Enfants handicapés, sacrifiés par la réforme de l’adoption

Communiqué de presse de l’association Tombée du nid

Tombée du nid

Les députés examinent aujourd’hui la réforme de l’adoption

Nous demandons instamment le vote des amendements déposés sur l’article 11 bis pour permettre aux organismes autorisés pour l’adoption d’agir en France.

Seuls ces organismes sont capables de recruter, former et accompagner des familles volontaires pour adopter les enfants handicapés, qui trop nombreux restent dans des structures qui ne sont pas faites pour eux et ne peuvent les prendre en charge correctement et, surtout, qui ne leur donneront jamais l’amour que seule une famille peut prodiguer.

La lettre de ces grands-parents adoptifs d’une petite Laure en témoigne :

« C’est en tant que grand-mère d’une petite fille de six ans, adoptée légalement et d’une façon plénière à l’âge de quatre ans, en 2019, par ma fille, que je viens vous interpeller aujourd’hui, car je suis très en colère. […] Petite Laure, car c’est elle dont il s’agit, a été abandonnée à la naissance, à Chambéry, en 2015 par une maman, elle-même souffrant de problèmes psychologiques […]. Elle est alors placée par les soins de votre institution dans une famille d’accueil qui s’avère très vite déficiente, voire maltraitante : dix-huit mois de maltraitance, c’est terrible ! L’enfant est retirée. Question essentielle, qui fait les contrôles ? Y en a-t-il suffisamment ? Les départements qui sont à la fois juges et parties : étonnant tout de même.

« Que fait l’institution ? Il n’existe pas de lieux qui correspondent à ces enfants différents. Alors elle la place dans un centre où l’on “pousse les murs”, alors qu’il accueille des enfants de 0 à 3 ans, placés là momentanément ; elle y restera presque deux ans, côtoyant des enfants en grande souffrance sûrement. Le personnel n’est pas formé au handicap de cette petite fille, handicap que l’on ne cherche même pas à qualifier : elle n’est pas dans un lieu qui corresponde à son âge mais on la considère comme les autres, c’est-à-dire comme un bébé : biberon, couches, peu de jeux éducatifs… jusqu’à ses quatre ans ! L’État qui se dit d’accueillir et de protéger semble oublier cette fonction ?

« Ce n’est alors que pour ses quatre ans que l’institution, qui reçoit la demande d’adoption de ma fille, se décide à monter un dossier ! Pourquoi avoir entendu si longtemps ? »

Nous sommes nous même parents adoptifs de trois enfants handicapés :

  • Marie, porteuse d’une trisomie 21,
  • Marie-Garance, qui est polyhandicapée,
  • Frédéric-Moïse, qui a une pathologie au cervelet.

Nous pouvons témoigner du service que rendent en France les organismes autorisés pour l’adoption, laissez-les agir car il en va de l’adoption des enfants différents.

La précision dans l’article 11 alinéas 1 et 2 de la proposition de loi selon laquelle :

« Le président du conseil départemental ou, en Corse, le président du conseil exécutif peut faire appel à des associations pour identifier, parmi les personnes agréées qu’elles accompagnent, des candidats susceptibles d’accueillir en vue de l’adoption d’enfants à besoins spécifiques »

est tout à fait insuffisante car, pour agir efficacement, les organismes autorisés pour l’adoption ont besoin de leur reconnaissance en tant que telle.

Nous demandons aux députés de ne pas manquer cette opportunité de permettre à chaque enfant destiné à l’adoption de pouvoir bénéficier de la tendresse d’une famille.

Clotilde et Nicolas Noël

Fondateurs de l’association Tombée du nid


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