L’affaire de Cestas (J+3)

Les obsèques d’André Fourquet

Un millier de personnes ont assisté aux obsèques d’André Fourquet, célébrées cet après-midi, à 14 h 30, en l’église Saint-Éloi de Bordeaux. Le service funèbre a comporté une messe de requiem. L’Église catholique a pour règle de refuser son assistance aux fidèles « qui se sont donnés la mort délibérément [1] ». Cette prescription comporte toutefois des exceptions, notamment lorsqu’il est établi par le corps médical que le moindre doute peut exister concernant la lucidité mentale du défunt au moment de son geste funeste. L’Église a donc considéré que tel était le cas pour André Fourquet. L’inhumation a eu lieu au cimetière Nord, dans une tombe voisine de celles où ont été enterrés Aline et Francis Fourquet.

 

Revue de presse – France

Combat, n° 7653, 20/02/1969, p. 1À la une du quotidien Combat (nº 7653), un encadré intitulé « L’affaire de Cestas ».


Détective, n° 1178, 20/02/1969, p. 1L’hebdomadaire Détective (nº 1178) consacre sa une et quatre pages illustrées à « la tragédie de Cestas ».

Sud-Ouest, nº 7616, 20/02/1969, p. 5


Minute, n° 358, 20/02/1969, p. 1L’hebdomadaire Minute (nº 358) consacre également sa une à « la tuerie de Cestas », et publie un long article illustré aux pages 6-8, concluant : « par-delà l’affreux massacre, c’est le sort de centaines de milliers d’enfants victimes de la séparation de leurs parents qui se trouve posé. »


Le Monde, n° 7499, 21 février 1969, p. 1Le Monde (nº 7499, daté du 21 février 1969) publie deux articles : un de Jean-Maurice Mercier, envoyé spécial à Bordeaux, intitulé « Les autorités judiciaires de Bordeaux se refusent à tout entretien » ; un autre du docteur Claudine Escoffier-Lambiotte, intitulé « M. Le Theule : dans le domaine judiciaire tout s’est déroulé de façon normale », qui contredit l’assertion du secrétaire d’État chargé de l’information selon lequel « aucun psychiatre n’avait pris contact avec les autorités judiciaires ».


La Nouvelle République du Centre-Ouest, n° 7429, 20/02/1969, p. 1La Nouvelle République du Centre-Ouest (nº 7429) publie un article relatant les « incidents aux obsèques de Francis et Aline Fourquet ».


Générique Panorama

Sur la première chaîne de la télévision française, le magazine d’information hebdomadaire Panorama diffuse ce soir, à 20 h 30, trois séquences : Gilbert Bécaud en direct de l’Olympia, le contrôle des prix et le drame de Cestas. Pour cette dernière, sont interrogés un psychiatre, un magistrat, le journaliste Jean-Gérard Maingot et Jean-Claude Périer, directeur de la Gendarmerie et de la Justice militaire.

Jean-Claude Périer, Panorama, 20/02/1969

Jean-Claude Périer, Panorama, 20/02/1969


Le Parisien libéré, n° 7613, 20/02/1969, p. 1Parisien libéré (nº 7613) consacre la moitié de sa une aux incidents d’hier matin : « À Bordeaux, après les obsèques des petites victimes de Cestas des femmes ont voulu lyncher la mère ».


Paris Jour, n° 2936, 20/02/1969, p. 1Une photographie des Érinyes bordelaises illustre la une de Paris Jour (nº 2936), dont la manchette assène : « Les femmes déchaînées, au cimetière hurlent à la mère des enfants de Cestas : “On va te lyncher” ».


La République des Pyrénées, nº 7455, 20/02/1969, p. 1À la une de La République des Pyrénées (nº 7455), un encadré rapporte que « les obsèques des deux petites victimes de Cestas ont donné lieu à des incidents regrettables à l’église et au cimetière ». Un article détaillé relate les faits à la page 19.


Sud-Ouest, nº 7616, 20/02/1969, p. 1La une du grand quotidien régional Sud-Ouest (nº 7616) fait écho aux « manifestations déplacées lors des obsèques des petites victimes de Cestas ». La relation des obsèques par François Rivière est publiée page 18, ainsi qu’un communiqué du Syndicat de la Magistrature et une lettre de Mgr Marius Maziers, archevêque de Bordeaux.

Page 3, une dépêche de l’Agence France-Presse rend compte des déclarations de Joël Le Theule à l’issue du conseil des ministres d’hier.

Page 5, on apprend que « les trois députés socialistes de la Gironde demandent la réforme de la législation sur le divorce ». En accord avec Philippe Madrelle et Robert Brettes, Pierre Lagorce a posé au ministre de la Justice une question orale avec débat sur le sujet.

