Communiqué de presse des Juristes pour l’enfance
La presse se fait l’écho ces derniers jours des retombées des actions menées par Juristes pour l’enfance et SOS Éducation pour demander que les élèves participant à la sélection du prix Goncourt des lycéens ne soient pas exposés au contenu pornographique et dangereux pour des mineurs du livre Le Club des enfants perdus de Rebecca Lighieri.
Grâce à la demande faite par Juristes pour l’enfance à la commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à l’enfance et à l’adolescence du ministère de la Justice de signaler ce livre au ministre de l’Intérieur sur le fondement de la loi du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, ainsi qu’à l’interview courageuse d’une maman d’élève et aux courriers adressés par SOS Éducation à plusieurs ministres, l’Éducation nationale et son personnel ont reconnu que le livre pouvait heurter ou choquer les élèves.
Selon des médias, le ministère de l’Éducation nationale aurait indiqué que : « tous les lecteurs ont le droit imprescriptible de ne pas lire un livre […]. Aucune lecture n’est imposée et si des élèves expriment leur volonté propre de ne pas lire un ouvrage, ils en ont le droit ». Il se serait également défendu de toute mauvaise intention :
« Le ministère de l’Éducation nationale est pleinement attentif et conscient de l’objet d’inquiétudes qui peuvent être émises à l’égard de certains romans, mais assure que, chaque année, l’accompagnement des élèves par les équipes éducatives vise à installer pour eux les meilleures conditions possibles de participation au prix Goncourt des lycéens. »
Juristes pour l’enfance se réjouit de la prise de conscience qui s’opère pour reconnaître les besoins fondamentaux des enfants et des adolescents.
Elle tient à souligner que la mobilisation des parents pour défendre leurs enfants est justifiée par le fait que ceux-ci sont les premiers éducateurs de leurs enfants et qu’ils doivent être respectés dans leur mission, parce que ce sont eux qui assument les responsabilités qui en découlent : les professeurs qui se vantent d’ouverture en mettant sans avertissement des livres tels que Le Club des enfants perdus dans les mains des élèves, ne sont pas ceux qui en assumeront les conséquences. Ce sont bien les parents qui prendront soin de leur enfants choqué, qui essaieront de démêler avec lui (ou elle) ses émotions pour mettre à distance le contenu inapproprié et dans les cas les plus sévères, trouveront le psychothérapeute qui pourra prendre en charge leur enfant, organiseront les rendez-vous, prendront sur leur temps de travail pour y conduire leur adolescent, etc.
En attendant la réponse de la commission des publications pour la jeunesse, Juristes pour l’enfance appelle de ses vœux plus de vigilance dans l’avenir.
Juristes pour l’enfance relève par ailleurs que la formulation par le ministre de l’Éducation nationale, telle que relayée par la presse, d’un droit général et « imprescriptible de ne pas lire un livre », si elle exprime une bonne intention dans le cas présent qui concerne un livre inapproprié pour les jeunes, est cependant erronée. S’agissant des élèves dans le cadre scolaire, il n’existe pas de droit de cette sorte. Un élève qui refuserait de lire par exemple Le journal d’Anne Franck ou Madame Bovary pourrait être sanctionné de manière académique. En revanche, il existe un droit à ce que soit respectée l’interdiction légale d’exposition d’un mineur à du contenu pornographique ainsi qu’un droit de l’enfant à être protégé « dans sa sécurité, sa santé, sa vie privée et sa moralité », de voir assurés « son éducation et son développement, dans le respect dû à sa personne ».
Communiqué archivé au format PDF (453 Ko, 2 p.).
Courrier de SOS Éducation archivé au format PDF (1.39 Mo, 18 p.).