Quel est le rôle de la famille dans l’initiation des enfants aux jeux d’argent ?

Communiqué de presse de l’Union nationale des associations familiales

Union nationale des associations familiales

Parce que les jeux d’argent ne sont pas des jeux comme les autres, l’Autorité nationale des jeux a demandé à Harris interactive d’interroger des parents d’enfants âgés de dix à dix-sept ans sur leurs pratiques et l’opinion qu’ils en ont. Si les parents sont très conscients des risques de cette activité pour les mineurs, en pratique, leurs comportements semblent moins alignés. 41 % des parents déclarent avoir déjà proposé à leurs enfants de jouer ou de participer à un jeu d’argent, en moyenne à partir de leurs onze ans. Le jeu d’argent est aujourd’hui souvent offert aux enfants pour leur faire plaisir, notamment pour Noël ou leur anniversaire. Dans ce contexte, l’Autorité nationale des jeux et l’Union nationale des associations familiales viennent de signer une convention de partenariat pour alerter sur les dangers des jeux d’argent pour les mineurs et accompagner les parents vers des bonnes pratiques vis-à-vis de leurs enfants.

Une perception des risques très forte de la part des parents mais des pratiques qui existent

93 % des parents considèrent que les jeux d’argent sont une activité dangereuse pour les mineurs car ils estiment qu’ils peuvent entraîner des risques d’addiction. Cependant, seulement quatre parents sur dix (43 %) ont déjà évoqué ce sujet avec leurs enfants. Pourtant, l’imaginaire des gains associés aux jeux d’argent occupe une place importante au sein des familles avec 57 % des parents qui ont déjà évoqué avec leurs enfants ce qu’ils feraient s’ils gagnaient le gros lot.

« On partage autour de ce qu’on aimerait acheter avec l’argent si on gagne. »

Annabelle, quarante-deux ans, maman d’un ado de dix-sept ans

Des enfants demandeurs

Un quart des enfants ont demandé à leurs parents de jouer à un jeu d’argent.

S’ils sont minoritaires, 8 % des parents soupçonnent leurs enfants de jouer à des jeux d’argent dans leur dos (jeux de grattage, paris sportifs, jeux de loterie).

Des parents prescripteurs

41 % des parents affirment avoir déjà proposé à leurs enfants de jouer ou de participer à un jeu d’argent (54 % pour les parents étant eux-mêmes des joueurs). En moyenne, c’est lorsque leur enfant avait onze ans qu’ils lui ont fait cette proposition pour la première fois.

Pour entrer dans le détail des jeux

  • 38 % des parents ont déjà proposé à leurs enfants de jouer à des jeux de grattage ou de loterie ;
  • 9 % des parents ont déjà proposé à leurs enfants de jouer ou de donner leur avis sur des paris sportifs ;
  • 4 % des parents ont déjà proposé à leurs enfants de jouer ou de donner leur avis sur des paris hippiques.

Focus sur les jeux de grattage

Plus d’un Français sur trois (35 %) déclare avoir déjà proposé à son enfant de jouer à des jeux de grattage et ce chiffre atteint les 52 % chez les parents qui pratiquent eux-mêmes cette activité. C’est surtout de manière occasionnelle qu’ils proposent à leurs enfants d’y jouer mais il leur arrive d’offrir des jeux de grattage à leurs enfants en général pour leur faire plaisir (71 %), en guise de cadeau de Noël (30 %) ou d’anniversaire (23 %). L’habitude d’acheter un jeu à son enfant est d’autant plus forte quand les parents y jouent eux-mêmes. 70 % des parents qui s’achètent un jeu de grattage déclarent qu’il leur arrive par la même occasion d’en acheter un pour leurs enfants également.

« Quand je vais faire le marché, acheter le journal, je fais mon loto, je lui prends un jeu, c’est devenu une habitude. »

Jérôme, quarante-sept ans, deux enfants huit et quatorze ans

Focus sur les jeux de loterie

92 % des parents ayant proposé à leurs enfants de jouer à un jeu de loterie les ont sollicités pour choisir avec eux les numéros.

Des comportements à risque de la part de certains parents

Si la grande majorité des parents sont conscients des risques pour les mineurs des jeux d’argent, certains comportements minoritaires sont problématiques au regard de l’interdiction de vente aux mineurs qui s’applique aux jeux d’argent. En effet, quelques parents reconnaissent franchir les lignes rouges en demandant à leurs enfants d’acheter des jeux de grattage (7 % des parents et 14 % des parents qui jouent régulièrement à ces jeux) ou en leur ouvrant un compte sur un site de paris sportifs (19 % des parents ayant proposé à leurs enfants de jouer aux paris sportifs).

