Question sur le planning familial et le sexisme

Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 9 S (Q), 27 février 2020

Guérini (Jean-Noël), Question écrite nº 11829 à la secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations sur le planning familial et le sexisme [Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 31 S (Q), 1er août 2019, p. 4078].

Jean-Noël Guérini (© Jan Drewes)

Jean-Noël Guérini (© Jan Drewes)

M. Jean-Noël Guérini appelle l’attention de Mme la secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, sur les surprenantes prises de position du mouvement français pour le planning familial.

Déjà, en septembre 2018, le planning familial des Bouches-du-Rhône avait publié sur sa page Facebook des contenus et des commentaires relativistes inadmissibles, allant jusqu’à refuser de condamner explicitement l’excision, pourtant interdite et punie par la loi, au nom du « libre choix de chacun·e ».

Le 11 juillet 2019, c’est le planning familial de l’Isère qui a diffusé un communiqué de presse défendant le port du burkini dans les piscines au motif de lutter contre « une discrimination et une stigmatisation à l’encontre d’un groupe de personnes spécifique. La question du maillot de bain et la polémique médiatique montre bien la double oppression que subissent les femmes musulmanes du fait d’islamophobie et du contrôle patriarcal sur les corps. » Par une étrange inversion des valeurs, cela revient à défendre le port d’un vêtement de bain pourtant, de fait, discriminant et sexiste, puisqu’il s’impose aux seules femmes. Cela revient également à assigner toutes les « femmes musulmanes » à une tenue qui n’est pas celle de la majorité d’entre elles.

C’est pourquoi il aimerait connaître sa position sur des messages d’autant plus choquants qu’ils émanent d’un mouvement qui fait partie des associations agréées par l’éducation nationale pour intervenir lors des journées d’éducation à la sexualité à l’école et qui est censé œuvrer en faveur de l’émancipation des femmes et lutter contre le sexisme.


Réponse du Secrétariat d’État auprès du Premier ministre, chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations publiée dans le Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 9 S (Q), 27 février 2020, p. 1042.

Marlène Schiappa (© D.R.)

Marlène Schiappa (© D.R.)

Le Mouvement français pour le planning familial (MFPF) mène un travail essentiel dans le champ des droits des femmes et de la politique familiale. À ce titre, il développe des actions et une expertise en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Il met, notamment, en œuvre des actions en faveur de la promotion d’une éducation non sexiste, d’une éducation à la sexualité dans son acception la plus large. Enfin, il est incontournable sur les questions relatives à la santé sexuelle des femmes dont l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et à la contraception. Au niveau national, la Confédération du MFPF est financée par le secrétariat d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes à hauteur de 272 000 euros, sachant qu’une nouvelle convention pluriannuelle d’objectifs est en cours d’élaboration pour 2020-2022. Ses lieux d’accueil sont ouverts à toutes les femmes, sans discrimination, distinction et jugement de valeur. En effet, le MFPF lutte contre toutes les formes d’exclusion et d’inégalités sociales avec pour objectif l’égal accès de toutes les personnes aux mêmes droits, à la santé sexuelle, à l’autonomie et à l’émancipation. S’agissant de la prise de position du Planning familial de l’Isère, celle-ci ne remet pas en cause l’engagement du MFPF en faveur des valeurs féministes et laïques de l’État. Le ministère en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations a d’ailleurs organisé une réunion avec la confédération du MFPF en octobre 2019, afin de s’en assurer. Dans ce cadre, il lui a été rappelé que s’il n’appartenait pas au Gouvernement de trancher des débats internes à une association, il lui revenait d’apporter toutes les garanties nécessaires sur ces sujets majeurs, et ce, sur l’ensemble du territoire, tout en sachant que l’État ne transigerait pas sur la laïcité. La ministre a, par ailleurs, mis en place une charte de la laïcité à destination des associations, l’objectif est de garantir l’application du principe de laïcité – qui est un principe juridique, politique et philosophique –, les lois de la République et d’assurer un caractère universel aux droits des femmes.


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