Le progrès est-il dans l’oubli d’un « détail » ?

Jean Gabard (© D.R.)

Les partisans du mariage et de l’adoption pour tous se rangeraient dans le camp du progrès… Le progrès est-il dans l’oubli d’un « détail » ?

Les partisans du mariage et de l’adoption pour tous se rangeraient dans le camp de la démocratie et du progrès, et feraient des opposants des traditionnalistes et des réactionnaires. Il y a pourtant parmi les opposants des personnes qui ne sont ni catholiques, ni même chrétiennes, ni même croyantes, ni conservatrices, ni de droite et encore moins d’extrême droite… Alors, où est le progrès ?

Prôner le mariage et l’adoption pour tous suppose que l’on croit l’homme et la femme, le père et la mère, identiques, et donc que l’un peut remplacer l’autre. Croire à cette égalité, c’est être persuadé que la « théorie du genre » est une vérité scientifique qui ne souffre aucune contestation.

La « théorie du genre » a constitué une avancée lorsqu’elle est apparue pour contester les théories naturalistes qui justifiaient les hiérarchies et les discriminations sexistes. Cette contestation reste toujours valable mais ce qui l’est moins est le fait de confondre l’égalité en droits, légitime en démocratie, avec le droit à l’égalité, utopique et peu souhaitable. Parce que la différence des sexes a permis aux hommes de la société patriarcale d’inférioriser la femme pour imposer leur type de société, il faudrait non seulement changer le type de société (ce qui est en partie fait dans le monde occidental), mais supprimer la différence des sexes. Le progrès consisterait à prendre l’inverse de ce que l’on condamne et à opposer aux inégalités injustes une égalité totale. Il pouvait être en effet utile, pour être plus efficace, d’avoir un discours radical pour balayer ce qui est devenu inacceptable. Cette réaction adolescente est tout à fait compréhensible et elle était peut-être même nécessaire. Mais doit-elle durer pour autant ? N’est-ce pas devenir conservateur que de se complaire dans cette révolte et refuser, après la crise d’adolescence, de devenir adulte ?

Devenir adulte ? Quoi de plus logique après l’enfance et l’adolescence ? L’adulte est cependant ce que tout adolescent abhorre. C’est aujourd’hui le symbole de la « ringardise ». Ne faut-il pas en effet aujourd’hui rester jeune et surtout ne pas vieillir ? Et pourtant, s’il est agréable de rêver et de se passionner, n’est-il pas nécessaire de prendre en compte la réalité, d’assumer les contraintes qui s’imposent, pour fonctionner le mieux possible ?

Des limites, même si nous n’en voulons pas et si c’est le propre de notre temps de les refuser, sont pourtant bien présentes. Bien sûr, après avoir souffert de l’autoritarisme, nous revendiquons aujourd’hui la liberté totale. Davantage que nos ancêtres, nous ne voulons plus assumer la différence des sexes qui est notre grande limite, celle qui nous prive d’avoir ce que l’autre a et donc de ressentir ce que l’autre ressent. Cette différence nous empêche de nous croire parfaits et en harmonie. Elle nous insécurise. Nous ne l’acceptons plus et pour cela, quand elle se présente, nous la rejetons et l’assimilons aux inégalités « anormales ». Ce palliatif a été utilisé par les hommes, pendant des millénaires, pour justifier leur pouvoir. Pour eux, la femme différente ne pouvait n’être qu’inachevée alors qu’eux représentaient la norme. Aujourd’hui, avec l’égalitarisme ambiant, il n’est plus question de trouver l’autre inférieur. Dire par contre que la différence est le résultat d’une injustice est beaucoup plus « politiquement correct ». L’intention est en effet tellement louable qu’elle nous ferait presque oublier qu’il s’agit toujours de ne pas assumer la différence. Et nous nous en persuadons d’autant plus que les injustices existent et qu’elles ont parfois leur source dans l’éducation même. Elles sont même tellement insidieuses qu’il devient plus facile de les voir partout. C’est ainsi que toute différence de comportement, de résultat, entre les hommes et les femmes ne peuvent venir que de discriminations toujours présentes ou d’une éducation sexiste. C’est ainsi que donner une poupée à une petite fille ne devient pas simplement une explication complémentaire de l’inégalité mais l’Explication du crime.

Nous ne sommes plus déterminés par notre nature mais entièrement par l’éducation dont les femmes seraient victimes et les hommes responsables. Être né d’une personne de l’autre sexe et avoir un corps d’homme ou être née d’une personne du même sexe et avoir un corps de femme susceptible de mettre des enfants au monde devient « un détail » de notre histoire !

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