Question sur l’accueil des écoliers d’enseignants non remplacés

Sénat

Belenet (Arnaud, de), question d’actualité au gouvernement nº 2213G sur l’accueil des écoliers d’enseignants non remplacés, adressée au ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports lors de la séance publique du 5 janvier 2022.

M. le président. La parole est à M. Arnaud de Belenet, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées du groupe Les Républicains.)

Arnaud de Belenet (© D.R.)

Arnaud de Belenet (© D.R.)

M. Arnaud de Belenet. Monsieur le ministre, le protocole appliqué depuis lundi s’efforce de rendre l’école plus agile et réactive à la situation.

Une disposition, cependant, pose problème : elle impose, en niveau 3, qu’en l’absence d’un professeur non remplacé les enfants ne sont plus répartis dans les autres classes ; ils ne sont tout simplement plus accueillis à l’école.

Pour reprendre le choix lexical du moment, cette règle « emmerde » tous les parents, vaccinés ou non.

Pour chaque absent, vingt-cinq familles apprennent à huit heures vingt qu’elles doivent garder leur enfant ; la vie des familles est précarisée, la continuité pédagogique et sociale rompue. Les parents, assignés à résidence, ne pouvant travailler, l’économie est perturbée, sans que la covid en soit nécessairement la cause.

Pour exemple, voici un cas non pas d’école, mais bien réel. Un professeur n’a pas été remplacé hier, et vingt-cinq familles ont été impactées. Parmi elles, une assistante maternelle, qui, en conséquence, garde ses propres enfants et plus celui d’un enseignant, lequel reste donc à la maison et n’est, à son tour, pas remplacé, ce qui donne vingt-cinq autres familles impactées… C’est sans fin !

Avec 10 % d’absents aujourd’hui, potentiellement 30 % à la fin du mois, le phénomène va s’amplifier.

Monsieur le ministre, je comprends l’intention de limiter le brassage. Cependant, les mêmes enfants sont mélangés en dehors de l’école, en famille, lors des activités associatives. Ils le sont aussi sur les temps périscolaire, malgré les règles de zonage, d’horaires, malgré les tentatives de maintien en groupes « classe » mis en place par les collectivités.

Quoi qu’il en soit, la répartition dans les autres classes est traçable. Bien sûr, le remplacement de chaque professeur absent demeurerait la meilleure solution. Néanmoins, ce n’est pas nouveau, peu d’absents sont remplacés, et toujours avec un temps de latence. Les recrutements que vous avez engagés porteront au mieux le taux de 9 % à 15 % des effectifs. C’est loin de répondre au problème posé immédiatement par le protocole.

Je vous sais soucieux de maintenir la continuité pédagogique et l’école ouverte. Alors, monsieur le ministre, quand allez-vous supprimer cette règle de non-accueil à l’école des enfants dont les professeurs absents ne sont pas remplacés ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées du groupe Les Républicains.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

Jean-Michel Blanquer (© Jérémy Barande)

Jean-Michel Blanquer (© Jérémy Barande)

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Monsieur le sénateur, je vous remercie de cette question, qui a plusieurs mérites, dont celui d’aller directement sur un vrai sujet de débat, au demeurant assez technique : faut-il le brassage des élèves lorsque le professeur est absent ?

À l’arrière-plan de votre question, il y a aussi un descriptif de la situation lorsque les professeurs ne sont pas remplacés. De ce point de vue, il est très important de souligner les inconvénients qui seraient survenus si nous n’avions pas eu, depuis le début, une grande politique de l’école ouverte.

Je vous le rappelle, parmi les grands pays occidentaux, la France est le pays qui a maintenu le plus les écoles ouvertes, ce qui doit être un objet de fierté pour nous tous ici, et pour l’ensemble du pays, ainsi qu’un motif de reconnaissance pour les professeurs, directeurs d’école, chefs d’établissements, et tous les personnels, y compris des collectivités locales, que je salue, parce que nous savons tous que c’est dur pour eux, comme c’est dur pour les parents d’élèves.

Est-ce que je vais nier que le mois de janvier sera difficile ? Bien sûr que non ! Le mois de janvier est et sera difficile. Les situations que vous décrivez sont bien réelles et très compliquées.

Est-ce que nous sommes démunis pour ce qui est des remplacements ? C’est le principal sujet. Vous avez évoqué des chiffres, que je voudrais préciser. Heureusement, le conseil scientifique ne prévoit pas qu’il y aura 30 % d’absents : ce taux correspond à l’addition des cas de malades et des cas contacts. Or, comme vous le savez, ce n’est pas du tout le même sujet.

Il est impossible de dire quel sera le pic d’absences, mais il ne devrait pas dépasser normalement 15 %. En tout cas, nous déployons actuellement des moyens pour aller au-delà des 9 % de moyens de remplacement, c’est-à-dire aux alentours de 12 % à 15 %.

Le taux d’absence cette semaine, tel que nous pouvons le constater, est de 7 %, donc nous sommes en ce moment en mesure de remplacer, avec, bien entendu, des exceptions. Il y en a, je le reconnais, mais nous sommes bel et bien en situation de mener cette politique de l’école ouverte, qui correspond au désir de tous, des professeurs, des élèves, des parents d’élèves et de l’ensemble du pays. Soyons fiers de cette politique !

Alors, est-ce qu’il faut éviter de brasser les élèves ? C’est ce que nous avons décidé, et, si nous faisions l’inverse, on nous accuserait ici d’avoir des pratiques dangereuses. Quoi que l’on fasse, il y a ceux qui trouvent que l’on en fait trop et ceux qui trouvent que l’on n’en fait pas assez.

Cette position d’équilibre tient compte des recommandations des autorités sanitaires, mais je suis prêt à la reconsidérer, dans un dialogue avec lesdites autorités, au fil de cette crise. Aujourd’hui, en tout cas, c’est la règle qui nous permet d’avoir et l’école ouverte et la sécurité sanitaire maximale. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Arnaud de Belenet, pour la réplique.

M. Arnaud de Belenet. Merci, monsieur le ministre, de cet effort de pédagogie, mais j’espère qu’au moins vous élargirez très vite la dérogation octroyée aux soignants à l’ensemble des parents qui travaillent. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

Mise à jour du 6 janvier 2022

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