Monsieur le Président de la République,
Mardi 16 janvier, lors de votre conférence de presse, vous avez indiqué vouloir créer un nouveau « congé de naissance » dont les contours restent encore flous, notamment le maintien ou la suppression du congé parental actuel.
Nous voulons d’abord saluer votre préoccupation exprimée sur la baisse inédite de la natalité. L’État doit soutenir les couples qui désirent avoir des enfants. Selon le bilan démographique 2023 de l’Institut national de la statistique et des études économiques, le taux de fécondité est de 1,69 enfant par femme alors que, selon l’Union nationale des associations familiales, le désir d’enfants est de 2,39 par femme [1]. Il est terrible de constater que le renoncement à avoir les enfants désirés est aujourd’hui si important dans notre pays.
Un des éléments permettant de comprendre ce désir non accompli réside dans l’angoisse qui existe autour des modes de garde. Partout sur notre territoire, les places en crèche sont rares. Et pour les parents qui voudraient bénéficier d’une assistante maternelle, ils sont confrontés à la pénurie de candidates ou alors à des prix exorbitants.
Sur le congé de maternité actuel, en plus d’être très mal indemnisé, depuis 2015, des conditions contraires au libre choix des parents ont été mises en place pour pouvoir prétendre à l’allocation de congé parental PrePare : l’un des parents peut prendre deux années de congé, mais si l’autre ne prend pas la troisième année, celle-ci est perdue. L’objectif affiché était l’égalité homme-femme, mais rien n’a changé depuis : dans 96 % des cas encore, c’est la mère de l’enfant qui prend ce congé.
Le rapport de la commission des « 1000 premiers jours » que vous aviez lancée en 2019 invite pourtant les parents à prendre le temps de construire la relation avec leur enfant.
Pour répondre aux besoins des familles et contribuer à l’égalité femme-homme, le congé parental devrait ainsi être revalorisé et libéré de ses contraintes de répartition. Il pourrait être, en revanche, accompagné d’une proposition alternative de congé pour que les parents puissent choisir entre deux possibilités, selon leurs contraintes, leurs situations professionnelles et leurs souhaits familiaux, afin d’apporter une réponse concrète et efficace aux préconisations de votre rapport sur les « 1000 premiers jours ».
La possibilité de mettre en place un congé plus court et mieux rémunéré peut s’entendre si et seulement si les parents ont réellement le choix et si le problème du mode de garde est résolu sur l’ensemble du territoire.
Il est grand temps de laisser les parents libres de décider et de choisir. Beaucoup d’entre eux, après quelques mois aux côtés de leurs enfants, ressentent le besoin de prolonger cette période précieuse. Leur laisser cette possibilité est le seul moyen de respecter leur responsabilité et leur souhait d’être présent auprès de leurs enfants.
La suppression du congé parental de trois ans aurait pour conséquence de précariser de nombreux parents. Beaucoup quitteraient leur travail pour rester avec leurs enfants volontairement ou involontairement s’ils ne disposent pas de mode de garde au bout de six mois.
Il serait aussi nécessaire de favoriser la possibilité du travail à temps partiel en s’appuyant sur une conférence sociale dédiée réunissant organisations syndicales et patronales. L’un des parents ou les deux parents peuvent souhaiter opter pour le temps partiel afin de faciliter le quotidien et de se consacrer davantage à leur enfant. Le temps partiel est mal perçu parce qu’il est parfois subi. Mais il peut être, au contraire, un choix qu’il convient de faciliter par des mesures incitatives et encadrées pour les secteurs publics comme privés.
Monsieur le Président, il est urgent de combattre la baisse de la natalité, mais il faut le faire avec des mesures qui correspondent aux attentes de toutes les familles à travers les territoires. Dans cet objectif, nous nous tenons à la disposition de vos équipes pour vous partager nos réflexions et propositions chiffrées.
Nous espérons que votre action ira toujours dans le sens des parents qui souhaitent être responsables en prenant le temps nécessaire pour être aux côtés de leurs enfants afin de pouvoir les éduquer et les voir grandir sereinement.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.
Présidente du Syndicat de la Famille
Note de P@ternet
- D’après le dernier communiqué de l’Union nationale des associations familiales, le désir d’enfants aurait chuté à 2,27.
Communiqué archivé au format PDF (787 Ko, 3 p.).