Chronique de la misandrie ordinaire

Virginie Efira (© Rudy Marmet)

Le titre d’une interview publiée dans la presse féminine a attiré par hasard mon attention : « Virginie Efira : “Quand mes parents ont divorcé, ma mère s’est dit « je ne peux pas partir et lui enlever ses enfants », ce que je trouve très beau” ».

Voici l’extrait qui a manifestement inspiré le titre de la publication. L’actrice Virginie Efira y parle de maternité suite à la naissance de son fils quelques mois auparavant :

« La maternité a-t-elle changé vos rapports avec vos propres parents ?

« Quand on devient parent, on ressent plus d’indulgence envers les siens. Ce n’est pas que je les jugeais auparavant, car j’ai eu la chance d’avoir de bons parents. Lorsque j’étais petite, mon père travaillait beaucoup. Comme il était médecin à l’hôpital public, on ne le voyait que le soir. Quand ils ont divorcé, je crois que ma mère s’est dit “je ne peux pas à la fois partir et lui enlever ses enfants”, ce que je trouve très beau. À partir de là, je vivais chez lui la semaine et chez elle le week-end. Mon père a assumé les devoirs, l’éducation, il a donné énormément de son temps. Il était très présent. »

Je veux tout d’abord remercier Virginie Efira pour ce témoignage de l’amour et de l’investissement d’un père pour ses enfants. Je veux aussi remercier les deux journalistes signataires du texte pour avoir choisi de mettre en lumière ce court passage alors que l’ensemble n’est pas focalisé sur la question de la paternité.

Pourquoi écrire une chronique sur cette interview, sur ces quelques mots d’une enfant devenue adulte à propos du divorce de ses parents ? Parce que ces mots sont révélateurs de l’atmosphère qui baigne nos sociétés occidentales.

Ce qui a focalisé mon attention est cette observation de l’interviewée : « ce que je trouve très beau ».

Virginie Efira nous laisse comprendre que sa mère a quitté son père (« je ne peux pas à la fois partir… ») tout en nous précisant qu’elle a pris soin de ne pas doubler cette rupture d’une autre imposée entre le père et ses enfants (« …et lui enlever ses enfants »). Et que cela est « beau ».

Dans une société un peu moins malade dans ses relations hommes/femmes, le geste de cette mère qui, quittant un homme, le fait sans pour autant imposer à ses enfants de quitter leur père, ne devrait relever que de la normalité.

Imaginons qu’une mère choisisse de quitter le père de ses enfants et parte avec les enfants, coupant le père de ses enfants, coupant les enfants de leur père, détruisant des vies en toute conscience – ou inconscience – de son geste. Le geste de cette mère serait infâme, inhumain. Il devrait appeler la condamnation ferme et puissante de la société toute entière. Mais est-ce bien cette réaction qui dominerait alors aujourd’hui ?

Toute mère qui, souhaitant reprendre sa liberté, met fin à la conjugalité parentale, devrait percevoir comme un évidence que doubler cette rupture du meurtre de la paternité et de la relation père-enfants – et de la relation enfants-père ! – est un acte immonde, d’une violence inouïe, d’une profonde immoralité, quelque chose qui se situe hors de la dignité humaine.

Que l’on en vienne à qualifie de « beau » le fait de s’abstenir de commettre l’abominable en dit long sur l’état de nos sociétés.

Mesdames qui êtes mères, vous qui savez que votre enfant n’est pas un produit technologique fabriqué à partir de paillettes congelées, vous qui savez que votre enfant n’est pas un objet sur lequel on exercerait un droit de propriété, soyez humaines.

Messieurs qui êtes pères, l’Association contre l’aliénation parentale compte parmi ses membres des femmes aussi bien que des hommes. Des mères sont privées de leurs enfants par des pères qui les ont emmenés, embrigadés, et ces enfants sont privés de leur mère. Ne sombrez pas non plus dans l’inhumanité.

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