Revue de presse – Brésil
Le Diário de Notícias (nº 14194), quotidien édité à Rio de Janeiro, publie un billet assez caustique de son correspondant parisien Newton Freitas à la page 2-5.
Traduction P@ternet
« Billet de Paris (Newton Freitas)
« Une maison blanche et à l’intérieur un homme et deux enfants… Ainsi commence une histoire d’amour tragique qui se termine par trois coups de feu : l’homme tue les enfants et se fait justice. Et, pour que tragique soit l’affaire, les journaux n’en auraient guère parlé si l’homme ne s’était pas barricadé dans la maison avec les enfants pendant quinze jours et quinze nuits.
« En fait, tout a commencé lorsque le divorce entre les Fourquet a confié la garde des trois enfants à la femme. Le mari refuse alors de rendre les enfants, une âgée de quatorze ans qui a pu s’échapper, et les deux autres, âgés de douze et neuf ans, qui sont restés enfermés dans la maison avec leur père. La Justice avec son grand J a un mandat pour récupérer les enfants et commence par les réclamer poliment à Fourquet pour qu’il les rende. La réponse est violente : j’échangerai les enfants contre la mère, c’est-à-dire que je tuerai la mère et je livrerai les enfants à la Justice.
« La femme de Fourquet a raconté tout ce qui était arrivé avant, la violence du mari, les tentatives de meurtre contre son frère, et d’autres incidents non moins graves. La femme, qui garde la fille aînée, refuse bien sûr de procéder à l’échange macabre qu’exige Fourquet. Elle dit simplement que c’est un fou.
« Après cette première tentative va se dérouler un film dont l’épilogue ne pouvait surprendre personne, mais qui a fait de ce crime une affaire nationale qui a même atteint le gouvernement français.
« La Justice, par ses policiers, gendarmes, etc., a continué de demander à Fourquet la libération des enfants et de bloquer toutes les issues de la maison blanche entouré d’arbres, comme pour une affaire normale… Une petite foule s’est peu à peu rassemblée. Il y avait chaque jour davantage de gens autour de la maison où la nourriture commençait à manquer. Une assistante sociale a pu venir parlementer avec Fourquet. Un médecin aussi, appelé par le dément lui-même pour soigner la petite qui n’allait pas bien. Un photographe a même obtenu l’autorisation d’aller prendre une photo des trois reclus. Il a pu entrer et sortir avec son matériel sans problème.
« Comme la nourriture faisait défaut, du lait, des biscuits, etc., ont été déposés à quelque distance et l’enfant venait les chercher sous la garde vigilante de la carabine. Et ainsi de suite. Au bout de quinze jours, les gendarmes ont donné à Fourquet un ultimatum, s’estimant ridiculisés, et, comme il l’avait dit, il tue les deux enfants ainsi que lui-même.
« Toute la France est choquée et des femmes essayent de lyncher la mère lors des funérailles des victimes. Et c’est alors que tout le monde se demande s’il n’y aurait pas eu un moyen de droguer ou d’endormir le dément, de profiter de la nuit, des moments où il parlait avec le médecin, de la visite du photographe, pour cerner la maison et y introduire des gaz lacrymogènes par exemple… mais c’est seulement maintenant que ces suggestions sont faites.
« C’est une chose étrange qu’un crime, longuement prémédité devant des centaines de personnes et des représentants de la Justice, ait pu se produire sans qu’une brillante idée surgisse pour rendre inoffensif celui que les unes des journaux français ont appelé “forcené” ! Aucune idée n’est venue au peuple le plus intelligent du monde, si ce n’est lyncher la femme qui ne voulait pas mourir et faire maintenant appel à la “Ligue des droits de l’homme” pour venger les victimes déjà enterrées.
« Voici que l’affaire est terminée… »
Article archivé au format PDF (3.05 Mo, 2 p.).