Question sur le lent déclin des langues anciennes et les conditions d’ouverture d’une spécialité éponyme au lycée

Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 12 S (Q), 19 mars 2020

Dumas (Catherine), Question écrite nº 10924 au ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse sur le lent déclin des langues anciennes et les conditions d’ouverture d’une spécialité éponyme au lycée [Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 25 S (Q), 20 juin 2019, p. 3157].

Catherine Dumas (© D.R.)

Catherine Dumas (© D.R.)

Mme Catherine Dumas attire l’attention de M. le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse sur le lent déclin des langues anciennes et les conditions d’ouverture d’une spécialité éponyme au lycée.

Elle constate que, depuis dix ans, le nombre de professeurs de langues et littératures anciennes a baissé d’environ 15 %. À l’université, il aurait été divisé « par deux ou trois » au cours de ces dernières années. Un phénomène qui inquiète les professeurs sur l’avenir de leur filière. Elle souligne que la réforme du lycée doit faire naître, en septembre 2019, un enseignement de spécialité « littérature, langues et cultures de l’Antiquité », avec 4 heures de cours en première et 6 heures de cours en terminale. Elle souhaite donc savoir si les effectifs enseignants en lettres classiques seront suffisants pour permettre l’ouverture de cette filière dans suffisamment d’établissements sur tout le territoire et souhaite connaitre le nombre d’établissements qui proposeront ce cursus à la prochaine rentrée.


Réponse du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse publiée dans le Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 12 S (Q), 19 mars 2020, pp. 1356-1357.

Jean-Michel Blanquer (© Jérémy Barande)

Jean-Michel Blanquer (© Jérémy Barande)

Le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse est particulièrement attaché à la préservation et à la consolidation de l’enseignement des langues et cultures de l’Antiquité en lycée. Celles-ci constituent en effet un apport essentiel pour la connaissance des racines culturelles de notre civilisation. La réforme du lycée général et technologique et du baccalauréat, qui s’applique en classe de seconde et en classe de première à compter de la rentrée 2019 et en classe de terminale à compter de la rentrée 2020, prend largement en compte cette dimension. La disparition des séries générales vise à limiter les effets d’une trop grande hiérarchisation entre les filières, et à permettre aux élèves de se construire progressivement des profils d’études plus pertinents par rapport à leur choix et plus adaptés aux formations de l’enseignement supérieur, sans pour autant les enfermer dans des choix irréversibles. Cette nouvelle organisation intègre les profils « littéraires ». S’agissant plus particulièrement des langues et cultures de l’Antiquité (latin et grec), celles-ci conservent toute leur place dans l’architecture des enseignements en lycée. Elles peuvent en effet être choisies à deux titres : soit en tant qu’enseignement de spécialité dans le cadre de la spécialité « littérature et langues et cultures de l’Antiquité » (LLCA) avec un horaire de 4 heures hebdomadaires en classe de première et de 6 heures en classe de terminale ; soit comme enseignement optionnel avec un statut à part : en classe de première, l’élève peut choisir le cas échéant deux options de LCA en plus d’un autre enseignement optionnel offert aux élèves ; en classe de terminale, le latin et le grec peuvent être suivis le cas échéant en plus des deux enseignements optionnels proposés aux élèves. Les langues et cultures de l’Antiquité choisies en enseignement de spécialité feront l’objet d’une évaluation terminale écrite au même titre que le français et la philosophie, épreuves à caractère « universel » présentes à la fois dans les voies générale et technologique. Une épreuve orale terminale adossée aux enseignements de spécialité choisis par le candidat doit permettre de mettre en valeur sa capacité à présenter un projet travaillé préalablement en classe, de manière collective ou individuelle. Cet oral comprendra, outre une présentation du projet lui-même, un échange avec le jury destiné à évaluer l’aptitude des élèves à mobiliser les connaissances acquises, leurs aptitudes au raisonnement et leur capacité à conduire et à défendre un projet. Les élèves seront ainsi mieux préparés à la poursuite d’études supérieures, la nouvelle épreuve permettant de mobiliser des compétences attendues dans la plupart des formations du premier cycle de l’enseignement supérieur. S’agissant des enseignements optionnels de latin et de grec, ils seront valorisés spécifiquement à l’examen du baccalauréat à partir de la session 2021 : si l’évaluation de l’élève pour chaque enseignement optionnel de langues et cultures de l’Antiquité est supérieure à la note de 10/20, les points supérieurs à 10 sont affectés d’un coefficient 3 et s’ajoutent à la somme des points obtenus par le candidat à l’examen. Il convient d’ajouter que les modifications dans la structure des enseignements s’accompagnent d’une rénovation des contenus de programmes publiés pour les classes de seconde et de première au BOEN (bulletin officiel de l’éducation nationale) spécial nº 1 du 22 janvier 2019, et pour la classe de terminale au BOEN spécial nº 8 du 25 juillet 2019. L’ensemble de ces dispositions nouvelles portent déjà ses fruits. Si pour le latin et le grec, les effectifs de l’enseignement de spécialité LCA actuel (uniquement en filière L) sont faibles (416 candidats en latin en terminale, 60 en grec en 2017-2018) et que cet enseignement est proposé dans seulement 12 % des lycées généraux et technologiques, le nouvel enseignement de spécialité LLCA pour la rentrée 2019 en classe de première a été choisi par davantage d’élèves (1 092 en latin, 217 en grec), et est proposé dans 19 % des lycées généraux et technologiques. Avec plus de 42 000 professeurs, les professeurs de lettres représentent un poids relativement stable depuis 2010 (11 % des effectifs des professeurs du second degré public). La part des lettres modernes s’accroît depuis ces dernières années : 83 % des effectifs sont en lettres modernes (contre 78,5 % en octobre 2010), 17 % en lettres classiques. Environ 20 % des professeurs de lettres partagent leur service sur les deux disciplines. Les volumes de recrutement de professeurs de lettres classiques restent suffisamment élevés et la couverture du besoin des besoins d’enseignement des académies globalement satisfaisante pour permettre un recours limité aux contractuels dans la discipline et répondre aux enjeux de la réforme du lycée et du baccalauréat.


Faire un don

Totalement indépendant, ne bénéficiant à ce jour d’aucune subvention publique et ne vivant que de la générosité privée, P@ternet a besoin du soutien de ses lecteurs pour continuer, et se développer. Si cet article vous a intéressé, vous pouvez soutenir P@ternet grâce à un don ponctuel en cliquant sur l’image ci-dessous.

helloasso

Laissez un commentaire (respectez les règles exposées dans la rubrique “À propos”)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.