Page 8 est publié un communiqué des « retraités de la gendarmerie » (Fédération nationale de la gendarmerie et de la Garde républicaine, Union nationale du personnel en retraite de la gendarmerie) qui justifie l’action des forces de l’ordre : « Nos camarades ont fait leur devoir avec humanité ». C’est probablement la même conviction qui animait d’autres pandores (ou les mêmes ?) au Vélodrome d’Hiver

Enfin, page 17, la rubrique « Les femmes en parlent » est également consacrée aux conséquences du drame et manifeste le souhait d’une évolution de la législation :

« Il faut espérer que l’on comprendra — enfin — en haut lieu ce que la loi comporte d’archaïque et de grave, et que des dispositions nouvelles seront adoptées pour que le sort des parents et des enfants, en cas de divorce, soit fixé en pleine connaissance de cause. »

Sud-Ouest ne nous autorise malheureusement pas la reproduction de ces articles ici…


Témoignage chrétien, nº 1285, 20/02/1969, p. 1L’hebdomadaire Témoignage chrétien (nº 1285) consacre sa une, illustrée par une photographie de la ferme du Sayet, à l’affaire, posant la question : « CESTAS : Qui a donné l’ordre ? »

 

Revue de presse – Grande-Bretagne

British Movietone News diffuse un montage filmé et commenté intitulé Farm Tragedy, résumant l’affaire en une quarantaine de secondes.


Glasgow

The Glasgow Herald, nº 22, 20/02/1969, p. 1The Glasgow Herald (nº 22), quotidien écossais édité à Glasgow, publie une dépêche de l’agence de presse Reuter à la page 9.


Manchester - Londres

The Guardian, 20/02/1969, p. 1The Guardian, quotidien édité à Manchester et Londres, publie un article de sa correspondante parisienne Nesta Roberts à la une.

The Guardian, 20/02/1969, p. 1

 

Revue de presse – Italie

Torino

La Stampa, nº 42, 20/02/1969, p. 1La Stampa (nº 41), l’un des quotidiens italiens les plus diffusés, édité à Torino, dans le nord de l’Italie, publie un article de son correspondant parisien, Loris Mannucci, à la page 11. La taille de l’article ne nous en permet pas la reproduction ici.

Traduction P@ternet

« LES FUNÉRAILLES DES PETITES VICTIMES À BORDEAUX

« Des femmes en furie essayent de lyncher la mère des enfants tués par un fou

« Sauvée par la police – La foule croit Micheline Berton coupable du drame : elle n’a jamais essayé de persuader son mari de se rendre – En France, de nouvelles charges contre les autorités : le massacre aurait-il pu être évité ?

« Bordeaux. Les funérailles des enfants tués par leur père : la foule, composée principalement de femmes, invective la mère des deux petites victimes (Téléphoto A.P.)

« (Notre service particulier)

« Paris, 19 février.

« À Bordeaux, la foule a tenté de lyncher la mère d’Aline et Francis, les deux enfants tués par leur père qui s’est ensuite suicidé. Les gens accusent la femme, Micheline Berton, de n’avoir jamais essayé de persuader son mari, André Fourquet, de se rendre au cours du long siège qui a duré dix-sept jours. Selon l’opinion publique, la mère d’Aline et Francis a toujours agi comme si le drame ne l’intéressait pas.

« L’indignation a explosé au cours des funérailles des deux enfants. Trente femmes ont voulu attaquer Micheline Berton, qui a réussi à s’échapper grâce à la protection de la police.

« Les femmes l’attendaient devant l’église où ont eu lieu les funérailles, mais Berton est entrée par une porte latérale et a assisté à la cérémonie, ainsi que sa mère et sa sœur, dans l’hostilité générale. Trois files de chaises vides la séparaient d’environ quatre cents personnes qui avaient rempli l’église ; parmi elle, il y avait le maire et le curé de Cestas, mais pas un gendarme.

« À la fin de la cérémonie, les trois femmes ont été évacuées par la porte de la sacristie et sont montées rapidement dans une voiture qui les attendait, mais les gens les ont reconnues et menacées. La voiture est partie sous les insultes ; arrivée au cimetière, de nouvelles menaces ont été proférées contre Micheline Berton qui, très pâle, fut à plusieurs reprises sur le point de s’évanouir. Puis une bagarre a éclaté avec son ex-belle-sœur qui voulait lui barrer le passage, affirmant que sa place n’était pas là, parce qu’elle n’avait pas eu le courage d’aller voir son mari pour essayer de sauver les enfants.

« La foule, dans laquelle les femmes étaient majoritaires, soutenait la sœur d’André Fourquet et les gardiens du cimetière ont été contraints d’intervenir pour protéger Micheline Berton dans le bureau du conservateur où elle a trouvé refuge. Les femmes, en colère, se sont mises à frapper les fenêtres à coups de talons, mais la police est arrivée peu de temps après pour rétablir l’ordre. Il y avait trois commissaires, une douzaine d’inspecteurs en civil et trente policiers, qui ont embarqué les manifestants dans des fourgons et les ont conduit au poste de police.

« Enfin, un peu de calme étant revenu, les deux petits cercueils ont été descendus dans la fosse qui a rapidement disparu sous les fleurs, tandis que la police chassait les journalistes et les photographes et les expulsait du cimetière. Plusieurs ont été frappés. Micheline Berton n’a pas pu assister à la dernière partie de la cérémonie. Réfugiée dans le bureau du conservateur, assiégé par une petite foule qui l’insultait et menaçait de la lyncher, elle a dû attendre la police pour la protéger afin d’aller jusqu’à la voiture qui l’a conduite chez elle.

« La controverse continue dans tout le pays. La mort de deux jeunes innocents “sacrifié à la justice” continue d’alimenter toutes les conversations, y compris celles des membres du gouvernement comme l’a rapporté aujourd’hui le secrétaire d’État à l’information, mais le Conseil des ministres réuni sous la présidence du général de Gaulle ne s’en est pas occupé, en dépit de nombreuses demandes d’éclaircissement du gouvernement, de sanctions et même de démission du ministre de la Justice.

