Contre les violences faites aux femmes… et aux hommes !

Jean Gabard (© D.R.)

Avec la libération de la femme et le culte de la spontanéité, y a-t-il encore aujourd’hui beaucoup d’hommes qui n’ont jamais été insultés, voire même giflés, par une femme ?

La réponse risque d’être difficile à donner : les études ne concernent souvent que les violences faites aux femmes !…

Mais peu importe, il n’est pas question de comparer des chiffres. Ces derniers, d’ailleurs, sont-ils si importants par rapport à la gravité du sujet, surtout s’il s’avère que les mêmes violences n’ont pas forcément des effets identiques sur les hommes et sur les femmes ?

Les violences physiques paraissent en effet beaucoup plus graves pour une femme que pour un homme. Les menaces seules, pour elle, sont déjà totalement destructrices.

Pour un homme, les violences physiques ne sont pas insignifiantes mais ne l’atteignent guère autrement que physiquement…

Il n’en est cependant pas de même pour les insultes. Venant d’une femme, celles-ci l’ébranlent et il ressent comme un cataclysme qui le renvoie à sa castration psychique primaire, quand il s’est aperçu qu’il ne pourrait plus être comme sa première et parfaite référence : sa maman. Son impuissance devant ce qu’il vit comme un nouveau rejet décuple sa colère et lui donne souvent envie d’utiliser ce qu’il possède : sa force physique.

Si la femme frappe la première, il est plutôt soulagé ! Les coups replacent le conflit dans un domaine connu par lui et où il a l’assurance de pouvoir répondre s’il le souhaite. « L’adversaire » revient alors « à sa portée », sur un terrain qu’il maîtrise. Souvent même, il n’éprouve plus le besoin de riposter, ou s’il le fait c’est pour la forme, pour sauver son honneur, mais pas parce qu’il se sent menacé.

Une femme ne peut ressentir les effets de sa violence psychique chez un homme, pas plus qu’un homme ne peut ressentir les effets de sa violence physique chez une femme !

C’est la raison pour laquelle les hommes (niant la différence des sexes) ont pu penser (et certains le pensent encore) que leurs violences physiques sur une femme ne pouvaient être très graves puisque, pour eux, celles d’une femme sur eux ne l’étaient pas !

Aujourd’hui, certaines femmes n’ont-elles pas à leur tour tendance à croire que leur agression verbale d’un homme n’est qu’une affaire bénigne, parce que, sur elles, la violence des mots peut être tolérable et n’est aucunement comparable aux violences physiques d’un homme ?…

Ainsi, par négation de la différence des sexes, des sexistes hommes ont tendance à dire que les femmes sont « inférieures » parce que fragiles physiquement, et des femmes, toujours par négation de la différence des sexes, ont tendance à juger les hommes « malades » parce que fragiles psychiquement.

Dans notre société égalitariste, l’emploi du mot « malade » paraît plus correct que le mot « inférieur » mais il est pourtant plus pervers. En effet, il laisse supposer que l’homme pourrait se soigner et donc qu’il est responsable de sa fragilité psychique qui devient alors un défaut. Ainsi, la dénégation de la différence des sexes permet de faire croire à une simple dénonciation des problèmes de certains hommes, alors qu’il y a tout autant une infériorisation de l’homme différent et donc, là aussi, sexisme !

Alors, pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux hommes, il faut certes les condamner, mais ne faudrait-il pas aussi commencer par s’efforcer de respecter l’Autre différent ?

Pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux hommes, et respecter l’autre, ne faudrait-il pas aussi sortir de la facilité qui consiste à considérer le sexe opposé « inférieur » ou « malade » et s’efforcer de se comporter en adulte assumant nos différences, nos manques et notre « non toute-puissance » ?

Pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux hommes, pour respecter l’autre et assumer la différence, ne faudrait-il pas aussi sortir d’une idéologie dépassée ?

Le rêve d’un droit à une égalité impossible a permis, dans les pays occidentaux, de faire admettre la légitimité de l’égalité en droits. Celle-ci a encore des détracteurs qui nous obligent à ne pas baisser la garde, mais le maintien de l’utopie égalitariste n’entretient-il pas aujourd’hui le ressentiment de femmes envers les hommes et d’hommes envers les femmes au lieu de favoriser le respect et le « vivre ensemble » ?…

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