Question sur les difficultés d’accès à l’interruption volontaire de grossesse pendant la crise sanitaire

Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 17 S (Q), 23 avril 2020

Filleul (Martine), question écrite nº 15581 à la secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations sur les difficultés d’accès à l’interruption volontaire de grossesse pendant la crise sanitaire [Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 17 S (Q), 23 avril 2020, p. 1896].

Martine Filleul (© Philippe Houze)

Martine Filleul (© Philippe Houze)

Mme Martine Filleul attire l’attention de Mme la secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, sur les difficultés d’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) pendant la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19.

L’IVG est un soin urgent. Forcer une femme à continuer une grossesse qu’elle ne désire pas est une violence faite à son encontre. En France, son accès est possible à ce jour jusqu’à la fin de la douzième semaine de grossesse.

Mais dans le contexte actuel, les femmes rencontrent des difficultés à y recourir.

À la peur de sortir et d’être contaminée, s’ajoute celle d’être contrôlée par les forces de l’ordre lors de leurs déplacements et de devoir les justifier.

Le sentiment de solitude de ces femmes est aggravé, les grossesses non désirées sont plus pesantes pendant le confinement, et leur culpabilité est décuplée car elles s’en veulent d’occuper les soignants pour cet acte alors que la crise est grave.

Les conditions d’accès sont accrues pour les mineures, notamment pour se déplacer ou acheter des tests de grossesse, et pour les personnes souhaitant la confidentialité.

Les délais d’accès à l’IVG sont allongés et des difficultés de prise en charge apparaissent, notamment en raison de la fermeture de certaines structures, ou du manque de places.

Enfin, plusieurs femmes ayant dépassé ce délai et ne souhaitant pas poursuivre leur grossesse se rendent à l’étranger, notamment en Espagne, en Angleterre ou aux Pays-Bas où les délais légaux sont plus longs.

Si les mesures restreignant la libre circulation dans l’espace Schengen sont justifiées et compréhensibles pour limiter la propagation du virus, elles engendrent des difficultés pour ces femmes souhaitant accéder à l’avortement dans les pays européens voisins.

En effet, il est avéré que ces femmes prendront des risques pour leur santé afin d’obtenir ce qu’elles souhaitent, au risque de rajouter des urgences pour les services hospitaliers français.

Elle lui demande quelles mesures le Gouvernement compte prendre afin de rendre effectif l’accès à l’IVG en cette période et que toutes les femmes, quelle que soit leur situation administrative, puissent se rendre à l’étranger, et en revenir une fois l’IVG réalisée.


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