« Le secrétaire d’État à l’information a admis, personnellement, que ce qui est arrivé est regrettable, mais il a ajouté que du moment où le mandat d’arrêt contre André Fourquet, qui avait tué un policier, avait été délivré par le juge d’instruction “certainement en accord avec le procureur, la gendarmerie était libre de choisir les modalités d’exécution, et la méthode choisie a permis de penser que ce fut la bonne”.

« Les gendarmes de Bordeaux, cependant, tentent maintenant de se disculper. Devant l’indignation générale, ils disent que “des ordres stricts étaient venus du ministère”. Mais ils n’ont pas précisé lequel : Défense ? Justice ? À Bordeaux, un journaliste a tenté en vain d’interroger le procureur et le juge d’instruction. On lui a répondu qu’ils étaient absents. Et le ministère de la Justice, à Paris, a indiqué qu’“à Bordeaux, on parle trop”.

« Loris Mannucci »


Roma

L’Unità, nº 49, 20/02/1969, p. 1L’Unità (nº 49), organe officiel du Parti communiste italien, édité à Rome, publie une correspondance de Bordeaux, illustrée d’une photographie de Micheline Berton, en page 5.

Traduction P@ternet

« SEULE APRÈS LA TRAGÉDIE

« BORDEAUX – L’enterrement d’Aline et Francis Fourquet, les deux enfants tués il y a trois jours par le père fou qui était barricadé dans sa maison de campagne, a eu lieu. Lors de la cérémonie funèbre, des femmes ont exprimé leur émotion après le drame de Cestas en s’en prenant à la mère des deux enfants, Micheline Berton, l’accusant de les avoir laissé mourir. Comme on le sait, André Fourquet avait dit à plusieurs reprises pendant le siège qu’il laisserait les enfants libres si son ex-épouse venait à lui se faire tuer. Téléphoto : Micheline Berton assiste au service funéraire dans l’église du cimetière de Bordeaux. »

 

Revue de presse – Pays-Bas

Amsterdam

De Telegraaf, nº 25288, 20/02/1969, p. 1De Telegraaf, le plus important journal néerlandais, édité à Amsterdam, publie un article de son correspondant parisien à la page 9.

Traduction P@ternet

« La mère des enfants assassinés a été presque lynchée

« VIOLENTS INCIDENTS AUX FUNÉRAILLES

« De notre correspondant

« PARIS, jeudi

« Hier, lors des funérailles de Francis et Aline Fourquet (onze et treize ans), qui ont été abattus lundi par leur père, plusieurs dizaines de femmes de la ville de Cestas, près de Bordeaux, ont pourchassé la mère des deux enfants dans le cimetière pour la lyncher.

« Micheline Fourquet, séparée de son mari depuis trois ans, s’était réfugiée dans une guérite, qu’elle a pu finalement quitter grâce à la police.

« Auparavant, des femmes en furie avaient frappé les fenêtres de la maison et essayé d’en forcer les barreaux pour atteindre Micheline.

« Le concierge a alerté la police et vingt gendarmes ont peu après évacué les femmes de force, permettant à Micheline de quitter le cimetière.

« GENDARMES

« Aux funérailles, il n’y avait pas un seul représentant des gendarmes présents lundi lors de l’assaut de la maison où le père s’était barricadé deux semaines. Au moment où Fourquet avait entendu exploser les premières grenades de gaz, il avait tiré sur ses deux enfants dans leur lit et avait ensuite mis fin à sa vie avec la même arme.

« Le contexte du drame était un jugement de divorce, les trois enfants du couple ayant été confiés à la mère.

« VENGEANCE

« Les femmes voulaient se venger de Micheline, qui, selon elles, n’avait pas assez fait pour empêcher la tragédie.

« Micheline a maintenant admis qu’elle aurait pu aller à la maison barricadée pour essayer de persuader son mari de se rendre. Cependant, elle a avoué ne pas en avoir eu le courage.

« Le ministre de l’Information, Joël Le Theule, a qualifié de “regrettable” le drame d’hier. Il a ajouté que toutes les précautions avait été prises dans le domaine judiciaire pour que le siège réussisse.

[Légende photographique] « La police a eu du mal à contenir la foule en colère à l’extérieur du cimetière après la tentative de lynchage de la mère d’Aline et Francis.

« Les policiers ont cependant réussi à fermer les portes du cimetière. »


Breda

De Stem, nº 26050, 20/02/1969, p. 1De Stem (nº 26050), quotidien régional du sud-ouest des Pays-Bas, édité à Breda, publie un long article de son correspondant parisien Lucas Kleijn à la une.

