Revue de presse du 6 octobre 2021

Dans ce rapport remis à la délégation de l’Assemblée nationale aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, les députés Gaël Le Bohec et Karine Lebon constatent un fort enracinement des représentations « stéréotypées » sur la nature des filles et des garçons, puis des femmes et des hommes, portant sur leurs compétences respectives, le comportement attendu d’eux en fonction de leur sexe, le rôle qui leur est assigné au sein des sphères familiale, professionnelle et sociétale, ainsi que leurs traits de personnalité. Profondément ancrée dans les esprits, cette différenciation des sexes se traduirait par une échelle de valeurs où les caractéristiques attribuées au sexe féminin seraient systématiquement dévalorisées par rapport à celles attribuées au sexe masculin, créant ainsi une hiérarchie entre les sexes qui ouvrirait la porte aux inégalités et aux violences…

Estimant que « la déconstruction des stéréotypes de genre, dès le plus jeune âge, s’inscrit […] pleinement dans la grande cause du quinquennat : l’égalité entre les femmes et les hommes » (p. 6), les deux rapporteurs listent des recommandations pour « lutter contre les stéréotypes de genre », identifiés dès la vie in utero. La cellule familiale est particulièrement visée dans leur liste de mesures à mettre en place « dès la petite enfance ». On trouve ainsi ce morceau de bravoure page 17 :

« Dès que les parents connaissent le sexe de leur enfant, leur attitude
change : ils s’adressent différemment au bébé in utero, ne touchent pas le ventre de la mère de la même manière, ne choisissent pas les mêmes couleurs pour la décoration de la chambre. La mère imagine à l’avance les séances de shopping qu’elle pourra faire avec sa fille, tandis que le père envisage de jouer au football avec son fils. »

Les deux rapporteurs préconisent donc d’« éduquer les parents à l’égalité entre les filles et les garçons dès la grossesse » en faisant mettre en place par les caisses d’allocations familiales et les municipalités un « accompagnement à la parentalité » axé sur l’égalité (p. 17). Il conviendrait également de « masculiniser » les métiers de la petite enfance pour contrer l’idée intégrée très tôt par les tout-petits que le rôle naturel des femmes est de s’occuper des enfants, de réformer le congé parental afin d’inciter davantage les pères à en bénéficier, d’instaurer deux modules de formation obligatoire sur les stéréotypes de genre pour les enseignants, de créer « un label égalité pour les manuels scolaires » (pp. 8, 43), d’instaurer des quotas selon les spécialités proposées au lycée, dans les classes préparatoires et les écoles d’ingénieur, et de mettre en place « un baromètre annuel de l’enfance, permettant d’assurer un suivi du ressenti et des attentes des enfants » en matière d’égalité (p. 82).

Évidemment adopté à l’unanimité, ce rapport sera présenté d’ici la fin de l’année aux différents ministères et secrétariats d’État concernés (Éducation, Égalité, Enfance, Enseignement supérieur) afin qu’ils s’engagent sur certaines mesures.

Rapport archivé au format PDF (858 Ko, 119 p.).