Bensussan (Paul), « Les fausses allégations d’abus sexuels », allocution prononcée à Paris le 12 juin 1999, lors du colloque organisé dans le cadre du huitième congrès SOS PAPA autour du thème « L’enfant écarté du père ». Paul Bensussan est psychiatre, expert auprès de la Cour d’appel de Versailles.
J’assistai récemment à l’exposé d’un expert. Ce n’était pas le sujet principal de son exposé, mais quelques questions lui ont été posées sur son sentiment à propos des fausses allégations. Et là, on pourrait dire que cette personne s’est pratiquement transfigurée, disant textuellement, j’ai noté : « Un enfant dit toujours la vérité sauf preuve du contraire », « Je ne vois vraiment pas pourquoi une mère pourrait faire cela à son enfant », et troisièmement, en me fixant avec un regard accusateur, « Je protège l’enfant ». C’est tout juste s’il n’a pas rajouté : « moi ».
En répondant de la sorte, cet expert se contredisait de façon flagrante. Un petit peu plus tôt dans son exposé, parlant de pédophilie et des incestes pédophiliques, il avait expliqué qu’il était souvent confronté à des pathologies venant de l’imagination ; par exemple, si vous en avez entendu parler, le TOC (trouble obsessionnel compulsif). Comme vous le savez sûrement, la symptomatique psychiatrique évolue avec le temps, avec les époques, avec les cultures. Eh bien ! on observe aujourd’hui que des gens souffrant de TOC, au lieu d’avoir peur de jeter quelqu’un sous une rame de métro, vont avoir peur d’agresser sexuellement un enfant à la sortie de l’école. Il ne s’agit pas de pédophiles, mais de pensées obsédantes, sous-tendues par une pathologie d’une part, et l’air du temps d’autre part.
Deuxièmement, il avait expliqué que, de même, certaines personnalités hystériques commençaient à se poser des questions sur leur propre entourage au lendemain d’un débat télévisuel ou de la lecture d’un article un peu angoissant.
Troisièmement, il avait également expliqué que les enfants se traitaient entre eux de pédophiles dans la cour de l’école maternelle…
Pour mettre quand même un petit peu de bonne humeur, je vais vous citer ici une mission d’expertise : « Rappel des faits : Kevin L…, âgé de quatre ans, a fait l’objet d’attouchements anaux commis par un autre enfant à l’école maternelle X…, alors qu’il était âgé à l’époque des faits de trois ans et demi. » Je vous donne quand même l’âge de l’abuseur : « Les attouchements ont été commis par Wilson C…, âgé de quatre ans, qui aurait mis un doigt dans les fesses du jeune Kevin L… »
Alors là, c’est parti ! Procureur de la République, expert, contre-expert, etc.
[M. Bensussan lève la copie en la montrant aux participants]
Il faut comprendre que si la justice s’amuse avec de tels enfantillages, sans vilain jeu de mots, c’est quand même très inquiétant sur la façon dont la plasticité et la suggestibilité de notre époque touchent les parents et les institutions.
J’ai donc été très étonné de l’attitude de cet expert, dont j’avais quand même apprécié le brio, la compétence, et que je ne cherche pas à dénigrer. Je cherche simplement à le comprendre. Alors, je vais vous offrir ici quelques hypothèses, vous aurez sûrement des hypothèses alternatives, et je crois que cela vous éclairera sur ce qui se passe et sur l’incapacité que vous avez à vous faire entendre.
Première hypothèse, que je ne retiendrai pas : c’est la méconnaissance du problème. « Un enfant dit toujours la vérité. » Peut-on penser que cet expert-psychiatre méconnaît à ce point-là la suggestibilité naturelle du jeune enfant, l’induction de son discours par les adultes, ou l’inflation des fausses allégations ? Vraiment peu probable, et démenti par le reste de l’exposé qui démontrait au contraire de très bonnes connaissances du problème. On était vraiment dans l’irrationnel. S’agissait-il justement du terrible poids des opinions admises, du tabou de l’inceste ? Mais vous voudrez bien m’accorder qu’un psychiatre, un expert, devrait théoriquement savoir s’en dégager, au moins dans l’exercice de ses fonctions.