Traduction P@ternet

« SILENCE OFFICIEL À PROPOS DU DRAME DE BORDEAUX

« L’épouse du paysan français menacée aux funérailles

« (De notre correspondant à Paris)

« PARIS – Les deux enfants de l’agriculteur André Fourquet ont été enterrés hier matin au cimetière Nord de Bordeaux. Mais la triste cérémonie n’a pas été sans incidents. Le premier a eu lieu à la sortie de l’église. Dans l’église elle-même, la cérémonie n’a pas été perturbée, et ce n’était pas prévu. La gendarmerie était restée à l’extérieur. La mère des deux enfants, Micheline, était assise avec sa sœur et sa mère dans la première rangée. Les trois rangées derrière étaient vides parce que personne n’avait voulu s’asseoir autour de ce trio. La cérémonie a été célébrée par le curé du village de Cestas, l’abbé Tameran [sic, lire : Damoran], qui avait assisté à l’attaque de la ferme dans son uniforme de lieutenant de pompiers à côté du commandant de la gendarmerie en récitant les prières des agonisants. Le maire du village était présent. Pour éviter les incidents, Micheline était entrée dans l’église par une porte latérale. Après la cérémonie, Micheline a été conduite en voiture au cimetière, mais des femmes ont retenu et menacé la voiture. Ce premier incident a pu être écourté grâce au conducteur qui a rapidement démarré pour s’éloigner.

« Il fut alors jugé préférable que Micheline ne se montrât pas dans le cimetière pendant l’enterrement. Quand tout fut achevé et que la foule eût quitté le cimetière, Micheline pensa pouvoir aller paisiblement à la tombe de ses enfants. Mais un groupe d’une trentaine de femmes la vit, revint et prit une attitude menaçante, à tel point que Micheline dut se réfugier dans la maison de l’un des fossoyeurs. Criant qu’“un tel parent indigne devrait être lynché”, le groupe de femmes se mit à frapper les fenêtres et essaya de forcer les portes. La police dut intervenir et trois commissaires, douze inspecteurs et des fourgons de policiers mirent un terme à l’incident. Bien que l’accès au cimetière fût libre, deux journalistes parisiens qui réalisaient une séance photographique en furent expulsés très durement par la police, ce qui a donné lieu à une vive protestation des journaux quotidiens parisiens.

« Micheline se plaint amèrement de l’attitude du public. “Est-ce moi”, dit-elle, “qui ai tué mes deux enfants ? André est le véritable tueur, mais c’est moi qu’on considère coupable. Quand je marche dans la rue, les femmes tournent la tête et ne veulent pas me voir. Pourtant, j’ai bien éduqué Aline et Francis. Je les ai mis à l’école et au catéchisme.”

« Il serait hautement souhaitable pour tous les acteurs de ce drame que les éclaircissements nécessaires soient fournis en haut lieu. Des impulsions et des sentiments s’expriment sans qu’on sache exactement ce qui est arrivé dans le passé. Pourquoi André et Micheline se sont-ils séparés ? Pourquoi les enfants ont-ils été confiés à la mère lors de la séparation ? Pourquoi la garde des enfants a-t-elle été retirée à la mère pendant le siège de la ferme ? Était-ce juste pour faciliter la reddition de la ferme, ou existait-il en effet de sérieuses raisons de ne plus faire confiance à Micheline, qui était à la veille d’un nouveau mariage ? Personne ne le sait en dehors de la magistrature, dont le silence renvoie tout le monde à son propre jugement. »

[Légende photographique] «  La mère des enfants. »


Leiden

Leidsch Dagblad, nº 32719, 20/02/1969, p. 1Le Leidsch Dagblad (nº 32719), quotidien édité à Leiden, publie une dépêche à la une.

Leidsch Dagblad, nº 32719, 20/02/1969, p. 1

Traduction P@ternet

« Huée – Des dizaines de femmes de Bordeaux en colère ont hué hier à l’extérieur de l’église la mère de Francis et Aline Fourquet. Ce sont les deux enfants qui ont été abattus lundi par leur père barricadé dans sa ferme. “C’est un scandale”, a crié une femme, “c’est de sa faute.” Elles ont accusé la femme divorcée de Fourquet d’avoir été indifférente au sort des deux enfants que le tribunal lui avait confiés. Avant d’être abattu, Fourquet avait notamment déclaré qu’il laisserait partir les enfants quand son ex-femme viendrait le voir. »


De Leidse Courant, nº 17679, 20/02/1969, p. 1De Leidse Courant (nº 17679), autre quotidien de Leiden, publie un long article de son correspondant parisien Lucas Kleijn à la page 5. C’est le même article que celui vu plus haut dans De Stem, augmenté d’un paragraphe final.

Traduction P@ternet

« Funérailles des enfants Fourquet

« Des femmes ont voulu lyncher la mère

« (De notre correspondant Lucas Kleijn)

« PARIS – Les deux enfants de l’agriculteur André Fourquet ont été enterrés hier au cimetière Nord de Bordeaux, mais la triste cérémonie n’a pas été sans incidents. Le premier a eu lieu à la sortie de l’église. Dans l’église elle-même, la cérémonie n’a pas été perturbée, et ce n’était pas prévu, puisque que la gendarmerie était restée à l’extérieur. La mère des deux enfants, Micheline, était assise avec sa sœur et sa mère dans la première rangée. Les trois rangées derrière étaient vides parce que personne n’avait voulu s’asseoir autour de ce trio.

« La cérémonie a été célébrée par le curé du village de Cestas, l’abbé Tameran [sic, lire : Damoran], qui avait assisté à l’attaque de la ferme dans son uniforme de lieutenant de pompiers à côté du commandant de la gendarmerie en récitant les prières des agonisants. Le maire du village était présent. Pour éviter les incidents, Micheline était entrée dans l’église par une porte latérale. Après la cérémonie, Micheline a été conduite en voiture au cimetière, mais des femmes ont retenu et menacé la voiture. Ce premier incident a pu être écourté grâce au conducteur qui a rapidement démarré pour s’éloigner.

