Question sur la surconsommation de sucre par les enfants

Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 31 S (Q), 30 juillet 2020

Pérol-Dumont (Marie-Françoise), question écrite nº 13255 à la ministre des solidarités et de la santé sur la surconsommation de sucre par les enfants [Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 47 S (Q), 28 novembre 2019, p. 5886].

Marie-Françoise Pérol-Dumont (© D.R.)

Marie-Françoise Pérol-Dumont (© D.R.)

Mme Marie-Françoise Pérol-Dumont attire l’attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur la surconsommation de sucre par les enfants.

L’agence nationale de sécurité sanitaire et de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a publié un rapport le 25 juin 2019 sur l’apport excessif de sucre chez les enfants. Celui-ci indique que 75 % des enfants de 4 à 7 ans et 60 % de ceux entre 8 et 12 ans en consommeraient de façon excessive. Cette situation s’explique, pour partie, par la consommation régulière de gâteaux-biscuits et de jus de fruits industriels, alors que ces aliments sont le plus souvent jugés trop sucrés par les associations de consommateurs.

Au moment où les scientifiques confirment que la surconsommation de sucre favorise notamment l’obésité et le diabète, elle lui demande quelles mesures elle compte prendre face à cet enjeu de santé publique.


Réponse du ministère des solidarités et de la santé publiée dans le Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 31 S (Q), 30 juillet 2020, p. 3390.

Olivier Véran (© D.R.)

Olivier Véran (© D.R.)

Les effets sur la santé d’une consommation excessive de sucres sont aujourd’hui connus. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), dans son rapport de 2016 « Actualisation des repères du Programme national nutrition santé (PNNS) : établissement de recommandations d’apport de sucres », souligne que la consommation de sucres au-delà d’une certaine quantité, plus particulièrement sous forme de boissons, augmente le risque de surpoids, d’obésité, de troubles métaboliques (hypertriglycéridémie, diabète), de maladies cardiovasculaires et de certains cancers. Ces maladies constituent des enjeux majeurs de santé publique. L’Organisation mondiale de la santé recommande de réduire l’apport en sucres libres à moins de 10 % et si possible 5 % de la ration énergétique totale. L’ANSES recommande de ne pas consommer plus de 100 g de sucres totaux (intrinsèques ou ajoutés) par jour et pas plus d’une boisson sucrée. D’après les résultats de l’étude INCA 3 (ANSES) chez les enfants de moins de 10 ans, le groupe des viennoiseries, pâtisseries, gâteaux et biscuits sucrés contribue à hauteur de 16 % des apports en sucres, les boissons sucrées et les confiseries/chocolats à hauteur de 7 % chacun. Chez les adolescents de 11-17 ans, les mêmes groupes contribuent respectivement à 16 %, 11 %, et 10 % des apports en sucres totaux (soit 37 % des apports en sucres provenant de ces trois groupes). Le PNNS a fixé des repères nutritionnels qui visent à promouvoir une alimentation et une activité physique favorables à la santé. Ces repères conduisent à recommander de favoriser certaines catégories d’aliments et boissons et d’en limiter d’autres. L’ANSES a publié en 2019 des avis d’expertise sur la nutrition des populations spécifiques notamment les enfants de 4 à 17 ans, et propose des repères alimentaires adaptés à leurs spécificités. Chez les enfants à partir de 4 ans, l’ANSES alerte sur les apports excessifs en sucres en particulier chez les plus petits : c’est le cas pour 75 % des 4-7 ans. Elle met l’accent sur deux leviers prioritaires : les boissons sucrées et les pâtisseries-biscuits-gâteaux, fréquemment proposés au moment du goûter. Elle attire l’attention sur la nécessité de réduire les sucres ajoutés présents dans de nombreux produits transformés et souligne l’intérêt des préparations faites maison qui permettent de mieux prendre conscience des apports en sucres et de les contrôler. Cet avis scientifique de l’ANSES ainsi que l’avis du Haut conseil de la santé publique (HCSP) dont la publication est prévue au troisième trimestre 2020 serviront à l’élaboration et la diffusion par Santé publique France dès 2021 des repères de consommation alimentaires actualisés du PNNS pour les jeunes enfants et permettront de redéployer les stratégies de communication et d’information sur ce sujet. Il s’agit d’une mesure phare du Programme National Nutrition Santé 4 lancé par la ministre des solidarités et de la santé le 20 septembre 2019, qui a pour objectif d’améliorer l’état de santé de la population en agissant sur l’un de ses déterminants majeurs qu’est la nutrition. Le PNNS 4 vise particulièrement à la mise en œuvre de mesures de prévention concernant les enfants, de la période prénatale à l’adolescence, qui constituent une cible prioritaire car les comportements acquis dans l’enfance persistent le plus souvent à l’âge adulte. Pour cela, il vise notamment à accompagner chacun pour faciliter les choix alimentaires, à inciter les acteurs économiques qui élaborent les aliments et les commercialisent à améliorer leurs recettes en diminuant le sucre mais également le sel et le gras et en augmentant les fibres, à mettre à disposition de tous une information claire, facilement interprétable et transparente, en particulier via le déploiement du Nutri-Score, et à protéger les enfants et les adolescents d’une exposition à la publicité pour des aliments et boissons non recommandés.


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