Revue de presse du 16 mai 2021

Revue de presse

Créé en le 1er septembre 2020, le poste de haut-commissaire au plan a été confié à François Bayrou. Il est chargé d’animer et coordonner les travaux de planification et de réflexion prospective conduits pour le compte de l’État et d’éclairer les choix des pouvoirs publics au regard des enjeux culturels, démographiques, économiques, environnementaux, sanitaires et sociaux, technologiques.

Dans une note rendue publique aujourd’hui, François Bayrou aborde la question de la démographie comme « clé pour préserver notre modèle social ». Son introduction rappelle que la démographie est à l’intersection de « trois sphères » : personnelle, collective et internationale (p. 1). Il rappelle également que la France a choisi au sortir de la Seconde Guerre mondiale un modèle social spécifique, fondé sur le principe de « tous pour chacun » (p. 5). Le dixième alinéa du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 énonce ainsi que « La Nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à son développement ». Appliqué aux systèmes de chômage, d’éducation, de retraite – avec le choix emblématique de la retraite par répartition et non par capitalisation – et de santé, ce principe se traduit par d’importantes dépenses publiques, en comparaison avec d’autres pays, mais aussi, selon le coefficient de Gini et d’autres mesures de l’inégalité des revenus, une bonne place de la France en ce qui concerne la protection économique et sociale des moins favorisés.

Le dynamisme démographique – en particulier le ratio entre actifs et non actifs – constitue le pilier de ce système social, où la redistribution et la répartition sont importantes. La note souligne cependant l’écart entre la baisse de la fécondité et les enquêtes mesurant le désir d’enfants : « le désir idéal d’enfants qui est mesuré régulièrement par des enquêtes montre que les Français continuent à vouloir trois enfants tout en en ayant, en moyenne, un peu moins de deux depuis quelques années » (p. 13). S’il reste parmi les plus élevés d’Europe (1,89 en 2018), l’indice de fécondité français est cependant en dessous du seuil de renouvellement des générations (2,1) et n’assure donc pas à terme l’équilibre de notre système de protection sociale. Dans une annexe à la note, l’Institut national d’études démographiques souligne de son côté que « les intentions positives [de fécondité] tendent à surestimer les comportements » (p. 19). L’intention d’avoir un enfant n’est pas suivie d’effet en raison de multiples facteurs évoqués dans la note, en particulier la difficile articulation entre les vies familiale, personnelle et professionnelle (p. 14).

La note aborde aussi la thèse malthusienne de « la population contre la planète » (pp. 14-16), avec l’émergence des « Ginks » (« Green inclination, No kids », « tendance verte, pas d’enfants »). François Bayrou estime que cette approche doit être relativisée pour deux raisons : la taille relative de la France – 70 millions d’habitants sur une population mondiale proche de 10 milliards en 2050 – et le décalage des évolutions – « La question du climat se joue dans les vingt ans qui viennent. Modifier profondément les données démographiques n’est possible qu’à beaucoup plus long terme. » (p. 16). Sur ce dernier point, l’exemple chinois montre très bien le caractère difficilement réversible des tendances démographiques : annoncée le 29 octobre 2015 lors du cinquième plénum du Comité central du Parti communiste chinois, la fin officielle de la politique de restriction des naissances en Chine n’a eu que peu d’impact sur la natalité, puisque la baisse des naissances s’est poursuivie – le pays a enregistré 10,04 millions de naissances en 2020, soit une baisse de 14,8 % par rapport à 2019.

La note préconise aux pouvoirs publics de jouer sur deux leviers : le soutien à la natalité et l’immigration, appelant à une prise en compte politique globale de cette dernière, en raison des enjeux de cohésion et d’intégration qui y sont liés.






Faire un don

Totalement indépendant, ne bénéficiant à ce jour d’aucune subvention publique et ne vivant que de la générosité privée, P@ternet a besoin du soutien de ses lecteurs pour continuer, et se développer. Si cette publication vous a intéressé, vous pouvez soutenir P@ternet grâce à un don ponctuel en cliquant sur l’image ci-dessous.

helloasso

Laissez un commentaire (respectez les règles exposées dans la rubrique “À propos”)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.