« Il fut alors jugé préférable que Micheline ne se montrât pas dans le cimetière pendant l’enterrement. Quand tout fut achevé et que la foule eût quitté le cimetière, Micheline pensa pouvoir aller paisiblement à la tombe de ses enfants. Mais un groupe d’une trentaine de femmes la vit, revint et prit une attitude menaçante, à tel point que Micheline dut se réfugier dans la maison de l’un des fossoyeurs. Criant qu’“un tel parent indigne devrait être lynché”, le groupe de femmes se mit à frapper les fenêtres et essaya de forcer les portes. La police dut intervenir et trois commissaires, douze inspecteurs et des fourgons de policiers mirent un terme à l’incident. Bien que l’accès au cimetière fût libre, deux journalistes parisiens qui réalisaient une séance photographique en furent expulsés très durement par la police, ce qui a donné lieu à une vive protestation des journaux quotidiens parisiens.

« Plainte

« Micheline se plaint amèrement de l’attitude du public. “Est-ce moi”, dit-elle, “qui ai tué mes deux enfants ? André est le véritable tueur, mais c’est moi qu’on considère coupable. Quand je marche dans la rue, les femmes tournent la tête et ne veulent pas me voir. Pourtant, j’ai bien éduqué Aline et Francis. Je les ai mis à l’école et au catéchisme.”

« Il serait hautement souhaitable pour tous les acteurs de ce drame que les éclaircissements nécessaires soient fournis en haut lieu. Des impulsions et des sentiments s’expriment sans qu’on sache exactement ce qui est arrivé dans le passé. Pourquoi André et Micheline se sont-ils séparés ? Pourquoi les enfants ont-ils été confiés à la mère lors de la séparation ? Pourquoi la garde des enfants a-t-elle été retirée à la mère pendant le siège de la ferme ? Était-ce juste pour faciliter la reddition de la ferme, ou existait-il en effet de sérieuses raisons de ne plus faire confiance à Micheline, qui était à la veille d’un nouveau mariage ? Personne ne le sait en dehors de la magistrature, dont le silence renvoie tout le monde à son propre jugement.

« Silence

« Il serait également souhaitable que des éclaircissements soient fournis sur l’ordre d’assaut de la ferme d’André Fourquet. Hier, à l’issue de la réunion du conseil des ministres et après que De Gaulle fût parti, les ministres eux-mêmes ont parlé de ce qui est arrivé à Bordeaux. Les journalistes qui attendaient à l’extérieur ont ensuite posé des questions, mais le ministre de l’Information n’a pas répondu. Les journalistes ont poussé toutes les portes du palais de justice de Bordeaux, mais partout on leur a dit que ni le procureur général, ni le procureur de la République, ni le juge d’instruction n’étaient présents. Le préfet du département de la Gironde était présent ce dimanche lors d’une réunion de magistrats de Bordeaux, mais il s’est retranché derrière l’argument décisif qu’il était là à titre d’observateur et qu’il attendait le feu vert de Paris. Apparemment, de Paris est venu l’ordre que personne ne devait rien dire. »

[Légende photographique] «  La mère d’Aline et Francis pendant la cérémonie à l’église. »


Terneuzen

De Vrije Zeeuw, nº 5926, 20 février 1969, p. 1De Vrije Zeeuw (nº 5926), quotidien régional de Zélande, au sud-ouest des Pays-Bas, édité à Terneuzen, publie une dépêche de l’Agence France Presse à la une.

De Vrije Zeeuw, nº 5926, 20 février 1969, p. 1

Traduction P@ternet

« ENFANTS FOURQUET ENTERRÉS

« Mercredi matin, dans une église de Bordeaux, a eu lieu une brève cérémonie pour les funérailles des deux enfants Fourquet qui ont été abattus par leur père il y a deux jours après un siège par la police. Fourquet a également mis fin à sa propre vie.

« La mère des enfants a assisté à la cérémonie. Lorsque le public l’a découverte, elle a été traitée de façon hostile. La tragédie a été causée par la séparation du couple Fourquet, les enfants ayant été confiés à la mère. Le père ne voulait pas se conformer à cette décision. »


Vlissingen

Provinciale Zeeuwse Courant, nº 42, 20 février 1969, p. 1Le Provinciale Zeeuwse Courant (nº 42), autre quotidien régional de Zélande, édité à Vlissingen, publie la même dépêche à la une.

Provinciale Zeeuwse Courant, nº 42, 20 février 1969, p. 1

Traduction P@ternet

« ENFANTS FOURQUET ENTERRÉS

« Mercredi matin, dans une église de Bordeaux, a eu lieu une brève cérémonie pour les funérailles des deux enfants Fourquet qui ont été abattus par leur père il y a deux jours après un siège par la police. Fourquet a également mis fin à sa propre vie.

« La mère des enfants a assisté à la cérémonie. Lorsque le public l’a découverte, elle a été traitée de façon hostile. La tragédie a été causée par la séparation du couple Fourquet, les enfants ayant été confiés à la mère. Le père ne voulait pas accepter cette décision. »

 

Revue de presse – Suisse

Fribourg

La Liberté, nº 117, 20/02/1969, p. 1La Liberté (nº 117), quotidien catholique-conservateur édité à Fribourg, capitale du canton éponyme, publie à la page 2 une bonne analyse de son correspondant parisien Maurice Herr, ainsi qu’une dépêche de l’Agence France Presse relatant les incidents qui ont marqué hier les obsèques d’Aline et Francis Fourquet.


