Longuet (Gérard), question d’actualité au gouvernement nº 2286G sur l’enseignement des mathématiques, adressée au ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports lors de la séance publique du 9 février 2022.
M. le président. La parole est à M. Gérard Longuet, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Gérard Longuet. Ma question s’adresse à M. le ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports, absent au rapport. (Exclamations amusées sur les travées du groupe Les Républicains.)
À l’occasion d’une réforme du baccalauréat, qui n’est pas sans intérêt, le ministre Blanquer a découvert une vieille loi humaine que les parents et les professeurs maîtrisent parfaitement et que les élèves appliquent : la loi du moindre effort. (Nouvelles exclamations amusées sur les mêmes travées.)
À partir du moment où, pour les carrières scientifiques, les mathématiques n’étaient plus obligatoires, il était nécessaire pour les élèves de ne pas prendre le risque de cette matière qui demande des efforts et des compétences.
À tout pécheur miséricorde – je le dis même dans une enceinte laïque comme la nôtre (Sourires) –, le ministre Blanquer a fait machine arrière.
Cependant, il ne s’attaque pas au vrai problème de la dégradation de l’enseignement des mathématiques dans notre pays, tel qu’il a été établi par la commission des finances à partir de trois réalités sur lesquelles je souhaite obtenir un début de réponse.
Premièrement, les professeurs des écoles sont à 80 % issus des filières littéraires. Ils ne sont pas à l’aise dans cette discipline.
Deuxièmement, nous peinons à recruter des professeurs de mathématiques dans les collèges et les lycées, faute d’un vivier d’étudiants suffisant, du fait de la forte concurrence exercée par les carrières d’ingénieurs et d’informaticiens. Le Gouvernement n’ose pas s’attaquer à ce problème. Quand on veut la qualité, il faut la payer !
Troisièmement, cerise sur le gâteau, vous avez développé un système de sélection pour les lycées et les classes préparatoires – peut-être même, demain, pour les grandes écoles – qui repose non pas sur la qualité intellectuelle, le mérite scolaire et les résultats, mais sur un ensemble de critères propres à décourager tout bon lycéen. (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d’État chargée de la jeunesse et de l’engagement.
Mme Sarah El Haïry, secrétaire d’État auprès du ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargée de la jeunesse et de l’engagement. Monsieur le sénateur Longuet, ce qui est certain, c’est que les mathématiques sont absolument essentielles. (Ah ! sur les travées du groupe Les Républicains.)
Elles sont essentielles dans la vie de chaque citoyen. Nous partageons cette idée, mesdames, messieurs les sénateurs. Elles sont essentielles pour l’avenir scientifique de notre pays, pour notre technologie comme pour notre industrie. Sur ce point, nous sommes bien d’accord.
Les mathématiques vivent depuis trop longtemps un déclin dans notre pays. C’est pourquoi Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports, a pris ce problème à bras-le-corps dès son arrivée. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Jean-François Husson. Non !
Mme Sarah El Haïry, secrétaire d’État. Sa volonté est d’augmenter le niveau général des élèves et d’approfondir les études scientifiques.
Monsieur le sénateur, vous m’avez posé une question très claire : comment ?
Cela passe d’abord par le plan mathématiques 2018-2022, qui a été lancé dès 2018, puis étendu, avec une formation continue des professeurs, des référents mathématiques, des guides et des ressources, ainsi qu’un programme clarifié de la maternelle jusqu’en sixième.
Les évaluations nationales permettent ensuite d’avoir une idée très précise du niveau. Il ne faut en effet pas mettre la poussière sous le tapis.
Citons également les classes dédoublées, que vous connaissez.
C’est un long chemin qui est engagé, c’est vrai. Dans ce long chemin, monsieur le sénateur, le nombre d’heures consacrées aux mathématiques a été augmenté à l’occasion de la réforme du lycée. En effet, lorsque l’on choisit la spécialité mathématiques, le nombre d’heures consacrées à cette matière passe de huit à neuf par semaine.
En réalité, les élèves sont un peu plus nombreux, car ils sont plus de 51 000 à choisir cette option, contre 49 000 auparavant.
Pour aller chercher ce goût, cette passion, cet engagement pour les mathématiques, il y a en outre une nouveauté : les licences sciences et humanités, qui visent à recréer de l’attractivité pour le monde scientifique et les mathématiques.
Monsieur le sénateur, vous le savez, le ministère reste également très ouvert à des aménagements futurs. Des consultations sont lancées. L’objectif est là : accompagner les élèves, accompagner les forces vives de notre pays en renforçant l’enseignement des mathématiques. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
Un sénateur du groupe Les Républicains. Bla-bla-bla…
Mise à jour du 10 février 2022
Question archivée [Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 19 S (C.R.), 10 février 2022, p. 1501] au format PDF (3.35 Mo, 2 p.).