Peut-on parler de dégoût ? Il m’a semblé que oui. Quand cette personne parlait des pédophiles, il y avait des réactions contre le conférencier qui me paraissaient ingérables, en tous cas par lui. Si vous ne le savez pas, je travaille à la rédaction d’un ouvrage sur ce thème, mais je reconnais que j’étais moi-même saisi d’un certain dégoût à certains moments. J’étais plongé dans le sujet ad nauseam, et je ne sais pas ce qui me dégoûtait le plus, le vrai ou le faux. Ou bien tout simplement l’inquisition qui règne actuellement. C’est-à-dire qu’on n’a tout simplement pas le droit de parler de cela, sauf à se faire lyncher en place publique.
Plus cynique, mais c’est une hypothèse qu’on ne peut pas écarter, tout simplement un positionnement. J’emploie un terme de marketing qui peut scandaliser chacun, mais, après tout, vous savez qu’on peut choisir un profil de personnalité, un champ d’intérêt, même dans la pratique de l’expertise. Alors, s’agit-il d’un positionnement ? Si cette hypothèse est la bonne, il rallie tous les suffrages. Il n’y a pas d’ambiguïté. Il ne prête pas à la critique. En parfait accord avec l’idéologie dominante, il se présente comme le pourfendeur des abuseurs et des pédophiles, le courageux défenseur de l’enfant. Mais dans cette hypothèse, ne protège-t-il que l’enfant, comme il le dit lui-même, ou se protège-t-il plus encore ? Mais moi aussi je protège l’enfant ! En aucun cas, je le redis ici très fermement, je ne suis défenseur ni d’un père abuseur, ni d’un pédophile, incestueux ou pas. En revanche, je m’insurge contre l’étroitesse d’esprit et le dogmatisme ambiant qui veulent qu’on soit immédiatement soupçonné de défendre ou de favoriser involontairement la défense des pédophiles quand on réfléchit au problème posé par les fausses allégations. Les pères abuseurs sont habillés comme nous, on ne les repère pas. Il y en a peut être parmi vous. Ils se sont peut-être glissés dans l’association. Effectivement, certains experts me disaient : « Oui, je sais, il y a eu quelques excès, ils se sont d’ailleurs groupés dans des associations. »
Michel Thizon. Dans des associations non contrôlées.
On n’a malheureusement pas de preuves, et c’est là toute la délicatesse du sujet. Je protège l’enfant, mais je trouve scandaleux qu’on accuse un psychiatre expert qui réfléchit à ce problème de favoriser, malgré lui ou non, la défense de l’inceste. En ce qui me concerne, et à plus d’un titre, ce serait un comble. Mais je pense que c’est la multiplication des fausses allégations et des accusations mensongères qui constitue un véritable danger pour la détection d’authentiques cas d’inceste. Et on peut facilement imaginer qu’un magistrat qui se serait laissé abuser, là encore sans jeu de mot, dans son exercice par de nombreuses fausses allégations prête une oreille moins attentive à la suivante, qui pourrait, elle, être vraie.
Dernière hypothèse. Je rappelle qu’on est toujours en train de se demander pourquoi les oreilles se ferment, pourquoi on a une cécité ou une surdité psychique quand on parle de ce problème. Pour vous, c’est le silence absolu dans une audience, mais c’est la même chose pour moi dans un congrès. Eh bien ! ma dernière hypothèse, et c’est celle qui me paraît la plus plausible, c’est la peur. C’est à cela qu’il faut penser en premier si on veut se faire entendre et si on veut comprendre cette surdité, pour ne pas dire cette hostilité, qu’on rencontre quand on aborde ce sujet. Tout le monde a peur, et j’ajouterai : tout le monde ment. Dans cette affaire, personne ne dit la vérité et personne n’est à l’abri de la peur.
Les magistrats les premiers ont peur. Mettez-vous à la place du magistrat qui a eu un gros pépin.
Le parent dénonciateur aussi a peur. On insiste trop sur les accusations cyniques avec les faux témoignages, les fausses attestations. Il y a une proportion de bonne foi dans l’immense majorité des cas, mais je reviendrai sur le sujet, on va longuement parler de la sincérité du parent dénonciateur.