La Chaux-de-Fonds

L’Impartial, nº 27962, 20/02/1969, p. 1L’Impartial (nº 27962), quotidien suisse de langue française édité à La Chaux-de-Fonds, dans le canton de Neuchâtel, publie un article de son correspondant parisien James Donnadieu à la page 24.


Le Peuple – La Sentinelle, nº 41, 20/02/1969, p. 1Le Peuple – La Sentinelle (nº 41), quotidien socialiste suisse également édité à La Chaux-de-Fonds, publie une dépêche de l’Agence France Presse à la page 6.

Le Peuple – La Sentinelle, nº 41, 20/02/1969, p. 6


Lausanne

Feuille d’avis de Lausanne, nº 42, 20/02/1969, p. 1La Feuille d’Avis de Lausanne (nº 42), quotidien de Suisse romande édité à Lausanne, capitale du canton de Vaud, publie une dépêche de l’Agence France-Presse, illustrée d’une photographie, à la une de ses différentes éditions.


L’Illustré Pour Tous, nº 8, 20/02/1969, p. 1L’Illustré Pour Tous (nº 8), magazine hebdomadaire suisse également édité à Lausanne, publie sur quatre pages (18-21) un article de Claude-Georges Mayer, illustré par un reportage photographique de Gérard Leroux et Henri Bureau.


Nouvelle revue de Lausanne, nº 42, 20/02/1969, p. 1La Nouvelle Revue de Lausanne (nº 42), quotidien suisse de langue française également édité à Lausanne, publie une compilation de dépêches de l’Agence télégraphique suisse et de l’Agence France-Presse à la page 7.


Neuchâtel

Feuille d’avis de Neuchatel, nº 42, 20/02/1969, p. 1La Feuille d’avis de Neuchâtel (nº 41), quotidien suisse de langue française édité à Neuchâtel, chef-lieu du canton éponyme, publie une dépêche de l’agence Associated Press avec une photographie à la page 24.

Feuille d’avis de Neuchatel, nº 42, 20/02/1969, p. 24


Sion

Le Confédéré quotidien, nº 42, 20/02/1969, p. 1Le Confédéré quotidien (nº 42), quotidien d’opinion édité par le parti radical-démocratique valaisan à Sion, publie une compilation de dépêches de l’Agence télégraphique suisse et de l’Agence France-Presse à la page 6.


Nouvelliste et Feuille d’avis du Valais, nº 42, 20/02/1969, p. 1Le Nouvelliste et Feuille d’avis du Valais (nº 42), quotidien régional francophone également édité à Sion, publie la même compilation de dépêches à la page 23.

Nouvelliste et Feuille d’avis du Valais, nº 42, 20/02/1969, p. 23

 

Revue de presse – Canada

Prince George

The Citizen, Vol. 13, nº 36, 20/02/1969, p. 1The Citizen (Vol. 13, nº 36), quotidien canadien anglophone édité à Prince George, en Colombie britannique, publie une dépêche de l’agence de presse Reuters à la page 28.

The Citizen, Vol. 13, nº 36, 20/02/1969, p. 28

 

Revue de presse – États-Unis

Orlando

Orlando Sentinel, vol. 84, nº 283, 20/02/1969, p. 1L’Orlando Sentinel (vol. 84, nº 283), principal quotidien d’Orlando, en Floride, publie une dépêche de l’agence de presse Reuters à la page 3-A.


Chicago

Chicago Tribune, nº 51, 20/02/1969, p. 1La Chicago Tribune (nº 51), principal quotidien de Chicago (Illinois) et de la région du Midwest des États-Unis, publie une dépêche similaire de l’agence de presse Reuters à la page 2A-3.

Chicago Tribune, nº 51, 20/02/1969, p. 2A-3


Salt Lake City

The Salt Lake Tribune, vol. 198, nº 129, 20/02/1969, p. 1The Salt Lake Tribune (vol. 198, nº 129), le plus grand quotidien de Salt Lake City, dans l’Utah, publie une dépêche similaire de l’agence de presse Reuters à la page A5.

The Salt Lake Tribune, vol. 198, nº 129, 20/02/1969, p. A5

 

Revue de presse – Brésil

Rio de Janeiro

Correio da Manhã, nº 23271, 20/02/1969, p. 1Le Correio da Manhã (nº 23271), quotidien édité à Rio de Janeiro, publie une brève dépêche de l’agence de presse Reuters à la une.

Correio da Manhã, nº 23271, 20/02/1969, p. 1

Traduction P@ternet

« DIVORCE

« Mme Micheline Berton, dont le mari a tué ses deux enfants après une procédure de divorce, a été presque lynchée hier dans la ville française de Bordeaux, où a eu lieu l’enterrement des enfants. La tentative de lynchage est venue de femmes qui ont assisté à l’enterrement et ont considéré Micheline responsable de l’assassinat des enfants (Reuters). »


Jornal do Brasil, nº 267, 20/02/1969, p. 1Le Jornal do Brasil (nº 267), autre quotidien de Rio de Janeiro, publie une dépêche de l’agence United Press International ainsi qu’un long article de son correspondant parisien Armando Strozenberg à la page 11.

