Question sur les stéréotypes de genre véhiculés par la littérature d’enfance et de jeunesse

Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Assemblée nationale », nº 43 A.N. (Q), 27 octobre 2020

Lagleize (Jean-Luc), question écrite nº 33307 au ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports sur les stéréotypes de genre véhiculés par la littérature d’enfance et de jeunesse [Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Assemblée nationale », nº 43 A.N. (Q), 27 octobre 2020, pp. 7389-7390].

Jean-Luc Lagleize (© Antoine Lamielle)

Jean-Luc Lagleize (© Antoine Lamielle)

M. Jean-Luc Lagleize appelle l’attention de M. le ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports sur les stéréotypes de genre véhiculés par la littérature d’enfance et de jeunesse. L’éducation est un vecteur de construction des valeurs, particulièrement au cours de la petite enfance, qui est une période cruciale dans l’apprentissage et la construction de la représentation du monde. Les enfants en bas âge utilisent particulièrement la littérature d’enfance et de jeunesse pour apprendre à lire, tant à l’école qu’à la maison. Malgré une évolution positive ces dernières années en matière d’égalité, rendue possible par des travaux de recherche et par la mobilisation des acteurs associatifs, les livres utilisés à l’école, manuels et programmes scolaires, restent fortement prisonniers des stéréotypes de genre. La littérature d’enfance et de jeunesse, à travers le prisme du genre, véhicule de nombreux préjugés sexistes et inégalitaires. Les femmes et les hommes sont souvent représentés comme ayant naturellement ou a priori des caractéristiques distinctes, ce qui les conduirait à occuper des rôles sociaux et professionnels très différents et inégalitaires. Par exemple, les filles y sont majoritairement passives, douces et fragiles, et les garçons courageux, forts et compétitifs. Les métiers présentés aux enfants sont souvent stéréotypés et ne reflètent pas la réalité du marché du travail puisque les professions occupées, les responsabilités exercées et les secteurs investis par les unes et les autres y sont encore clivés. Les filles sont le plus souvent infirmières, maîtresses d’école ou femmes au foyer tandis que les garçons ont des rôles sociaux plus variés : astronautes, pilotes, gendarmes, etc. De même, les figures féminines sont moins nombreuses dans ces livres que les figures masculines. Cette représentation construit ainsi une image de la société souvent plus caricaturale que la réalité. Dans ce contexte, la littérature d’enfance et de jeunesse ne semble pas remplir pleinement ses objectifs. Alors que l’ensemble de la communauté éducative – enseignants, personnels administratifs, éditeurs, familles – doit contribuer davantage à l’égalité entre les filles et les garçons et se mobiliser au service de la transmission d’une égalité des chances, il est indispensable qu’elle puisse s’appuyer sur des formations et des outils efficaces. Or la littérature pourrait justement être cet outil de lutte contre les stéréotypes. La littérature jeunesse permet en effet le développement de la subjectivité, de l’imaginaire et peut être un excellent support d’identification et de découverte. Il l’interroge donc sur les actions que compte mettre en œuvre le Gouvernement pour lutter contre les stéréotypes de genre véhiculés par la littérature d’enfance et de jeunesse et pour favoriser l’égalité filles-garçons dans les espaces publics.


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