Revue de presse du 10 juillet 2019

Revue de presse







Document d’études, nº 234, 10 juillet 2019La concentration du temps partiel dans les métiers féminisés et la « ségrégation professionnelle » entre les femmes et les hommes questionnent sur les rôles respectifs des facteurs liés à la demande et à l’offre de travail. Les femmes et les hommes exercent-ils des métiers différents en raison de leurs préférences et attitudes différenciées ou plutôt en raison de mécanismes de sélection sur le marché du travail ? Les femmes exercent-elles de façon privilégiée certaines professions parce qu’elles leur offrent la possibilité de travailler à temps partiel ou est-ce plutôt parce que les femmes exercent majoritairement certaines professions que le temps partiel y est plus répandu ?

L’exploitation des enquêtes Emploi de l’Institut national de la statistique et des études économiques de 2013 à 2016 atteste d’une « ségrégation » sexuée importante en France : plus d’une femme sur quatre devrait échanger sa profession avec un homme pour parvenir à une distribution équilibrée de chaque sexe dans les différents métiers. Le temps partiel est par ailleurs davantage répandu dans les métiers féminisés ou mixtes et moins dans les métiers masculinisés. S’ils exercent un métier à prédominance masculine, les femmes et les hommes sont moins souvent à temps partiel choisi ou contraint. S’ils exercent un métier à prédominance féminine, les femmes et hommes employés et ouvriers sont plus souvent à temps partiel choisi ou contraint. Dans ces métiers, les femmes cadres et professions intermédiaires sont plus souvent à temps partiel par choix et moins souvent à temps partiel contraint, comme leurs homologues masculins.

Le choix d’être à temps partiel et l’exposition au temps partiel contraint sont en outre plus importants pour certaines catégories de population. En particulier, les femmes avec enfants, les plus de cinquante ans et les salariés de petites entreprises sont plus souvent à temps partiel choisi ou contraint qu’à temps complet. Les étrangers et les peu diplômés sont davantage à temps partiel contraint.

Les différences d’exposition et de recours au temps partiel des travailleurs – indépendamment de leur sexe – selon le caractère sexué des métiers qu’ils exercent suggèrent des organisations du temps de travail différentes, se référant plutôt à une norme de temps complet dans les métiers masculinisés et à une norme de temps partiel dans les métiers féminisés. Celles-ci peuvent se justifier par la nature des activités exercées, mais aussi résulter de pratiques professionnelles implicites ou d’une gestion de la main-d’œuvre différenciées selon le sexe numériquement dominant dans le métier.


  • Clément (Jean-Loup), « Le don de gamètes n’engage pas son auteur au-delà de son acte », Le Monde, nº 23171, 11 juillet 2019, p. 27.

  • Collectif, « Collective Memo of Concern to: World Health Organization [about “Parental Alienation”] », 10 juillet 2019.

Version actualisée du document du 13 mai dernier (voir notre revue de presse du jour).


Égalité femmes-hommes : levons les freins !

Organe officiel de propagande féministe de la région Île-de-France, le Centre Hubertine Auclert a été à l’initiative d’un colloque sur le thème « Égalité femmes-hommes : levons les freins ! », qui s’est tenu à Paris le 3 décembre 2018. Les actes en ont été publiés aujourd’hui.

On lira avec un intérêt particulier l’article de Gwénola Sueur, « L’argumentation des groupes de pères séparés et divorcés renforce-t-elle le pouvoir et le contrôle sur les femmes ? » (pp. 12-20), petit monument de complotisme à la sauce féministe. Ancienne militante du défunt groupuscule SOS les Mamans et co-fondatrice du Réseau international des mères en luttes, l’auteur·e 😀 est aussi une de nos grandes lectrices et nous cite à plusieurs reprises (mais bien moins qu’elle n’aurait dû le faire…).