Le parent accusé a peur. On a entendu les conseils du docteur Rey, et les réactions que ça provoquait dans l’assistance. On peut effectivement objecter qu’on risque de perdre tout naturel et toute spontanéité en suivant ses conseils, et d’apparaître comme un petit peu plus coupable. On peut aussi penser que ses conseils en sauveront plus d’un. C’est très discutable, mais vous voyez qu’on est de toute façon dans le problème central de la peur.
Le médecin à l’origine du premier certificat a peur, lui aussi. Ce n’est pas seulement un salaud ou un naïf ; comme tout le monde, il a lu, il sait très bien que ça existe, mais il a la trouille. C’est quand même un petit peu rouge, la mère est vibrante de sincérité – ou vibrante de haine, cela fait le même effet.
Et enfin, l’expert a peur. Il engage sa responsabilité. Il a envie de garder sa crédibilité ; double sens là encore, puisqu’on parle d’expertise de crédibilité.
Eh bien ! je pense que c’est la peur qui est la pire ennemie. Qu’il s’agisse d’un magistrat, d’un médecin ou d’un parent, celui qui a peur n’est plus capable de protéger efficacement un enfant. Métaphoriquement, si vous voulez protéger un enfant qui a peur du noir ou qui a le vertige, et que vous êtes vous-même sujet à la phobie du noir ou au vertige, vous ne serez plus en mesure de le protéger. Ce n’est pas en prenant des mesures drastiques et principalement coercitives qu’on protège. Et les psychiatres dignes de ce nom devraient avoir une vision plus large et plus globale de la protection, comprenant également la protection psychologique de l’enfant. C’est sur cette peur qu’il faut travailler si on veut être entendu.
Pour mieux faire connaître le problème, et je crois que vous vous y employez assez sans avoir besoin de mes conseils, il faut réfléchir à l’aspect diplomatique. Même si elles sont majoritairement les auteurs de fausses allégations, il n’y a pas que les mères, et je me permets de vous donner le conseil de veiller plus sensiblement à la terminologie. Même le titre de ce congrès, dont je comprends parfaitement la souffrance qui le sous-tend, favorise des phrases du type : « Oui, je sais, ils se sont groupés en association. » Alors, si on remplace mère par parent dénonciateur, et père par abuseur présumé, on baisse d’un cran dans la passion, et on peut faire que les oreilles se ferment un tout petit peu moins vite.
Un autre conseil diplomatique : il n’y a pas que la mauvaise foi. Même si certains d’entre vous ont la conviction absolue d’avoir été victimes de quelque chose de cynique et de construit, vous savez aussi certainement qu’une part de subjectivité est une vraie part de doute. On va revenir assez longuement sur la part de sincérité.
Encore un conseil diplomatique pour être entendu : travailler davantage sur les dégâts à long terme, aussi bien pour l’enfant que pour les parents dénonciateurs. On peut imaginer les retours de manivelle lorsque l’enfant se sentira trahi et utilisé.
Enfin, ne pas mettre la détresse du parent accusé au premier plan. Vous souffrez, mais votre personnalité est constituée, vous avez des ressources psychologique, vous avez un environnement amical, même s’il a été un peu délabré. L’enfant n’a pas grand chose à quoi se raccrocher. Il a un parent supposé protecteur, mais en vérité souvent manipulateur ou inducteur, c’est-à-dire qu’il est seul au monde. Ne parlez que de protection, montrez le caractère délabrant des accusations mensongères à ceux qui croient protéger. Et là, je vais plus loin que cet auteur connu, Hubert Van Gijseghem, que vous avez tous lu, dont les travaux sont extrêmement célèbres, et qui dit : « Les fausses allégations sont aussi délabrantes que les vraies. » Je suis d’accord avec lui, bien sûr, mais je crois qu’on pourrait ajouter « au moins autant », dans la mesure où il n’y a pas de parent protecteur. Dans le cas de l’accusation mensongère, il n’y a qu’un parent faussement protecteur.