Traduction P@ternet

« L’affaire Fourquet a failli se terminer avec le lynchage de la mère

« Bordeaux (UPIJB) – La police française a dû intervenir avec énergie hier pour empêcher des femmes en colère de lyncher l’ex-épouse du maçon André Fourquet, qui a tué ses deux enfants et s’est suicidé lundi dernier.

« Micheline Berton, remariée après son divorce d’avec Fourquet, était sur le point d’être violentée par des femmes à la sortie du cimetière, après avoir assisté à l’enterrement de ses enfants. Des femmes se sont avancées vers Micheline en proférant des injures et menaçant de la frapper.

« Alors que les femmes étaient sur le point d’accomplir leurs menaces, la police est intervenue pour protéger Micheline, la menant au bâtiment du conservateur du cimetière.

« Nullement intimidées par la présence de la police, les femmes ont continué à crier des insultes à travers les fenêtres. En infériorité numérique, la police a appelé des renforts et trois fourgons blindés sont arrivés peu après au cimetière. »

Traduction P@ternet

« La résistance a duré plus de 15 jours

« Armando Strozenberg

« Correspondant JB

« Paris – Les enfants semblaient jouer à un nouveau jeu – une sorte de jeu de dés – et prêts à jouer jusqu’à la fin, avec leur père comme compagnon idéal et bien-aimé. Le plus jeune, Francis, onze ans, a donné une indication de la détermination du groupe. “Nous ne nous rendrons jamais : nous mourrons d’abord”, criait le garçon trois à quatre fois par jour à l’une des fenêtres de la ferme près de Bordeaux où ils étaient barricadés.

« Mais quelqu’un était fatigué de jouer. À huit heures cinq mardi matin, quinze jours après le début de la résistance d’André Fourquet et de ses deux enfants, des ordres ont été donnés à la police pour lancer l’assaut. À huit heures dix, fidèle à ce qu’il avait promis, Fourquet a tué ses deux enfants et s’est suicidé. Ainsi s’achevait, de la manière la plus tragique, l’un des plus terribles moments collectifs vécus dans la France moderne depuis le kidnapping Peugeot il y a neuf ans.

« JAMAIS

« Tout a commencé quand André Fourquet a pris ses enfants qui vivaient avec son ex-femme et a refusé de les rendre. Et le pire : quand le policier Jean-Lucien Caratala s’est approché, peut-être un peu trop, de la maison, mardi de la semaine dernière, Fourquet a tiré – “accidentellement” ” mais Caratala est mort quelques minutes plus tard.

« Qui était Fourquet ? Une légion de journalistes venant de toutes les régions du pays ont essayé pendant le siège de recomposer son passé. C’était un chauffeur de camion, fier, honnête, sobre, industrieux et violent. Des problèmes avec sa femme – il l’a accusé d’infidélité, elle, à son tour, a reproché la jalousie de son mari – ont conduit à un divorce (1966). La perspective de la séparation a transformé la jalousie de Fourquet en haine.

« L’explication a été donnée par lui-même à un journaliste qui a pu parler avec lui pendant le siège : “C’est la loi qui est responsable de tout cela. Ma femme en a profité, et en plus cette loi lui donne les enfants.” À ceux qui lui rendaient visite, Fourquet faisait toujours la même proposition : il échangeait la vie des enfants contre celle de sa femme, Micheline, trente-trois ans, une jolie brune.

« “Jamais”, répondit à plusieurs reprises Micheline. “Je le connais très bien. Il me tuerait. Le 4 février, il a m’écrit : reviens, je vais te tuer et libérer les enfants.

« JUSQU’À LA FIN

« Jusqu’à la mort du policier Caratala, les autorités avaient adopté la politique de laissez-faire. Mais les conséquences du tir “accidentel” de Fourquet ont conduit à ce qu’un fonctionnaire a appelé “une pression croissante”. En d’autres termes, le drame était devenu embarrassant pour la police elle-même et le gouvernement. En effet, la France le regardait à travers les journaux, les radios et la télévision d’État. On en vint à admettre qu’il n’y avait plus qu’une seule solution : l’usage de la force.

« Mais la question est : était-ce vraiment la seule façon ? Plusieurs avaient eu l’occasion d’être avec lui, y compris un ami policier qui l’avait déjà aidé et était prêt à l’aider de nouveau. Confiant dans les bonnes intentions de son ami, Fourquet lui demandait une seule chose : sa femme, Micheline. Un médecin avait également été admis dans la maison assiégée afin de soigner Aline, treize ans, et était revenu en disant qu’il avait presque convaincu Fourquet de se rendre en échange d’une décision judiciaire qui lui donnerait la garde des enfants. Et plusieurs journalistes qui l’ont vu ont rapporté que les enfants avaient affirmé, à plusieurs reprises, leur intention de ne jamais abandonner leur papa.

« Le fait est que chaque visiteur revint avec la même impression : l’homme croyait fortement en ce qu’il disait. Il aimait passionnément ses enfants et ne les rendrait jamais : il avait déjà perdu assez de temps pour une femme qui n’avait pour seul langage que les insultes.

« “Ils sont à moi jusqu’à la fin, quoi qu’il en soit.”

