Communiqué de presse de l’Union nationale des associations familiales
Dans un contexte de crise du secteur de la petite enfance (manque de places, affaires de maltraitance, dérives du secteur lucratif privé) la question du coût est déjà très importante pour les familles. Les données sur le coût des modes d’accueil collectif ou individuel ne sont plus documentées depuis dix ans, alors que les aides publiques ont été rabotées et que le contexte économique s’est aggravé ; c’est pourquoi l’Union nationale des associations familiales a mené l’enquête auprès de six cents parents.
Le coût des modes d’accueil de la petite enfance : un angle mort des politiques publiques
La dernière enquête officielle sur le reste à charge lié à l’accueil du jeune enfant pour les parents date de 2015 sur des données 2013, il y a donc plus de dix ans. Depuis, se sont succédé : de nombreuses restrictions sur les aides publiques, des hausses successibles des tarifs dans les crèches en sus de l’inflation, l’essor des micro-crèches PAJE aux tarifs moins encadrés, et une baisse du nombre d’assistantes maternelles ce qui a pu conduire à la hausse de leurs tarifs. Tous ces événements ont augmenté le coût pour les parents, sans que cette réalité ait été chiffrée. Les pouvoirs publics n’ont pas pris la mesure des conséquences défavorables en chaine pour les jeunes familles.
Dans le futur « service public de la petite enfance », les places devront être disponibles sur le territoire, de qualité pour assurer la sécurité des jeunes enfants, mais aussi abordables financièrement pour les parents. L’enquête que nous avons menée démontre que le coût de l’accueil contraint déjà fortement les familles.
Enquête : le coût des modes d’accueil contraint déjà fortement les familles
Notre enquête a été menée en ligne en mai 2024 auprès de six cents parents d’enfants de 0 à 3 ans :
- 67 % des parents témoignent que le coût de l’accueil de leur enfant constitue une préoccupation importante, quel que soit le niveau de ressource.
- 65 % des parents indiquent que le coût de l’accueil a joué sur le choix du mode d’accueil de leur enfant.
- 51 % des parents ont réduit le nombre d’heures d’accueil de leur enfant pour en limiter le coût. L’effet est mécanique sur l’emploi : 50 % des parents ont modifié leur temps de travail, 38 % sont passés à temps partiel.
- 43 % des parents trouvent les modes d’accueil trop coûteux par rapport à leurs ressources.
- Plus d’un tiers des parents répondants indiquent que le coût actuel du mode d’accueil de leur enfant est de nature à différer une autre naissance ou adoption ou à y renoncer.
- Le coût moyen mensuel toutes aides déduites (publiques comme privées) est de 337 € (187 € selon l’enquête de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques de 2013), ce qui est loin d’être négligeable d’autant qu’il s’agit d’une moyenne.
Des parents en emploi ayant besoin de beaucoup d’heures d’accueil, vivant dans des zones aux tarifs plus élevés, ou ayant de jeunes enfants d’âges rapprochés, sont confrontés à des restes à charge bien plus élevés et pouvant dépasser les 1 000 € par mois.
Notre enquête montre l’impact du reste à charge lié à l’accueil du jeune enfant sur la vie des familles et sur leur budget :
- effet négatif sur le niveau d’emploi, notamment des mères,
- pression sur le niveau de vie et l’épargne de la famille,
- décision de différer ou renoncer à l’accueil d’un nouvel enfant : plus d’un tiers des parents se disent concernés.
Stop aux mesures visant à augmenter le coût pour les parents !
- L’Union nationale des associations familiales demande qu’avant toute mesure concernant le coût de l’accueil, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques mène et publie une enquête détaillée du reste à charge dans différentes configurations de famille et d’emploi.
- L’Union nationale des associations familiales demande que la réforme annoncée du complément de libre choix du mode de garde « emploi direct » pour septembre 2025 soit suspendue et que ses paramètres et impacts détaillés soient présentés et mis en débat. En effet, avec une estimation minimale de 43 % de familles perdantes, le coût de l’accueil du jeune enfant ne doit pas devenir un impôt déguisé pour ceux qui travaillent.
- L’Union nationale des associations familiales rappelle que les familles n’ont pas besoin d’être davantage mises à contribution pour financer le développement des modes d’accueil : la branche famille est excédentaire – malgré les transferts de charge des dernières années – et le fonds national d’action sociale, régissant notamment le budget du coût du mode d’accueil, continue d’être en sous-consommation.
Dans un contexte de chute des naissances et de pression sur le pouvoir d’achat des familles, il serait inimaginable que le chemin vers le service public de la petite enfance rende financièrement inabordables les modes d’accueil et écarte des parents (notamment les mères) de l’emploi.
L’Union nationale des associations familiales, institution engagée avec et pour les familles depuis 1945 est l’expert des réalités de vie des familles. Porte-parole officiel des familles auprès des pouvoirs publics, elle représente et soutient les 18,5 millions de familles vivant sur le territoire français et défend leurs intérêts. Pluraliste, elle regroupe soixante-treize mouvements familiaux et près de six mille associations familiales d’une grande diversité. Elle anime le réseau des unions départementales des associations familiales et unions régionales des associations familiales qui mènent des missions de représentation et de services aux familles dans chaque département et dans chaque région.
Communiqué archivé au format PDF (455 Ko, 3 p.).
Enquête archivée au format PDF (832 Ko, 3 p.).