Alors, si je peux me permettre de vous développer un des axes de ce que sera mon prochain ouvrage, je me suis en partie intéressé à la notion de sincérité. Parce que, comme vous le savez, non seulement les magistrats demandent exceptionnellement l’expertise psychologique du parent dénonciateur, ou accusateur, mais dans les cas où cette expertise est demandée, elle est tout à fait standard et ne pose jamais le problème du degré d’adhésion du parent dénonciateur à l’allégation. Or, ce degré d’adhésion est extrêmement variable. Je m’empresse d’ajouter qu’il est très difficile à évaluer, mais, après tout, est-ce plus difficile à évaluer que la crédibilité du discours de l’enfant ?
Dans le Petit Robert, la sincérité est définie comme la « qualité d’une personne sincère ». Elle connaît pour synonyme « la bonne foi, la franchise, la loyauté, l’authenticité, l’absence de trucage ». Dans ce même dictionnaire, la personne sincère est définie comme celle qui est « disposée à reconnaître la vérité et à faire connaître ce qu’elle pense et sent réellement, sans consentir à se tromper soi-même ni à tromper les autres ». Enfin, la personne sincère est également celle qui émet des propos « réellement pensés ou sentis », et, surtout, « authentiques, non truqués ».
Il faut évidemment éviter de confondre la sincérité avec la vérité. La personne sincère peut être sincèrement dans l’erreur. Si elle n’est pas sincère, il ne s’agit plus d’une erreur. Il s’agit de mensonge, voire de calomnie dans le cas d’une dénonciation.
Alors, il faudrait déjà commencer à démonter cette espèce de nébulosité qu’on appelle fausse allégation et, en fonction de ce critère de sincérité qui me paraît tout à fait discriminant, isoler aux deux termes les fausses allégations et les accusations mensongères. La sincérité absolue, par exemple dans le cas d’une fausse allégation, pourrait être sous-tendue par une idée délirante. Comme vous le savez, une idée délirante est la condition inébranlable d’une perception erronée : allez convaincre un délirant qu’il délire ! C’est ce que vous essayez de faire quand vous essayez de prouver votre innocence. Mais on est malheureusement dans la subjectivité pour évaluer la sincérité.
Vous savez la faible concordance de diagnostic entre les psychiatres. Peut-être certains d’entre vous ont-ils eu une expertise, puis une contre-expertise : ils ont observé à quel point les portraits qui étaient faits d’eux étaient divergents, ou tout simplement non concordants. C’est le propre de la psychiatrie, de toutes les questions posées au psychiatre, et ce sera également le problème dans les entretiens vidéo.
L’évaluation de la bonne foi de l’auteur d’une accusation, c’est encore un problème crucial qui doit intervenir dès le début parce que, même s’il y a eu une distorsion introduite dans la réalité, je parle par euphémisme, ça peut être un mensonge pur et simple, mais ça peut être une simple distorsion. Avec le temps et avec la répétition des auditions, expertises, contre-expertises, sur-expertises, enquêteurs sociaux, psychologues magistrats, policiers (je l’ai dit dans le désordre), cette distorsion va s’intégrer à la réalité exactement comme un gène, et sera indissociable par la personne même qui en avait conscience au début.
Dans un Essai sur la sincérité publié en 1911, Dromard décrit cette intégration progressive du mensonge ou de la fabulation à la vérité. Je vais le citer car on ne peut pas mieux le dire. Il dit dans un premier temps :
« C’est à la faveur d’une suggestion en retour qu’on peut parvenir à duper autrui avec tout le naturel et l’habilité souhaitables. »
Il stipule plus loin :
« Un homme se sent dans l’erreur, mais, comme il se plaît dans cette situation, il se donne le change à lui-même et se persuade très positivement que cette erreur est une vérité. Il exploite dès lors sa propre illusion pour duper autrui ; et en même temps qu’il met à profit le mensonge, son esprit s’y enfonce davantage. Mieux encore, la crédulité de ceux qu’il abuse, le dupant en retour, consolide à ses propres yeux le système illusoire qui fait de son mensonge une réalité. »
Donc, lorsque que nous voyons un parent accusateur deux ans après la dénonciation, ce qui est déjà une rareté, la sincérité ne fait aucun doute, même s’il était de mauvaise foi au départ. Il faut donc encourager l’évaluation de ce critère, qu’il n’est encore une fois jamais demandé d’apprécier, mais surtout l’évaluation très précoce, c’est-à-dire dans les heures, dans les jours suivant la dénonciation.
