Steven Christie, Shane Clarke, Jacques Colleau (ancien président de SOS PAPA), Randy Collins, Richard Cory, Richard Delrieu (ancien président de SOS Parents Japan), Emmanuel de Fournas, Vincent Fichot, Christophe Guillermin (†), Yasuo Hojyo, Stéphane Lambert, Scott McIntyre, Jeffery Morehouse, George Obiso, Tommaso Perina, Brian Prager, Christopher Savoie, Arnaud Simon (†), Paul Wong… La liste de tous les pères « désenfantés » au Japon pourrait s’étirer sur des pages.
Le Japon demeure en effet à ce jour l’un des derniers pays au monde à maintenir un droit de « garde exclusive » des enfants après la séparation du couple parental. Cette particularité concerne au premier chef les parents japonais. En cas de divorce, le code civil japonais dispose que la garde ne sera accordée qu’à l’un des parents, la mère dans la plupart des cas ; l’exercice d’un « droit de visite » relève du bon vouloir du « parent gardien » [1]. Dans les faits, entre un enfant sur six et deux sur trois, selon les sources, finissent par perdre tout contact avec le parent chez lequel ils ne résident pas, donc majoritairement le père.
Il faut toutefois noter que le Parlement japonais a adopté le 17 mai dernier une modification du code civil introduisant la possibilité d’une autorité parentale conjointe, mais uniquement en cas de divorce. Cette révision législative n’entrera en vigueur qu’en 2026 et fait l’impasse sur le maintien du lien enfant-parent dans un cadre conflictuel et hors-mariage.
Le sort des pères japonais et de leurs enfants est donc clairement catastrophique. Mais il y a pire encore pour le parent étranger dans les couples binationaux. On se retrouve alors, mutatis mutandis, dans une situation assez similaire à celle qui prévaut en Allemagne : dès lors qu’un enfant a une goutte de sang allemand dans les veines, il est allemand et confié au parent allemand, l’autre n’ayant plus que ses yeux pour pleurer. La même ligne de conduite est suivie au Japon, la violence en plus : un père étranger qui s’entêterait à maintenir un lien avec son enfant sans l’aval de la mère japonaise se verra conduit manu militari à l’aéroport le plus proche et expulsé du pays sans possibilité de retour, après un éventuel passage par la case prison – comme cela est arrivé à notre camarade Jacques Colleau et tant d’autres.
Le réalisateur Guillaume Senez a tourné au Japon son dernier film, Une part manquante, pour évoquer ce sujet douloureux. Cette œuvre est née de rencontres bouleversantes avec des pères français « désenfantés » au pays du Soleil Levant, notamment Vincent Fichot, privé par sa femme japonaise de sa fille Kaede et de son fils Tsubasa. Les lecteurs assidus de notre revue de presse se souviennent sans doute de la grève de la faim menée par Vincent Fichot près du stade olympique de Tokyo durant l’été 2021, à l’occasion des Jeux olympiques d’été de 2020, reportés en raison de la pandémie de Covid-19. Débouté de toutes ses demandes par la justice nipponne après quatre années de lutte, il demeure sans nouvelles de ses enfants. Piètre consolation : un mandat d’arrêt international émis en 2021 par la justice française à l’encontre de son épouse, pour soustraction de mineurs et mise en péril d’un mineur…
Diffusé à grande échelle, ce film ambitionne d’alerter la communauté internationale sur ce problème de manière retentissante, notamment en raison du premier rôle interprété par le célèbre acteur Romain Duris.
Au-delà du contexte japonais, il pourrait également permettre de sensibiliser l’opinion publique sur l’entreprise de « désenfantement » perpétrée par le système judiciaire français, qui continue en toute impunité d’accorder de prétendus « droits de visite et d’hébergement » à la plupart des pères divorcés ou séparés, anéantissant ainsi leur paternité. En effet, comment peut-on rester un père digne de ce nom en ne voyant ses enfants qu’un weekend sur deux et la moitié des vacances scolaires, soit uniquement sur des temps de loisirs, et en étant totalement déconnecté de leur vie quotidienne ?
Il est à noter que le réalisateur Guillaume Senez avait déjà montré son intérêt pour la paternité avec son film précédent, Nos batailles, tourné également avec Romain Duris, qui interprétait le rôle d’un père devant se débrouiller seul pour s’occuper de ses deux enfants après le départ de sa femme.
Une part manquante sortira en salle le 13 novembre prochain et P@ternet s’associe volontiers à sa promotion. Si certains de nos lecteurs ont la possibilité d’organiser un « ciné-débat » dans une salle projection à proximité de chez eux, qu’ils n’hésitent pas à contacter de notre part la société de production et de distribution Haut et Court.
Pour en savoir davantage sur la situation des pères divorcés ou séparés au Japon, voici une sélection de sites d’intérêt :
- Bring Abducted Children Home
- Children’s Rights Council of Japan
- For Rui Boy
- Kizuna Child-Parent Reunion
- SOS Parents Japan (l’association a été dissoute le 22 décembre 2023 mais ses archives sont toujours en ligne)
Note
- Les références juridiques peuvent être trouvées sur le site de l’ambassade de France au Japon (en français) et sur celui du Comité national de liaison pour la loi sur la coparentalité (en japonais).
Dossier de presse archivé au format PDF (7.97 Mo, 19 p.).