Pour Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de l’Autorité nationale des jeux :

« Les études montrent que plus le jeu d’argent est précoce, plus le risque d’addiction est grand. Avec l’enquête Harris, l’Autorité nationale des jeux souhaite inviter les parents à réfléchir à leurs pratiques et à se responsabiliser pour que le jeu reste récréatif et ludique. Et, s’ils ne devaient retenir qu’une chose, c’est que le jeu d’argent, ce n’est pas un jeu d’enfant ! »

Réaction de l’Union nationale des associations familiales à l’enquête ANJ/Harris :

« De son côté, l’Union nationale des associations familiales a mené une enquête qualitative auprès des parents pour mieux comprendre leur posture parentale vis-à-vis des jeux d’argent. La banalisation du jeu, la multiplicité de l’offre de jeux (très ludiques pour les enfants), l’attractivité de la publicité (notamment pour les ados et jeunes adultes), la transmission de fausses croyances et l’absence de certitudes sur les dangers ne permettent pas aux parents de prendre la mesure des risques réels. Le réseau des unions départementales des associations familiales, très impliqué dans l’accompagnement des familles, peut constater sur le terrain les dégâts de l’addiction aux jeux d’argent dans les familles : isolement social, surendettement, ruptures. C’est pourquoi l’Union nationale des associations familiales s’associe à l’Autorité nationale des jeux, tant pour apporter des conseils et des bonnes pratiques aux parents que pour rappeler et alerter sur les dangers des jeux d’argent pour les mineurs et appeler à un encadrement renforcé de l’offre de jeux et de leur publicité. »

Les conseils aux parents

  1. Comprendre : les ressorts du jeu, la récompense, l’addiction, les dangers
    • Rappelez-vous que le jeu d’argent n’est pas anodin, même s’il procure un sentiment d’amusement chez l’enfant. Cette activité ne doit pas être banalisée.
    • Méfiez-vous des fausses croyances du jeu. « L’enfant martingale » et la chance du débutant n’existent pas.
    • L’addiction au jeu d’argent est une réalité qui peut nuire gravement à la famille. Un joueur excessif c’est dix personnes de son entourage impactées et dix fois plus de risque que son enfant devienne joueur excessif [1].
  2. Dialoguer : expliquer, montrer l’exemple
    • Abordez avec votre enfant les dangers des jeux d’argent et expliquez-lui que ce ne sont pas des moyens pour gagner sa vie.
    • Soyez vigilant quant à vos émotions face aux jeux d’argent. Limitez vos pratiques en leur présence.
    • Réservez avec votre enfant des temps de jeu… sans argent.
  3. Protéger : interdire, trouver de l’aide
    • N’incitez pas votre enfant à jouer. Rappelez-lui que la vente de jeux d’argent est interdite aux mineurs.
    • Face à l’offre de jeu et aux messages publicitaires, partagez un esprit critique avec votre enfant.
    • Si vous constatez un risque de dérive de vos enfants et adolescents, consultez le site www.joueurs-info-service.fr.
L’Autorité nationale des jeux
L’ordonnance du 2 octobre 2019 réformant la régulation des jeux d’argent a mis en place la nouvelle autorité de régulation des jeux (ANJ) qui a succédé à l’ARJEL fin juin 2020 avec un territoire de régulation considérablement élargi et des pouvoirs renforcés. Elle est compétente sur toutes les composantes du marché des jeux d’argent : les paris sportifs et hippiques et le poker proposés par les quatorze opérateurs agréés, les jeux de la Française des Jeux ou du PMU vendus en points de vente physique ou en ligne, les 237 hippodromes et les 201 casinos et clubs de jeux parisiens, sauf pour les questions de lutte contre le blanchiment et de l’intégrité de l’offre des jeux.
L’Union nationale des associations familiales
L’Union nationale des associations familiales, institution engagée avec et pour les familles depuis 1945 est l’expert des réalités de vie des familles. Reconnue d’intérêt général, elle est le porte-parole officiel des familles auprès des pouvoirs publics. Elle représente et soutient les 18 millions de familles vivant sur le territoire français et défend leurs intérêts. Pluraliste, elle regroupe 70 mouvements familiaux et 6 500 associations familiales d’une grande diversité. Elle anime le réseau des unions départementales des associations familiales et URAF qui mènent des missions de représentation et de services aux familles dans chaque département et dans chaque région.
Rappel méthodologique
Enquête réalisée en ligne par Harris Interactive sur un échantillon de 2 038 personnes représentatif des Français parents d’enfants âgés de dix à dix-sept ans.
Note
  1. Dowling (Nicki A.), et alii, « The intergenerational transmission of problem gambling : The mediating role of parental psychopathology », Addictive Behaviors, Vol. 59, août 2016, pp. 12-17.

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