associated Press.
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Revue de presse – Australie
The Canberra Times (vol. 43, nº 12241), quotidien édité à Canberra, capitale de l’Australie, publie une compilation de dépêches des agences Australian Associated Press et Reuter à la page 5.
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