Étude nationale sur les morts violentes au sein du couple 2018La Délégation aux victimes du ministère de l’intérieur produit depuis 2006 une étude nationale sur les morts violentes au sein du couple, recensées sur une année civile. Il ressort de celle publiée aujourd’hui que 149 personnes sont décédées sous les coups de leur partenaire ou ex-partenaire en 2018 (contre 151 en 2017 et 157 en 2016), parmi lesquelles on dénombre 121 femmes (contre 130 en 2017) et 28 hommes (contre 21 en 2017). Un décès criminel survient ainsi en moyenne tous les deux jours et demi au sein du couple et, comme chacun sait, une femme décède sous les coups de son (ex-)partenaire tous les trois jours. L’étude précise entre autres les circonstances du passage à l’acte :

  • l’auteur des faits est le plus souvent un homme (79,2 % des cas), ayant fait usage d’une arme (67,8 % des cas, arme blanche dans plus de 50 % des cas) ;
  • 40 % des auteurs se sont suicidés ou ont tenté de le faire à l’issue de la commission des faits ;
  • les auteurs les plus impliqués appartiennent à la tranche d’âge des 30-49 ans – on compte néanmoins 31 auteurs et 32 victimes de plus de soixante-dix ans ;
  • 47,7 % des décès sont survenus au sein de couples mariés ;
  • les faits sont le plus souvent commis au sein d’un domicile (83,2 % des cas), que ce soit celui du couple ou de l’un de ses membres ;
  • les personnes sans activité professionnelle (chômeur, retraité ou sans emploi) sont les plus touchées (71,8 % des auteurs et 63,1 % des victimes) – ce qui constitue une surreprésentation massive au regard de l’ensemble de la population ;
  • les statistiques mettent en avant que la violence était déjà présente dans la majorité des cas ;
  • ces homicide sont très majoritairement (dans plus de 80 % des cas) des meurtres (sans préméditation) et non des assassinats (avec préméditation) ;
  • près de 70 % des meurtres sont liés à un contexte de séparation (annoncée ou réalisée) ou à une dispute ;
  • des mineurs ont également été tués dans trois cas d’homicide au sein du couple, et seize infanticides ont été commis dans le cadre de conflits conjugaux sans que l’un des parents ne soit victime ;
  • l’auteur ou la victime étaient sous l’effet d’alcool, de médicaments psychotropes ou de stupéfiants dans 54,6 % des homicides : la présence d’alcool dans le sang au moment de la commission du crime a été constatée dans 29,5 % des cas, les deux membres du couple étaient alcoolisés au moment des faits dans 18,8 % des cas et la présence de stupéfiants a été constatée dans 12,1 % des cas.

Une comparaison précise avec les années précédentes est malaisée puisque la définition « légale » du couple retenue pour cette étude a été modifiée par l’article 13 de la loi nº 2018-703 du 3 août 2018, lequel a supprimé la condition de cohabitation dans les circonstances aggravantes énumérées à l’article 132-80 du code pénal – ce même article visait déjà « l’ancien conjoint, l’ancien concubin ou l’ancien partenaire lié à la victime par un pacte civil de solidarité », de sorte que la notion de couple revêt un caractère d’intemporalité propice à toutes les manipulations statistiques. En l’espèce, l’étude publiée aujourd’hui précise que « cette année, on recense 15 homicides survenus au sein de relations non suivies ou de couples illégitimes » (p. 15), qui n’auraient pas été pris en considération auparavant.

Le fait majeur – mais qui risque fort de ne pas être relevé par les médias mainstream – est cependant la baisse du nombre de femmes tuées, laquelle confirme la tendance constatée depuis la première publication de cette étude pour l’année 2006 (voir l’article de Laurent Puech signalé dans notre revue de presse du 27 février dernier). Il faut d’ailleurs relever que trois femmes ont été tuées en 2018 par leur (ex-)compagne au sein d’un couple homosexuel, de sorte que 118 femmes « seulement » ont été tuées par leur (ex-)compagnon, contre 130 en 2017 – aucun homicide n’a été relevé au sein d’un couple homosexuel masculin en 2018, contre 1 en 2017.

A contrario, on constate une nette augmentation du nombre d’hommes tués : 29, contre 16 en 2017…

Il convient enfin de faire remarquer d’autres limites de cette étude, ainsi que des précédentes : outre que les personnes non-binaires – auteurs ou victimes – risquent fort de ne pas s’y reconnaître, ne sont pas comptabilisés les suicides provoqués par le comportement du partenaire, non plus que les assassinats commandités (souvent par des femmes) pour faire disparaître un (ex-)partenaire devenu indésirable.





Invités : Christian Flavigny (pédopsychiatre et psychanalyste), Ludovine de La Rochère (présidente de La Manif pour Tous), Adeline Le Gouvello (avocate, membre des Juristes pour l’enfance), Caroline Roux (déléguée générale adjointe d’Alliance Vita).



  • Mecary (Caroline), « Priorité aux droits de l’enfant », Le Monde, nº 23171, 11 juillet 2019, p. 28.

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