« Pendant ce temps, des suggestions sont venues de divers lieux. La police a été invitée, par des lettres anonymes, à empoisonner l’eau ou à envoyer un visiteur muni d’une capsule de gaz paralysant à effet temporaire. L’idée d’enlever les enfants quand ils allaient chercher du bois dans le jardin était impossible à exécuter : comment franchir les barricades sans éveiller Fourquet s’il était endormi, et comment échapper à la visée d’un excellent tireur ?

« Mercredi, Francis est apparu dans le jardin en criant : “Journalistes : du pain, je suis affamé.” Et pendant trois jours, les journalistes ont été autorisés à poser de la nourriture dans un emplacement prédéterminé par Fourquet.

« NOUS MOURRONS SOUS LES BALLES

« Quelque chose devait être fait. La police a annoncé que les vivres seraient coupés, mais nul ne sait qui a pris la responsabilité d’aller plus loin. Ce qu’on sait, c’est que la décision a été prise dimanche soir : avec un haut-parleur, la police est allée avertir Fourquet qu’une dernière chance lui était donnée. “Je vous comprends parfaitement. Vous voulez que nous mourions de faim. Mais nous mourrons sous les balles”, répondit calmement l’homme.

« “C’est la fin, Fourquet, adieu”, a annoncé le haut-parleur. Le matin, à huit heures cinq, la police, équipée de gilets pare-balles, armée de mitraillettes, s’est avancée, protégée par des half-tracks. Dès la début de l’assaut, des tirs ont été entendus : les policiers ont trouvé quelques secondes plus tard les deux enfants mortellement blessés dans leurs lits, chacun avec une balle dans la tête. Fourquet, sur le sol, était en train de mourir d’une balle à l’intérieur de sa bouche. Très ému, le commandant Cardeilhac, chef de l’opération depuis le début, a pu difficilement répondre à la question que tout le monde ici se pose : “tout a-t-il été vraiment tenté avant l’attaque directe ?” “Non”, a-t-il dit, “je ne crois pas.” »


São Paulo

Diário da Noite, nº 13348, 20/02/1969, p. 1Le Diário da Noite (nº 13348), quotidien édité à São Paulo, publie une dépêche de l’agence United Press International à la page 8.

Traduction P@ternet

« Tentative de lynchage par des femmes en colère dans le cimetière

« BORDEAUX, 19 (UPI) – La police a dû intervenir énergiquement aujourd’hui pour empêcher un groupe de femmes en colère d’attaquer l’ex-femme du maçon André Fourquet, qui a tué ses deux enfants et s’est ensuite suicidé lundi dernier.

« Micheline Berton, remariée après son divorce d’avec Fourquet, a été sur le point d’être battue par des femmes en colère lorsqu’elle est sortie ce matin du cimetière après avoir assisté à l’enterrement des corps de ses deux enfants.

« Les femmes venaient vers elle et étaient sur le point de la frapper quand la police est intervenue pour la protéger, la conduisant à la maison du conservateur du cimetière.

« Les femmes en colère ne se sont pas calmées en présence de la police, et ont continué à crier des insultes à travers les fenêtres. La police a appelé des renforts pour disperser les manifestants. Trois véhicules blindés avec des garnisons étaient dans le cimetière.

« UNE TRAGÉDIE

« Fourquet s’était barricadé dans sa petite ferme le 2 février dernier avec trois enfants, exigeant que son ex-femme rentre chez lui et se suicide devant lui, pour être sûr qu’elle ne pourrait plus jamais être en contact avec leurs enfants. La fille aînée avait réussi à s’échapper pendant une nuit et informer les autorités, mais les deux autres enfants, Aline, treize ans, et François, onze ans, étaient retenus par le père.

« À aucun moment Micheline ne s’était approchée de la maison où étaient ses enfants et son ex-mari, mais elle avait averti la police que, s’ils essayaient de récupérer les enfants par la force, leur père n’hésiterait à les tuer et à se suicider ensuite.

« Fourquet a montré qu’il ne plaisantait pas. Un officier de police qui s’était trop approché de la maison a été abattu. Sur le toit de la maison transformée en forteresse, Fourquet avait installé le drapeau noir des anarchistes et un drapeau français.

« La police a maintenu la maison en état de siège pendant deux semaines, jusqu’à ce que le drame se précipite lundi, quand elle a reçu l’ordre “des hautes autorités judiciaires” de donner l’assaut et d’arrêter Fourquet.

« Alors que les gendarmes approchaient de la maison, Fourquet a tué ses deux enfants et s’est suicidé.

« L’affaire Fourquet a choqué la France, dont les journaux discutent encore des circonstances qui ont mené à l’ultime action désespérée du maçon. La vague de critiques à l’encontre de la police ne dépasse guère, cependant, celle qui vise Micheline, la mère des enfants, qui dit qu’elle a reçu de nombreuses menaces.

« Micheline avait la garde des enfants dans la procédure de divorce, bien qu’elle ait reconnu des relations adultères, alors que Fourquet n’était autorisé à voir les enfants que pour des périodes de deux jours. »

 

Revue de presse – Australie

Sydney

The Sydney Morning Herald, nº 40929, 20/02/1969, p. 1The Sydney Morning Herald (nº 40929), très important quotidien australien édité à Sydney, publie une compilation de dépêches des agences Australian Associated Press et Reuters à la une.

The Sydney Morning Herald, nº 40929, 20/02/1969, p. 1

 

Note

1. Code de droit canonique (1917), canon 1240 §1 3º.

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