Question sur la sensibilisation des jeunes à l’usage des écrans

Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 13 S (Q), 26 mars 2020

Jean-Raymond Hugonet (© D.R.)

Jean-Raymond Hugonet (© D.R.)

Hugonet (Jean-Raymond), Question écrite nº 12203 au ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse sur la sensibilisation des jeunes à l’usage des écrans [Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 37 S (Q), 19 septembre 2019, p. 4729].

M. Jean-Raymond Hugonet attire l’attention de M. le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse sur la sensibilisation des jeunes à l’usage des écrans. Selon différentes études, on constate un nombre croissant d’élèves de primaire et de collégiens qui accèdent régulièrement à un écran, que ce soit un ordinateur, un téléphone, une tablette, une console de jeu ou encore la télévision dans leur chambre. Bien souvent, le contrôle effectué par les parents se limite sur la durée d’utilisation et non sur le contenu des informations accessibles ou jeux utilisés. Les enseignants et professionnels de santé confirment le lien direct entre le temps passé devant les écrans et la dégradation des résultats scolaires. Le corollaire de ce phénomène est la diminution de la durée de sommeil. De plus, il faut regretter l’accès croissant des jeunes à des jeux vidéo non adaptés à leur âge. Si ces phénomènes relèvent avant tout de l’éducation au sein du cercle familial, l’éducation nationale peut jouer un rôle de sensibilisation et d’accompagnement dans l’éducation des jeunes au bon usage du numérique. C’est la raison pour laquelle, il souhaite connaître les mesures qu’il a prises pour encourager le développement des initiatives en la matière.


Réponse du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse publiée dans le Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 13 S (Q), 26 mars 2020, pp. 1469-1470.

Jean-Michel Blanquer (© Jérémy Barande)

Jean-Michel Blanquer (© Jérémy Barande)

La prévention des mésusages des outils numériques en milieu scolaire s’inscrit dans le cadre de l’article L. 312.9 du code de l’éducation, du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, de l’élaboration d’un nouveau cadre de référence des compétences numériques et, plus globalement, dans le cadre de l’éducation aux outils numériques et de l’éducation aux médias et à l’information (EMI) de l’école au lycée. Les actions mises en œuvre par l’éducation nationale sur la prévention des mésusages du numérique recouvrent deux enjeux : d’une part, un enjeu d’éducation à la citoyenneté pour un usage raisonné et éclairé des outils numériques et, d’autre part, un enjeu de promotion de la santé pour un usage équilibré et adapté en termes de temps, d’objectifs et de contenus des outils numériques. Attentive aux recommandations publiées par les académies des sciences, de médecine et des technologies en 2013 (L’enfant et les écrans) et en avril 2019 (L’enfant, l’adolescent, la famille et les écrans – appel à une vigilance raisonnée sur les technologies numériques) ainsi qu’aux recherches menées sur le sujet, la politique éducative mise en œuvre par le ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse est élaborée autour de trois axes fondamentaux. Le premier axe en appelle au discernement qu’il convient de porter à l’égard des technologies qui sont source d’opportunités pédagogiques et éducatives mais également de risques (trouble du sommeil et de la concentration, cyber-harcèlement, etc.). À ce titre, l’éducation aux médias et à l’information (EMI), mise en œuvre de façon adaptée et progressive à tous les niveaux de la scolarité de l’élève, est intégrée de manière transversale dans les différentes disciplines et s’inscrit lisiblement dans le socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Elle vise la possibilité d’un usage sécurisé des médias au quotidien, encourageant les pratiques de collaboration et d’échange entre élèves et avec les équipes éducatives au sein d’environnements d’apprentissage stimulants et adaptés. Par ailleurs, les compétences numériques des élèves de la maternelle à l’université font l’objet d’un nouveau référentiel qui conforte la place du numérique dans les enseignements et les pratiques éducatives (https://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=145589). En outre, cette éducation s’inscrit plus globalement dans la promotion de la santé en milieu scolaire que l’éducation nationale renforce dans le cadre de la stratégie nationale de santé (SNS, 2018-2022) en impulsant le concept de l’école promotrice de santé – aller bien pour mieux apprendre – au cours du premier semestre de l’année 2019-2020. Il s’agit d’inscrire dans les projets d’école ou d’établissement des actions et des projets impliquant l’ensemble de la communauté éducative et les élèves. À titre d’exemple, l’articulation entre la surexposition aux écrans et éducation à l’alimentation peut donner lieu à des actions pédagogiques sur la promotion de l’activité physique et sportive, ou encore à la mise en œuvre d’activités sur la démarche critique à adopter envers les contenus publicitaires. En outre, la décision du ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse d’interdire l’utilisation non pédagogique du téléphone portable ou de tout autre équipement terminal de communications électroniques à l’école et au collège depuis la rentrée 2018 vise notamment à lutter contre le phénomène de cyber-harcèlement. Cette mesure s’accompagne d’une éducation à un usage responsable des outils numériques contribuant au développement de l’esprit critique et à l’apprentissage d’une citoyenneté numérique. Le deuxième axe de cette politique éducative concerne la parentalité. Rendre positive, raisonnée et éclairée la relation des enfants et adolescents aux technologies numériques est l’affaire de l’ensemble de la communauté éducative. Si l’école n’a pas vocation à se substituer à l’autorité parentale, les équipes éducatives, sociales et de santé collaborent étroitement avec les parents d’élèves en mettant notamment à leur disposition des informations et des outils tels que la mallette des parents ou le guide intitulé La famille Tout-Écran réalisé par le centre pour l’éducation aux médias et à l’information (CLEMI). Les conseils proposés s’adossent notamment aux repères 3 – 6 – 9 – 12 ans formulés par Serge Tisseron qui correspondent à quatre temps de la vie scolaire de l’élève : l’entrée en maternelle, l’entrée en CP (cours préparatoire), la maîtrise de l’écriture et de la lecture, et le passage en collège. Le troisième et dernier axe concerne l’interaction et l’implication de l’élève dans cette éducation. L’apprentissage par l’enfant de pratiques favorables à sa santé s’inscrit dans une démarche globale et positive de promotion de la santé qui s’appuie sur le développement des compétences psychosociales en lien étroit avec le socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Toute action éducative et tout programme pédagogique déployés dans ce cadre a pour objectif de permettre aux élèves de comprendre et d’utiliser les médias avec raison, autonomie et responsabilité.


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