Je voudrais finir en vous citant quelques situations extrêmes entre la sincérité et la mauvaise foi absolues, mais, là encore, je pense que vous en trouverez d’autres dans vos situations personnelles.
Je pense que Didier Rey ne me contredira pas : avant d’avoir en face de nous les parents, on a déjà quelques petits arguments très évocateurs, extrêmement stéréotypés, d’une situation à l’autre. Notamment pour ceux des experts – je crois que ce n’est pas la majorité – qui travaillent en réunissant les parents et les enfants. On a des arguments du parent dénonciateur, ou plutôt des réactions extrêmement évocatrices. Soit une inquiétude émise avec modération devant un expert : cela pourrait bouleverser l’enfant de se retrouver face au parent accusé. Soit des attitudes extrêmement théâtrales, avec utilisation de l’avocat qui dit : « Mon client, ma cliente, ne peut pas accepter ça ! », une pluie de recommandés, des menaces de ne pas se rendre à la convocation si l’autre doit être là, etc. Et dans toutes ces réactions, on sent bien d’ailleurs que le désir le plus fort n’est pas un désir de protection, mais un désir de ne pas remettre l’enfant face à l’autre parent, de ne pas réactiver possiblement le lien affectif qu’on s’efforce d’annuler.
Entre ces deux cas extrêmes de sincérité et de mauvaise foi, je voudrais vous citer des situations infiniment plus courantes. Rien n’est simple, rien n’est binaire. Vous avez des personnalités suggestives chez lesquelles l’imagination et le doute se conjuguent. J’ai donné tout à l’heure comme exemple l’émission sur l’inceste et la dénonciation qui suit le lendemain : il y a encore un doute, un doute sincère, mais auquel on va ajouter un petit peu de mauvaise foi pour être cru. C’est-à-dire qu’on va présenter le doute en certitude ; autrement dit, on va en rajouter. Dans le cadre de l’expertise, ça s’appelle une « sursimulation ». Ce n’est pas à confondre avec la simulation ; c’est une attitude de majoration, qui est évidement scandaleuse, mais dont le but reste « noble » : être cru, et donc protéger l’enfant.
Encore un petit peu plus du coté de la mauvaise foi, on a l’allégation utilisée sans adhésion véritable du parent accusateur, mais encore dans un but « noble » : protéger d’un conjoint estimé dangereux. Il est violent, il est alcoolique, on en a déjà fait état, on en a même fait l’objet de l’expertise. Le parent sait que l’autre est capable d’être ivre ou violent en présence de l’enfant ; on va alors utiliser l’allégation d’abus sexuel, qui est quand même autrement plus efficace que la première qui n’a pas fait ses preuves.
Encore un peu plus dans la mauvaise foi : l’allégation est utilisée sans adhésion véritable du parent dénonciateur, mais il y a une motivation psychologique, un intérêt évident à évincer l’abuseur présumé. On peut citer le cas de pères qui accusent soit la grand-mère maternelle, j’en ai cité dans mon ouvrage, soit encore le beau-père, le nouveau compagnon de la mère. À un certain degré de haine, on peut imaginer qu’il est pratiquement intolérable qu’un(e) autre viendra raconter l’histoire à son enfant dans son lit, lui donner le bain, l’emmener se promener en forêt, en profiter quotidiennement.
Et là encore, sommes-nous dans la mauvaise foi, dans la suggestibilité, dans l’imagination ? En tout cas, il y a une souffrance, il y a des motivations psychologiques complexes, insondables, qui ne sont malheureusement jamais, ou presque jamais, prises en compte par les magistrats ou les experts. C’est donc mon dernier conseil : si vous avez des affaires de ce genre, demandez à ce qu’on évalue, et vite, le degré d’adhésion. Est-ce que le parent dénonciateur y croit lui-même ?
[Applaudissements]